Imprimer

Auteur : Ildikó Jozan; Traduction : Anikó Ádám

 

1.1. Cadre général introductif

1.1.1. Quel est le premier texte traduit ?

Oraison funèbre et imploration (vers 1150) [Halotti beszéd és könyörgés] est la première relique d’un texte suivi en hongrois : traduction d’un texte latin liturgique. Elle s’intègre dans le Manuscrit Pray contenant des textes latins. Cette partie du manuscrit a été copiée entre 1192 et 1195, mais l’écriture hongroise se trouve déjà dans l’exemplaire original. La datation est justifiée aussi par l’état langagier du document.

1.1.2. À quelle époque commence-t-on à traduire les textes religieux dans votre langue ?

D’après les hypothèses actuelles, des traductions se réalisent régulièrement en Hongrie avant même la formation de la culture écrite : lors des sermons, les textes latins doivent être formulés aussi oralement en hongrois par les prêtres.  Une grande partie des traductions enregistrées dans les manuscrits médiévaux s’est fixée pendant l’usage oral, or la traduction est antérieure à son enregistrement par écrit.

On connaît quelques traces fragmentaires des premières traductions écrites des textes religieux à partir des XIIe et XIVe siècles (Plaintes de Marie en ancien hongrois [Ómagyar Mária-siralom], Lignes de Gyulafehérvár [Gyulafehérvári sorok], etc.), mais ce ne sont que de brefs textes liturgiques de quelques lignes, notés en hongrois dans des manuscrits latins. Les premiers textes hongrois plus longs émergent au XVe siècle. La culture écrite ayant un lien avec la vie de tous les jours débute dans les années 1480. On copie vers 1440 le Manuscrit Jókai qui contient la légende de Saint François d’Assise, et qui est le livre le plus ancien écrit en hongrois. Le traducteur devait être un moine franciscain et il a probablement compilé et traduit le texte à partir d’un ouvrage latin dans le dernier quart du XIVe siècle. Un livre d’heures en hongrois (le Manuscrit Festetics, 1492-1494) contient des traductions hongroises de sept psaumes pénitentiaux de Pétrarque. Le traducteur rend fidèlement l’original latin.

Les premières traductions de la Bible voient le jour aux XVe et XVIe siècles.

De la toute première traduction hongroise de la Bible, la Bible Hussite réalisée entre 1430 et 1450, on ne connaît que des fragments. L’original intégral de la traduction de l’Écriture sainte est perdue, les parties conservées sont enregistrées dans trois manuscrits : le Manuscrit de Vienne avec les chapitres de l’Ancien Testament (1466), le Manuscrit de Munich avec les quatre Évangiles et la version hongroise la plus ancienne de la prière Notre Père (1466), le Manuscrit Apor avec des bribes de Psaumes, des hymnes et des chants (deuxième moitié du XVe siècle). La traduction est de Bálint Újlaki et Tamás Pécsi, prêtres qui étudient à Prague et sont accusés d’hérésie, d’où l’appellation de Bible « hussite ».

Une traduction presque intégrale de la Bible se trouve dans le codex Jordánszky qui a été relié de deux manuscrits recopiés en 1516 et en 1519. Le traducteur dont on ne connaît pas l’identité (et qui n’est pas le copiste) donne ici les sept premiers chapitres de l’Ancien Testament et le Nouveau Testament avec peu de lacunes. L’original est incertain: la traduction ne correspond pas à la Vulgate.

Plusieurs traductions hongroises de la Bible sont déjà réalisées au XVIe siècle.

1.1.3. Date de la première traduction intégrale de la Bible ?

La première traduction hongroise intégrale de la Bible conservée est le travail de Gáspár Károlyi. Cette Bible porte le nom du lieu de son impression : la Bible de Vizsoly imprimée en 1590. C’est une Bible protestante confessionnelle. Si les traductions de l’époque et d’autres, plus tardives, de la Bible sont modifiées tous les dix ans, la traduction de Gáspár Károlyi est encore lue et utilisée aujourd’hui, plus de quatre cents ans après, avec peu de modifications.

 

1.2. La pratique de la traduction

Qui traduit ?

1.2.1. Qui sont les traducteurs (formation, langue maternelle, statut social, quelles sont leurs conditions de travail ? sont-ils reconnus en tant que traducteurs, s’agit-il de leur activité principale ? etc.) ?

Depuis les premières traductions partielles de la Bible (XVe siècle) jusqu’aux traductions intégrales de l’Écriture Sainte (la Bible protestante de Gáspár Károlyi de 1590, ainsi que la première traduction intégrale catholique faite par György Káldi en 1626), on compte plus de quinze traductions, dont deux sont réalisées en collaboration par plusieurs traducteurs. Sur la carrière des traducteurs, ainsi que sur leurs conditions de travail, nous n’avons que des informations fragmentaires. Il nous semble donc difficile donner une réponse brève à ces questions. Les traducteurs hongrois de la Bible sont en grande partie des ecclésiastiques et leur langue maternelle est le hongrois. La seule exception est Gáspár Heltai dont la langue maternelle est l’allemand et qui ne commence à apprendre le hongrois qu’à l’âge de 26 ans. La traduction n’est pas l’activité principale de ces hommes, hormis la période où ils traduisent la Bible. Ils étudient presque tous dans une des grandes universités européennes : Cracovie, Vienne, Wittenberg.

On a très peu de connaissances précises permettant de savoir qui finance les traductions et leur publication (l’imprimeur, le libraire, l’Église ou le traducteur lui-même) et comment. Il y a seulement quelques cas particuliers (par ex. Benedek Komjáti, Péter Meliuis Juhász) pour lesquels on connaît le mécène qui soutient financièrement la traduction et l’édition.

Nous présentons ci-dessous les informations récupérées par des traducteurs :

Bálint Ujlaki et Tamás Pécsi (voir plus haut : 1.1.2) sont des prêtres instruits à Prague. (Au sujet de leur traduction, la Bible dite Hussite, voir 1.1.2.)

Benedek Komjáti, traducteur et disciple d’Érasme, suit des études entre 1527 et 1529 à l’Université de Vienne. Plus tard, il devient précepteur des enfants du magistrat Gábor Perényi. C’est la veuve de Perényi qui lui commande et soutient financièrement la traduction en hongrois des Épîtres de Saint Paul, publiées à Cracovie dans l’officine de Hieronim Wietor en 1533. C’est le livre le plus ancien imprimé en hongrois.

Gábor Pesti (vers 1510-après 1584), traducteur et disciple d’Érasme, issu d’une famille bourgeoise, fait ses études de théologie entre 1527 et 1538 à l’Université de Vienne, mais il ne devient pas prêtre. On a très peu d’informations sur sa vie, mais il est fort probable qu’il ait travaillé à la Cour du roi Siguismund, puis à celle de la reine Isabelle. À part le Nouveau Testament (financé en commun par des libraires de Vienne et publié en 1536), il a traduit également les Fables d’Ésope (1536) et il a préparé un dictionnaire de six langues (hongrois–latin–italien–français–allemand–tchèque ; Nomenclatura sex lingvarum, Latinae, Italicae, Gallicae, Bohemicae, Hungaricae et Germanicae, Vienne, 1538).

János Sylvester (1504-1552), traducteur erasmiste, fait ses études à Cracovie, puis à Wittenberg; il est maître d’école à Sárvár à la Cour de Tamás Nádasdy, gentilhomme terrien. Tamás Nádasdy a créé une imprimerie dans son domaine pour pouvoir imprimer la traduction du Nouveau Testament (1541), l’imprimerie est dirigée par János Sylvester à partir de 1543, il enseigne l’hébreu, le grec et l’histoire à l’Université de Vienne. János Sylvester a mené parallèlement à la traduction du Nouveau Testament une réflexion régulière sur les langues saintes et la langue hongroise dont il a édité le résultat dans son Grammatica Hungarolatina, imprimé en 1539 à Sárvár dans sa propre officine. La première grammaire hongroise par ses conseils d’ordre orthographique a beaucoup influencé la formation de l’alphabet hongrois. Dans sa préface, Sylvester attire l’attention sur l’importance de cultiver la langue hongroise. Grammatica Hungarolatina n’était pas le premier ouvrage linguistique de Sylvester. En 1527, pendant ses études à Cracovie, Hieronim Wietor lui a confié le devoir de rajouter des explications en hongrois aux grammaires latines Rudimenta grammatices Donati de Hegendorf et Puerilium colloquiorum formulae de Heyden.

István Gyulai (dates inconnues, XVIe siècle) prédicateur et prêtre, suit des études à Vienne et à Cracovie.  Il a traduit bien des parties de la Bible (publiées à Kolozsvár [Cluj] en 1551 et 1552).

Gáspár Heltai (1510-1574), écrivain, prêtre, imprimeur ; sa langue maternelle est l’allemand, il n’apprend le hongrois qu’à l’âge adulte. Il étudie à Wittenberg. Il n’est pas seul à traduire la Bible, il s’entoure de compagnons et distribue le travail parmi eux selon la formation de chacun. La publication est soutenue financièrement par Mihály Csáki, chancelier de Transylvanie. Ses traductions apparaissent à Kolozsvár [Cluj] en plusieurs livres entre 1560 et 1565. Gáspár Heltai traduit également (parmi d’autres) Le Petit Catéchisme (Der Kleine Katechismus Martin Luthers) de Luther, Confessio de coena domini de Martin Bucer, les fables d’Esope.

Péter Melius Juhász (1532-1572) pasteur protestant, évêque calviniste, fait ses études à Wittenberg. Il est auteur de maintes œuvres ecclésiastiques et, à part la Bible (Livres de Samuel et ceux des Rois [publiés à Debrecen, 1565] et de Job [Nagyvárad (aujourd’hui Oradea), 1565], Nouveau Testament [publié à Nagyvárad ou à Szeged, 1567]), il traduit le Catéchisme de Jean Calvin (édité en 1563 ou 1564).

Tamás Félegyházi (vers 1540-1586) pasteur protestant, archidiacre, fait ses études à Debrecen, à Cracovie, à Wrocław, à Odera-Frankfurt, puis à Wittenberg. Il a enseigné dans les écoles de Debrecen et de Kolozsvár. Il a traduit le Nouveau Testament du grec (1586) et il a mis d'amples explications en marge de la page. L’édition de sa traduction a été financée par la ville de Debrecen, lieu de son impression.

Albert Szenci Molnár (1574-1634) auteur et traducteur des ouvrages linguistiques et théologiques, étudie dans plusieurs Universités (de Strasbourg, Wittenberg, Dresde, Heidelberg, Hernborn). Il connaît également le fonctionnement de l’imprimerie. Entre 1607 et 1611, il est le protégé d’abord de Maurice, prince de Hessen, ensuite de Gábor Bethlen, prince hongrois de Transylvanie. À part son dictionnaire latin-hongrois et sa grammaire hongroise, il inscrit son nom dans l’histoire littéraire hongroise grâce à sa traductions des psaumes (Psalterium Ungaricum, Herborn, 1607) édition dont l’annexe contenait aussi une version hongroise abrégée du Cathéchisme de Heidelberg. Il traduisit également l’Institutio religionis christianae l’Institutio de Jean Calvin (1624), et a édité à deux reprises (avec de petites corrections) la Bible de Gáspár Károlyi (Hanau, 1608 et Oppenheim, 1612). Écrit en latin avec des exemples en hongrois, l’ouvrage d’Albert Szenci Molnár (Novae grammaticae ungaricae libri duo, Hanau, 1610) est la première grammaire régulière du hongrois.

Gáspár Károlyi (vers 1530-1591), pasteur calviniste, doyen ; réalisateur de la première traduction hongroise intégrale de la Bible (imprimée à Vizsoly en 1590). Il fait ses études à Wittenberg. Sa traduction est financée par Zsigmond Rákóczi, prince de Transylvanie, qui est le seigneur des terres sur lesquelles se trouve l’imprimerie qui  imprime les volumes, mais il a aussi d’autres protecteurs.

György Káldi (1573-1634), religieux, jésuite ayant fait ses études à Vienne et à Rome, il fut recteur du collège jésuite à Pozsony (Presbourg). C’est lui qui réalise la première traduction intégrale de la Bible catholique (Vienne, 1626). Son texte source est la Vulgate. La traduction est soutenue financièrement par l’évêque Péter Pázmány et Gábor Bethlen, prince calviniste de Transylvanie réputé pour sa tolérance en matière de religion.

Que traduit-on ?

1.2.2. Quels types de textes religieux traduit-on ?

La Bible, des sermons, les légendes des saints, des psaumes, des cantiques religieux, des catéchismes, des règles et des pièces de théâtre religieuses.

Les œuvres et les idées de la Réforme arrivent très vite en Hongrie, mais le nombre de traductions reste inférieur à l’importance que ces œuvres jouent dans l’histoire des idées de la Réforme en Hongrie. La raison en est la situation historique dans laquelle le pays se trouve : avec la défaite de la bataille de Mohács en 1526, la Hongrie se divise en trois ; le centre tombe (pour 150 ans) sous la domination de l’Empire Ottoman, le nord et l’ouest dite „la Hongrie royale” sera gouverné par les Habsbourgs, la Transylvanie devient la principauté de la Couronne Hongroise. Cette situation politique explique les particularités de la vie intellectuelle et culturelle qui se joue essentiellement dans les deux parties du pays non occupées. La cour royale, submergée par la lutte armée contre les Turcs et les batailles politiques pour le pouvoir, n’est pas capable de soutenir son rôle de centre de la vie intellectuelle et culturelle, cette dernière est donc transférée à la cour des grands seigneurs.

Parmi les livres les plus importants de la Réforme, le Confessio Helvetica de Bullinger est mis en application en 1567 par le concile de Debrecen et paraît en hongrois à Oppenheim en 1616. Son traducteur est Péter Szenci Csene, un prédicateur réformé.

Gáspár Károlyi et János Sylvester (parmi d’autres étudiants hongrois) ont suivi les cours de Melanchton, dont l’influence en Hongrie était considérable, à l’université de Wittemberg. Le Confessio augustana est arrivé en Hongrie peu après sa publication et a été accepté par l’Église dès 1545. Il n’a été toutefois traduit en hongrois qu’au début du XIXe siècle.

Gáspár Károlyi a rencontré Jean Calvin à Genève et au cours de la traduction de sa Bible (la première traduction hongroise intégrale), il a consulté son Instituio. Aux XVIe et XVIIe siècles, seules trois des oeuvres de Calvin paraissent en traduction hongroise : Péter Melius Juhász traduit son Catéchisme (1563 ou 1564) et le même ouvrage est publié en 1695 dans la traduction de Miklós Misztótfalusi Kis, Albert Szenczi Molnár donne en hongrois son Institutio en 1624 (Bihary 1996).

En Hongrie, au xve siècle, Erasme était tout aussi connu que dans les autres pays d’Europe : les érudits hongrois l’avaient lu et nombre d’entre eux entraient en correspondance avec lui (Barlay 1997). Son influence est visible sur différents terrains. Des traducteurs de la Bible, Benedek Komjáthy, Gábor Pesti et János Sylvester ont fait leur traduction à partir de celle d’Erasme et ce sont ces disciples hongrois qui ont formulé le premier l’idée d’une littérature nationale indépendante des autres institutions (l’Église, l’école et la politique) (Horváth 2007, 236).

1.2.3. Traduit-on à la même époque des textes profanes ?

Aux XVe et XVIe siècles, on trouve parmi les traductions des grammaires, des exercices rhétoriques, des glossaires, des chants historiques, des historiographies, des pièces de théâtre et des jeux de mystère.

On publie en 1536 les Fables d’Ésope traduites par Gábor Pesti, « la première production, fruit des belles lettres hongroises » (Tarnai-Csetri 1981, 50).

Péter Bornemisza traduit en 1558 la pièce de Sophocle intitulée Électre, considérée seulement en partie comme une vraie traduction, car elle est plutôt une transposition de l’œuvre dans son temps.  On connaît, du XVIe siècle, des fragments d’une traduction d’Iphigénie à Aulis d’Euripide dont la langue médiatrice est probablement le latin, « une traduction en prose visiblement très fidèle ». (Latzkovits 2007, 257). La belle comédie hongroise de Bálint Balassi, réalisée dans les années 1590, est également une traduction, ou plutôt une transcription, faite à partir de la pastorale de Cristoforo Castelletti intitulée Amarilli.

On traduit aussi des ouvrages historiques : János Baranyai Decsi publie en 1596 la traduction de deux historiographies de Sallustius. Pál Háportoni Forró édite en 1619 la traduction de l’histoire d’Alexandre le Grand, écrite par Quintus Curtius.

István Gyöngyösi (1629-1704) est un des auteurs les plus productifs et les plus connus du XVIIe siècle hongrois, la traduction occupe une place très importante dans sa carrière : presque toutes ses œuvres sont plus ou moins des traductions de textes étrangers (on peut trouver des traductions souvent issues de plusieurs sources antiques dans un seul ouvrage de Gyöngyösi). Il introduisit dans ses œuvres maints extraits des Métamorphoses d’Ovide, il traduisit aussi ses Héroïdes, ainsi que des morceaux traduits de Fasti. On trouve également dans ses œuvres des traductions de textes d’Héliodore, de Virgile et de Claudien (Claudius Claudianus).

Comment traduit-on ?

1.2.4. À partir de quel texte-source ?

À partir des sources antiques grecques et latines en général. La Bible, des psaumes, des sermons, des historiographies, etc.

1.2.5. De quelle(s) langue(s) traduit-on ?

Aux XVe et XVIe siècles, on traduit en grande partie du latin, mais les auteurs hongrois traduisent du grec, voire du grec en latin. Les ouvrages allemands et français n’apparaissent qu’à partir du XVIIIe siècle. Il y a peu d’exceptions, comme par exemple le poète renommé de l’époque, Bálint Balassi qui traduit de l’allemand en 1572 l’œuvre d’un prédicateur luthérien (Petit herboretum pour âmes malades).

1.2.6. Passe-t-on par une langue relais ?

Non ou rarement.

1.2.7. Si oui, celle-ci est-elle orale ou écrite ?

On n’a aucune preuve concernant la traduction des textes oraux. Il est vraisemblable qu’on ne prépare des traductions que sur la base des œuvres écrites.

1.2.8. Les traducteurs privilégient-ils un mode de traduire littéral pour les textes religieux ?

Il est difficile de répondre de manière univoque à cette question puisque le sens de l'expression « traduction littérale » a beaucoup changé, surtout dans les premiers siècles de la culture écrite hongroise. Toutes les époques ont interprété différemment cette notion. Ce n’est peut-être qu’après le XVIIIe siècle qu’on rencontre des théories qui expliquent la littéralité comme un « sens absolu » donné indépendamment de l’interprète, c’est-à-dire qu’il existe une signification ou une forme langagière accessible sans l’intermédiaire d’un sujet commentateur.

Les recherches hongroises en histoire littéraire et en linguistique démontrent que la traduction d’une langue à l’autre et l’explication à la lettre du texte d’une langue à l’autre, ainsi que les exercices de commentaires, étaient des pratiques d’écriture identiques aux débuts de la culture écrite hongroise. (Il paraît utile de noter qu’un des antécédents de la traduction littérale dans l’antiquité devait être un exercice de la formation des rhéteurs : la paraphrase. Un type particulier de paraphrase ou reformulation consistait, pour le rhéteur, à refaire un nouveau texte latin à partir d’un texte grec.)

Dans la littérature hongroise, au tournant des XIVe et XVe siècles,  « lors de la prédication respectant les formes fixes, l’interprétation et la formulation en langue maternelle sont appelées « explication littérale », « hongrois à la lettre », « signification  à la lettre » […] ; équivalents de l’exégèse latin secundum litteram. (Tarnai 1984, 253). La première signification du verbe hongrois « magyaráz » [‘expliquer’] » [magyaráz] est « traduire en hongrois » (Tarnai 1984, 270), et on désigne par ce même mot l’interprétation textuelle aussi. La dénomination par ce seul et même terme de deux pratiques aujourd’hui considérées comme différentes paraît bien logique, puisqu’aux yeux du public de l’époque, l’interprétation et la traduction « rendent compréhensible en hongrois […] un énoncé en latin obscur. » (Tarnai 1984, 270). En pratique, de « l’explication » résultent évidemment des textes différents : depuis la traduction actuellement vue comme littérale jusqu’à un résumé libre du contenu.

Le verbe « fordít » « traduire » [fordít c’est-à-dire « tourner »] apparaît pour la première fois dans le Manuscrit Érdy en 1526 et dès ce moment, on désigne avec deux notions différentes la pratique de l’explication de texte et celle de la traduction d’une langue à l’autre. (cf. Tarnai 1984, 271).

Les traductions de la Bible visent la reconstruction fidèle du sens, mais de différentes manières et elles saisissent différemment le principe de la traduction à la lettre. Certains traducteurs y ajoutent même des mots et de courtes mentions pour que leurs lecteurs puissent comprendre plus facilement le texte (par exemple András Nyújtódi lors de la traduction du Livre de Judith en 1526, ou Benedek Komjáti dans la traduction des Épîtres de Saint Paul éditées en 1533, ou encore Péter Melius Juhász en 1565 quand il réalise la traduction des Livres de Samuel). L’exemple de Saint Jérôme est décisif pour les traducteurs hongrois du XVIe siècle : Benedek Komjáti, l’Anonyme de Karthauz, Gáspár Károlyi et András Nyújtódi y font allusion. Il est juste de mentionner que la référence à Saint Jérôme ne renvoie pas automatiquement à l’exigence et à la pratique théorique de la traduction littérale. Dans l’épilogue à sa traduction du Livre de Judith (1526) et la pratique s’opposent chez András Nyújtódi : dans l’épilogue de sa traduction András Nyújtódi il cite Saint Jérôme : « Voilà que j’ai achevé ce livre et puisque je vous aime [Paula és Eustochiom], je ne vous ai pas seulement transmis les verbes en verbes, mais j’ai également rendu le vrai sens en sens juste du chaldéen en latin. » une référence à De optimo genere oratorum de Cicéron dans sa Lettre à Pammachius : « In quibus non pro verbo verbum necesse habui reddere, sed genus omnium verborum vimque servavi » : « Je n’ai donc pas jugé nécessaire d’y rendre chaque mot par un mot ; pourtant quant au génie de tous les mots et à leur valeur, je les ai conservés. » (Nyújtódi 1526). En effet, il met dans son texte des explications entre parenthèses et l’adapte quelque peu aux connaissances de son lecteur.

Péter Melius Juhász, qui place également ses explications entre parenthèses à l’intérieur de sa traduction, considère sa propre méthode comme la plus efficace, car elle rend le sens du texte au mieux, le plus fidèlement possible : « Je n’ai pas traduit grammaticalement et littéralement, mais je n’ai jamais abandonné ni le contexte, ni le sens. C’est l’explication [la traduction]  juste. » (Melius Juhász 1565, 139).

Gábor Pesti, lors de la traduction des Évangiles (1536), procède de la même façon sauf qu’il place ces explications dans les marges du livre, donc il les sépare du corps du texte et les livre sous forme de notes.

Malgré tout, l’exigence de la traduction mot à mot et littérale accompagne les traductions hongroises des textes religieux tout au long des XVe et XVIe siècles, pourtant les traducteurs se rendent compte aussi des limites de ce principe, qui sont dues aux natures différentes des langues.

1.2.9. Comment justifient-ils leur pratique ?

Les traducteurs de la Bible soulignent l’importance de la diffusion de la Bible en langue populaire. L’idée de modestie et d’humilité est présente chez tous les traducteurs. Ils ajoutent dans leurs réflexions qu’ils ont essayé de travailler d’après leur meilleur savoir et ils demandent aux lecteurs de ne pas considérer les erreurs comme des modifications volontaires ou comme des signes d’orgueil, car le traducteur, lui  aussi, est un être humain imparfait, c’est donc aux lecteurs de faire corriger ou de corriger ces fautes.

Plusieurs traducteurs de la Bible font remarquer qu’ils ont cherché à traduire à partir de « la plus pure source » de l’Écriture sainte ; ils veillent à préparer des textes facilement compréhensibles aux lecteurs et ils ajoutent, soit sur les marges soit dans le texte entre parenthèses, des explications éclairant mieux le sens.

Péter Melius Juhász (en 1565), pour justifier ses propres solutions, ajoute le texte original en hébreux aussi, pour que le lecteur puisse se faire lui-même une idée de la justesse de la traduction (apparemment, il prépare des traductions pour un public plus cultivé aussi). Il dit : « J’aurais voulu traduire d’après la nature de la langue juive grâce au petit esprit que Jehova m’a donné, tout en comparant ma traduction avec la Bible grecque et avec les traductions savantes. Je n’ai pas traduit grammaticalement et littéralement, mais je n’ai jamais abandonné ni le contexte, ni le sens. C’est l’explication juste… » (Melius Juhász 1565, 139). Le mot « traduction » n’est pas encore en usage : « l’explication juste » signifie ici la meilleure méthode de la traduction.

Gáspár Heltai et les autres comparent plusieurs traductions en langue juive, en latin, etc. pour mieux transmettre « le vrai sens et la signification à la lettre de l’Écriture ». Gáspár Károlyi procède de la même façon. Heltai met en relief le fait qu’il n’est pas suffisant de connaître des langues étrangères, mais qu’il faut être très cultivé en sciences chrétiennes pour comprendre « la chose en entier ».

Gáspár Károlyi se demande si la traduction en langues populaires de la Bible satisfait la volonté de Dieu et si la traduction de la manifestation parfaite de Dieu ne contredit pas son intention. On y voit l’idée sous-jacente que le passage d’une langue à l’autre modifie nécessairement le texte original et que cette modification ne contredit pas la volonté de Dieu. Pourtant, en examinant les traductions en différentes langues de la Bible, il perçoit des lacunes, des ajouts, des modifications, des insertions, des passages mal traduits qui ne correspondent pas à la volonté divine. Károlyi affirme : « vous ne devez rien y ajouter [à l’Écriture qui est la manifestation absolue de Dieu] pour ne pas sembler plus sage que Dieu lui-même. Et vous ne devez rien en enlever ou dévier à droite ou à gauche, mais il faut tout garder […] comme la règle forte et solide de notre foi et de notre religion. » (Károlyi 1590, 176). Il s’explique dans sa préface et dit que, pour cela, il ne s’appuie pas seulement sur la Vulgate, mais aussi sur l’original juif et grec pour « rétablir la langue de l’âme de Dieu. » (Károlyi 1590, 180). L’intention prioritaire de Károlyi est de proposer au lecteur un texte facilement lisible, ainsi il est très important pour lui que le texte soit en bon hongrois compréhensible.

1.2.10. Si on traduit aussi des textes profanes à la même époque, a-t-on le même mode de traduire ?

En apparence, les principes sont différents, en pratique, les méthodes sont similaires. Pál Medgyesi en 1636, écrit qu’il faut faire une différence stylistique lors de la traduction des différents types de textes : l’Écriture sainte ne supporte pas « les ornementations d’avocats », la philosophie et la théologie ne peut pas adopter « un discours avec des dérobades ». (Medgyesi 1636).

Gábor Pesti, avec sa traduction des Fables d’Ésope, veut contribuer au raffinement de la langue et de l’esprit, ainsi qu’à la gloire de la nation. Il place une citation d’Horace sur la couverture de l’édition (1536) : « Nec verbum verbo curabis reddere fidus interpres », qui fait référence aux doutes concernant la traduction littérale. Pourtant, il ne déploie pas ses arguments. Dans sa traduction, il suit de près l’original tout en ajoutant, après les fables, des commentaires par lesquels il tente d’éclairer le sens des histoires.

Péter Bornemisza traduit Électre, d’une part parce que la pièce anoblit les mœurs, et d’autre part parce qu’il essaie d’introduire dans le hongrois l’éloquence grecque. Pour cette dernière intention, il est conscient des difficultés de son entreprise et souligne que personne n’a réussi à atteindre ce but jusque là, il se contente donc « de rendre le message du poète le plus simplement et le plus clairement possible. »

János Baranyai Decsi, le traducteur de Sallustius voulait inciter les lecteurs à la lecture de fabliaux historiques. Il se plaint que les traductions ne soient pas assez appréciées. Lui aussi veut donner aux lecteurs « l’explication vraie », c’est-à-dire « la traduction juste ».

Tout comme les traducteurs de la Bible, les interprètes des textes profanes ont recours aux autres traductions des textes, effectuées en d’autres langues. Ils accentuent l’importance du caractère hongrois de la traduction : « comme si le texte traduit avait été écrit originellement en hongrois », principe qu’ils essaient d’appliquer. Certains soulignent qu’ils tentent de travailler avec le plus d’attention possible, et s’il reste des erreurs dans leur traduction ils demandent aux lecteurs de leur pardonner.

La fidélité dans la traduction se pose dans deux directions : elle ne se présente pas seulement entre le texte source et la production, mais, comme une obligation morale, dans le rapport entre le commanditaire et le traducteur. Le sens juste est plus important que le respect de la lettre.

István Gyöngyösi procède autrement : aucun de ses ouvrages ne peut être considéré comme traduction puisque, dans la plus grande partie de son œuvre, il ajoute des extraits à ses propres inventions. Ces longs extraits traduits ont eux-mêmes un rapport très particulier à l’original. On y rencontre soit des traductions littérales, soit des transcriptions libres, le traducteur utilise le moyen de la paraphrase, c’est-à-dire que lorsqu’il fait une traduction seulement au niveau du contenu, sa traduction est beaucoup plus volumineuse que l’original.

 

1.3. Le rôle culturel de la traduction

La traduction et la langue

1.3.1. Statut de la langue écrite à l’époque (existe-t-il une norme unique pour cette langue ? Coexistence éventuelle avec d’autres langues ? )

Suite à l’occupation du pays par les tribus hongroises, après donc que les groupes ethniques hongrois se sont installés dans la Bassin des Carpates (IXe siècle), la langue de la vie quotidienne est le hongrois, tandis que dans l’administration on utilise le latin. Au Moyen Âge, à part la culture écrite en latin et l’écrit naissant en hongrois, on rencontre seulement des textes en allemand.

Les premières formes du hongrois écrit naissent des couches langagières orales utilisées dans l’administration, et non du langage de la vie de tous les jours, au tournant des XVe et XVIe siècles. Seul un petit groupe de clercs et de laïcs instruits sait utiliser à l’écrit et à l’oral cette forme médiévale langagière caractérisée par des variantes dialectales (il n’existe pas encore de norme fixe). C’est cette langue qui va se transformer plus tard et donner la langue littéraire hongroise, grâce aux traductions des XVe et XVIe siècles.

La Réforme hongroise du XVIe siècle tente de renforcer la langue hongroise dans l’enseignement, dans l’Église et dans la littérature ; elle tend vers une norme langagière unique. Les événements historiques affaiblissent tout de même ces tentatives, et aux XVIIe et XVIIIe siècles encore, c’est « en partie le latin, en partie l’allemand » qui sont utilisés dans la haute société, dans l’administration publique, dans les sciences et dans l’enseignement supérieur, « au point qu’il était impossible de se débrouiller publiquement en hongrois. » (Benkõ 1996). Les mouvements de défense et de renouvellement de la langue hongroise mettent fin à cette situation à la fin du XVIIIe siècle : la formation d’une norme langagière littéraire, ainsi que du langage unique de la conversation ne s’effectuent que dans le premier quart du XIXe siècle.

1.3.2. Quel est le rôle de ces traductions dans le développement de la langue littéraire ?

La littérature autochtone hongroise naît sous l’influence des traductions et les traductions jouent un rôle indubitable dans la formation du langage littéraire et de la littérature, ainsi que dans le développement de la culture en langue maternelle. Un exemple éclatant du développement de la langue hongroise vers une normalisation langagière est l’impact de la traduction de la Bible réalisée par Gáspár Károli (1590). On a vu que la langue hongroise reposait à l’époque sur l’oralité composée de plusieurs dialectes accentués. On suppose que le succès de la traduction de Károli est dû en grande partie au fait qu’il a effectué son travail dans un des patois les moins accentués et caractéristiques. Ainsi grâce à sa traduction et, bien sûr, à l’intention du protestantisme, le dialecte du Nord-Est de la Hongrie put devenir la source de la langue littéraire standardisée. Puisque la Bible traduite par Károli avait été maintes fois éditée pendant des siècles suivants (voir plus haut), elle est effectivement à l’origine de la formation du hongrois littéraire. Le mouvement de renouvellement de la langue, initié par Ferenc Kazinczy au XVIIIe siècle contredit ce phénomène initial. L’écrivain renonce aux exemples tirés des auteurs du passé tout en fabriquant artificiellement des mots nouveaux et des termes techniques, souvent à partir des traductions en miroir du latin.

1.3.3. Quelles sont les grandes phases de retraduction des textes religieux en fonction de l’évolution de la langue ?

La traduction catholique de György Káldi survit pendant deux cent ans puis, au XIXe siècle, elle subit plusieurs révisions : d’abord en 1834-1835, ensuite en 1851 et, finalement, entre 1862 et 1865. Cette dernière révision, faite par Béla Tárkány, connaît plusieurs éditions (1892, 1915-1916).  « La quatrième révision sort de l’imprimerie entre 1927 et 1934. Elle est en usage jusqu’en 1973 où paraît la plus récente traduction catholique de la Bible, travail de plusieurs traducteurs. [...] À part les traductions intégrales, des fragments traduits du Nouveau Testament se diffusent également. »  (http://biblia.hu/bevez/magyar.htm) On édite en 1997 la traduction du dit Neo-Vulgate Káldi « qui n’adopte pas seulement la version de Káldi, mais le texte hongrois de Neo-Vulgate (de la Vulgate actualisée) aussi, réalisé en 1979. »

(http://www.bibliaeve.hu/bibliaforditas.php).

On essaie de réviser et d’actualiser la Bible protestante de Károlyi (au XVIIe siècle déjà, puis on reprend le travail au XXe siècle), mais il ne paraît jamais nécessaire de toucher le fond du texte. C’est toujours au XIXe siècle que sont réalisées les retraductions d’autres œuvres traduites  aux XVIe et XVIIe siècles.

La traduction et la société

1.3.4. Qui sont les commanditaires ? Les destinataires ?

Les traducteurs hongrois ont bénéficié de la protection et de l'appui de dignitaires haut placés : dans la Hongrie divisée en trois, les princes de Transylvanie (János Szapolyai, Étienne Báthory, Zsigmond Rákóczi, Gábor Bethlen) et les membres les plus riches de l’aristocratie de la Hongrie royale ont essayé de faire reprendre à la cour royale de Buda le rôle qu’elle jouait dans la vie intellectuelle avant sa défaite contre les Turcs et leurs cours sont devenues les centres de la vie politique et intellectuelle de la région.

Pour les détails sur les commanditaires, voir plus haut.

Les destinataires : personnalités ecclésiastiques, bibliothèques scolaires, seigneurs, bourgeois, clercs.

1.3.5. Diffusion des traductions (mode de reproduction, ampleur de la diffusion) ?

La première traduction intégrale réformée de Gáspár Károlyi est imprimée en 1590 à environ 700-800 exemplaires.

La première traduction intégrale catholique de la Bible, traduite par György Káldi entre 1605 et 1607 et éditée à Vienne seulement en 1626, paraît en 2000 exemplaires.

Fait intéressant : alors que la traduction de Káldi est publiée une deuxième fois seulement en 1732, la traduction de Károlyi connaît déjà douze éditions (une des causes en est que le travail de Károlyi est beaucoup plus facile à lire tandis que l’ouvrage de Káldi est trop difficile à suivre.)

Les imprimeries s’implantent en Hongrie seulement au XVIe siècle. Les traductions sont imprimées avant cette date (après les siècles des manuscrits) dans des imprimeries étrangères. On ne possède aucune donnée sur le nombre d’exemplaires des livres publiés.

1.3.6. Réception critique éventuelle, débats suscités par les traductions?

Aux XVIe et XVIIe siècles, et même jusqu’aux années 1770, il n’existe aucune critique de la traduction. Ce sont les traducteurs réalisant des retraductions qui font des commentaires critiques. Et ces commentaires ne sont formulés qu’en quelques phrases ou en un seul paragraphe. Durant cette période, on ne rencontre pas d’importantes discussions autour de la traduction. La cause en est en partie que le public n’est pas encore formé.

1.3.7. Des retraductions interviennent-elles pour des raisons idéologiques et/ou religieuses ?

Jusqu’aux traductions intégrales de la Bible, la réalisation des nouvelles traductions s’explique par des raisons religieuses et des changements survenus dans les exégèses : la volonté d'évangélisation et de diffusion de la foi chrétienne, où la traduction, l’édition et la diffusion des textes religieux jouent un rôle primordial en tant que bases des sermons et des prédications, a un poids certain sur ces retraductions. La même intention, cependant beaucoup plus forte, guide les traducteurs protestants qui traduisent, partout en Europe, les textes religieux latins en langues nationales. Les retraductions s’expliquent d’autre part par le caractère fragmentaire des traductions et par l’insuffisance du langage de la traduction. On ne fait aucune retraduction à partir des textes profanes.

Sources :

(Barlay 1997) Barlay Ö. Szabolcs : A hazai Erasmus-kutatás múltja és jelene [Le passé et le présent des recherches sur Erasme en Hongrie], Magyar Könyvszemle, 1997/3. http://epa.oszk.hu/00000/00021/00014/0002-bf.html

(Bihary 1996) Dr. Bihary Mihály : A magyar Kálvin-fordítások története [L’histoire des traductions hongroises de Calvin], in Márkus Mihály –Karasszon István (szerk.) Honnan – Hová? Kálvin-konferencia [Balatonfüred, 1995. április 4-6.], Budapest, Kálvin János Szövetség Kálvin-kutató Tagozata – Károli Gáspár Református Egyetem, 1996. http://digit.drk.hu/?m=lib&book=7&p=4

(Horváth 2007) Horváth Iván : 1536: Magyar vers a reneszánsz és a reformáció kezdetén [La poésie hongroise au début de la renaissance et de la Réforme], in Jankovits László – Orlovszky Géza (szerk.), A magyar irodalom történetei. A kezdetektől 1800-ig [Les histoires de la littérature hongroise des débuts à 1800], Budapest, Gondolat, 2007, 236–249.

(Hörcsik 2009) Hörcsik Richárd: Kálvin és Magyarország, História, 2009/9-10, 32-35.

(H. Hubert 2007) H. Hubert Gabriella: 1602: Megjelenik Újfalvi Imre énekeskönyve [1602: L’Édition du cantique d’Imre Újfalvi], in Jankovits László – Orlovszky Géza (szerk.), A magyar irodalom történetei. A kezdetektől 1800-ig [Les histoires de la littérature hongroise des débuts à 1800], Budapest, Gondolat, 2007, 382–393.

(Latzkovits 2007) Latzkovits Miklós: A 16. századi magyar dráma [Le théâtre hongrois au XVIe siècle], in Jankovits László – Orlovszky Géza (szerk.), A magyar irodalom történetei. A kezdetektől 1800-ig [Les histoires de la littérature hongroise des débuts à 1800], Budapest, Gondolat, 2007, 250–265.

(Melius Juhász 1565) Melius Juhász Péter: Az két Sámuel köynveinek és az két királi könyveknek az zsidó nyelvnek igazságából és az igaz és bölcs magyarázók fordításából igazán való fordítása magyar nyelvre [La vraie traduction des deux Livres de Samuel], in Zvara Edina (szerk.) „Az keresztyén olvasóknak”. Magyar nyelvű bibliafordítások és – kiadások előszavai és ajánlásai a 16–17. századból [Les traductions de la Bible en hongrois –préfaces et avis au lecteur des éditions des XVIe et XVIIe siècles], Budapest, Balassi, 2003, 136–142.

(Nyújtódi 1526) Nyújtódi András záradéka Judit könyvének fordításához [Épilogue d’András Nyújtódi écrit pour la traduction du Livre de Judith], in Szöveggyűjtemény a régi magyar irodalom történetéhez – Középkor (1000–1530) [Recueil de textes pour l’histoire de la littérature ancienne hongroise. Moyen Age (1000–1530)], Sermones Compilati – Eötvös Loránd Tudományegyetem Régi Magyar Irodalomtudományi Intézet.

http://sermones.elte.hu/szovegkiadasok/magyarul/madasszgy/

(Tarnai 1984) Tarnai Andor : „A magyar nyelvet írni kezdik”. Irodalmi gondolkodás a középkori Magyarországon [La pensée littéraire en Hongrie médiévale], Budapest, Akadémiai, 1984.

(Tarnai–Csetri 1981) Tarnai Andor – Csetri Lajos : A magyar kritika évszázadai 1. Rendszerek. A kezdetektől a romantikáig [Des siècles de critique hongroise], Budapest, Szépirodalmi, 1981.