Auteur : Irina Babamova
4.1. Cadre général introductif
4.1.1. Quelles ont été les périodes de fermeture ou d’ouverture aux littératures occidentales ?
Les périodes-clefs de fermeture et d’ouverture aux littératures occidentales sont étroitement liées à la lutte pour le changement des conditions sociale du peuple macédonien, marquées par l’appauvrissement de la population dont les droits élémentaires étaient menacés. En réalité, cette lutte coïncidait avec la lutte pour la libération nationale et pour la création définitive de la norme linguistique macédonienne en tant que condition préliminaire indispensable à une évolution littéraire régulière et continue [1]. À ce propos, très caractéristique est le cas du poète Kočo Racin (Ratsine), figure centrale du développement de la littérature macédonienne dans les années 1930. Sa poétique montrait déjà une ouverture vers l’expressionnisme européen. Cette étape littéraire de Ratsine coïncidait avec la réception de la littérature sociale russe engagée, colorée d’idées porteuses de la doctrine réaliste-socialiste que Ratsine et les autres écrivains macédoniens (tels Mite Bogoevski, Kole Nedelkovski, Aco Karamanov) pouvaient lire dans l’original ou dans des traductions serbes (réalisées par Radovan Zogovic, entre autres) ou bulgares (par exemple les traductions de la poésie de Maïakovski par Geo Milev) (cf. Stojmenska-Elzaser 1995, p. 279-286). Pourtant, ces écrivains macédoniens, sans trop s’enfermer dans les paradigmes du dogme du réalisme socialiste, restaient ouverts aux idées et aux procédés esthétiques littéraires modernes des littératures d’Europe occidentale. « C’est ce qui marque distinctement la situation historique, sociale et culturelle macédonienne, au moment où le réalisme social [2] apparaît sur la scène littéraire et artistique. Dans les conditions macédoniennes, la pénétration mutuelle et la synthèse des deux composantes – sociale et nationale – dans la poétique du réalisme social représentait donc une unité naturelle et compacte… C’est de ces aspects que découlent les principaux motifs, thèmes et contenus dans les œuvres de presque tous les écrivains macédoniens des années trente » (Djurčinov 2002, p. 14).
Alors que la fin du réalisme social est liée généralement au commencement de la Seconde Guerre mondiale, en Macédoine « la poétique du réalisme social a continué à exister en tant qu’orientation stylistique dominante pendant la première décennie après la Libération jusqu’au début des années cinquante, quand le pluralisme esthétique s’est instauré sur l’ensemble du territoire yougoslave […]. Chez nous, la doctrine du réalisme socialiste n’avait jamais réussi à s’imposer dans ses formes extrêmes et rigoureuses. […] La rupture avec la doctrine du réalisme social en Macédoine a revêtu la forme d’un conflit polémique aigu (la confrontation réalisme-modernisme au milieu des années cinquante), suivi d’une désintégration particulière des procédés réalistes, processus qui s’était opéré beaucoup plus tôt dans les littératures des régions voisines » (Djurčinov 2002, p. 15). Pour illustrer l’attitude de la critique littéraire des « réalistes » datée des premières années de l’après-guerre, citons les réflexions du critique Dimitar Mitrev : « La littérature d’aujourd’hui doit non seulement exprimer les événements d’une manière artistique, mais aussi agir sur leur développement ultérieur. Non seulement présenter la personnalité de l’homme nouveau, mais aussi contribuer à sa détermination complète dans la direction du réalisme socialiste » (D. Mitrev cité d’après Seleva 1995, p. 251). En d’autres termes, un tel usage de la littérature énonce la thèse de sa fonction pragmatique et utilitaire. Le ton polémique de Mitrev dans cette confrontation littéraire cède pourtant devant son érudition, son évolution personnelle et le rôle qu’il joue en tant que personnalité cruciale dans le domaine de la critique littéraire de cette première période après 1945, qui demande lui aussi « une expression nouvelle » dans « la transposition de la réalité » (cf. Vangelov 1998, p. 176). En réalité, les « réalistes » et les « modernistes » manifestaient un grand nombre de points communs (cf. Andonovski 1998, p. 167), ce qui justifie le constat du critique littéraire Stardelov pour qui « la spécificité des confrontations littéraires macédoniennes consiste en ce qu’elles se déroulent toujours en tant que jugements relatifs aux œuvres littéraires concrètes, dont la plupart ouvraient des horizons nouveaux devant la littérature » (Stardelov 1998, p. 212). Dans ce sens, Vlado Maleski, écrivain de l’époque, tout en intercédant en faveur du modernisme « dans ces débats littéraires yougoslaves/macédoniens, voyait plutôt un mouvement pour les retrouvailles de soi-même – себенаоѓање, tout simplement car, jugeait-il, refuser de laisser pénétrer dans son propre organisme un élément étranger de l’Est, ne veut pas dire accepter des éléments étrangers de l’Ouest, du Nord ou du Sud » (V. Maleski, cité d’après Todorova 1999, p. 38-39).
La fermeture de la littérature en macédonien standard, dans la doctrine réaliste-socialiste et dans les conditions spécifiques de l’époque, a été d’une durée relativement courte (de 1945 à 1948 – année de la rupture entre Tito et Staline). Cette phase du réalisme socialiste rigide en tant que variante dogmatique en liaison étroite avec le totalitarisme nationaliste (Старова1995, p. 101) était aussi la variante la plus rétrograde, soumise aux exigences idéologiques.
À partir de la décennie 1950-1960 (1970), la grande vague d’ouverture au monde a eu comme conséquence l’acceptation du nouveau climat de la « modernité européenne » et du pluralisme esthétique. Les nouvelles impulsions sont venues à travers une pénétration puissante des littératures de l’Europe occidentale, tout d’abord de la littérature française, puis de la littérature anglo-saxonne et des autres littératures européennes et extra-européennes. Les traductions des œuvres littéraires ont joué le rôle le plus important, la contribution française étant l’une des principales.
Entre ce que les écrivains macédoniens réalisaient immédiatement avant la libération et ce qui a suivi, il n’y a pas de grandes différences ni de divergences de vues esthétiques et idéologiques. « […] On peut, sur l’exemple du destin du paradigme du réalisme socialiste sur le sol culturel macédonien, démontrer que les processus évolutifs en littérature en art ne suivent pas strictement les cadres historico-politiques, mais sont susceptible de les outrepasser en suivant l’impulsion de leurs propres lois internes » (Djurčinov 2002, p. 9). Un peu plus loin, dans le même livre, le critique littéraire macédonien Djurčinov souligne : « Du point de vue de la science comparative contemporaine, on peut conclure que l’époque et la poétique du réalisme social se sont achevées chez nous d’une manière semblable à celle des autres littératures dans lesquelles la substitution d’un système à un autre, c'est-à-dire le passage à un nouveau système, se caractérise par la présence de nouveaux phénomènes que l’on peut définir dans l’ensemble comme avant-gardisme » (Djurčinov 2002, p. 16). Il faut dire aussi que, bien qu’on remarque une réduction de la présence des traductions de la littérature russe à partir de 1948, cette présence fut restaurée dans les deux décennies qui suivent (1950-1970). « L’intérêt dominant pour la littérature classique russe, pour Gorki et Maïakovski, céda la place à un intérêt pour la période appelée “le siècle d’argent” de la littérature russe, au début du XXe siècle, ainsi que pour l’avant-garde littéraire russe des premières décennies de ce siècle. Ce tournant fut d’abord annoncé par les traductions de S. Essenine (vers 1950), pour continuer avec les œuvres de Léonid Andreïev, Boris Pilniak (1960), Isaac Babel, Ivan Bounine (1958), Vsevolod Ivanov et surtout Iouri Olecha. Dans le domaine de la poésie, ce fut avec l’intérêt pour le symbolisme russe et l’œuvre d’Alexander Blok (1957, 1964) et bientôt après pour la poésie lyrique de Boris Pasternak (1964), dont les premières traductions parurent en macédonien dès la fin des années cinquante » (Djurčinov 2002, p. 27). (Voir notre réponse à la question 3.2.2., dans la 3e partie du questionnaire).
4.2. La pratique de la traduction
Qui traduit ?
4.2.1. Qui sont les traducteurs (origine sociale, formation, langue maternelle, statut social, conditions de travail et de rémunération ? sont-ils considéré comme des auteurs ? s’agit-il de leur activité principale ? etc.
La génération des traducteurs des années 1950 peut être considérée comme la première à traduire en langue macédonienne normalisée (codifiée en 1945). La plupart des traducteurs ont une formation universitaire philologico-philosophique (philologie, linguistique, journalisme, philosophie, études de langues orientales, etc.) et exercent des métiers différents (professeurs de langue et littérature, écrivains, journalistes….) au sein des établissements scolaires et universitaires ou dans les maisons d’édition. Quelques exemples : Vangja Čašule, traductrice de l’anglais, de l’espagnol, du portugais et du bulgare (études d’histoire nationale, faculté de philosophie à Skopje en 1959) ; Todor Dimitrovski, traducteur du russe, de l’allemand et des langues slaves du sud (études de langue macédonienne, faculté de philosophie à Skopje) ; Srbo Ivanovski, traducteur du slovène, du russe et du croate (faculté de philosophie à Skopje, 1951). Certains traducteurs sont formés dans des domaines autres que la philologie ou la philosophie, comme Sveto Serafimov, traducteur de l’anglais et du russe (école de commerce à Skopje, 1948) ou Jovan Boškovski, traducteur du russe et des langues slaves du sud (école de commerce).
D’autres diplômés du supérieur (juristes, ingénieurs ou médecins) qui avaient fait leurs études à l’étranger ou dans les autres républiques de la Yougoslavie, ont traduit en macédonien plusieurs ouvrages littéraires. Mentionnons par exemple Vlado Maleski, traducteur de l’italien (études de droit à Sofia en 1944), Ilija Milčin, traducteur de plusieurs langues slaves (études de droit à Sofia en 1942), Vasko Karadža, traducteur du grec (études de mécanique en 1957 et études en sciences politiques en 1960 à Tachkent, en Ouzbékistan), Boris Markov, traducteur du russe, de l’ukrainien, du polonais et des langues slaves du sud (études de russe à la faculté de philosophie à Ljubljana, 1952), Saša Markus, traducteur du russe du français et des langues slaves du sud (École supérieure du film à Belgrade, 1951).
La langue maternelle des traducteurs littéraires qui traduisent vers le macédonien est le macédonien, dans la plupart des cas. Mais il y a des traducteurs qui appartiennent aux minorités ethniques de Macédoine, dont la langue maternelle est le serbe, le slovène, le turc, l’albanais, l’aroumain, et qui connaissent le macédonien aussi bien que leur langue maternelle. Ils traduisent vers le macédonien, mais aussi vers leur langue maternelle. Il faut noter le nom de Cveta Kotevska, Macédonienne née à Prilep en 1923, qui, après avoir fait ses études à Belgrade, à la faculté de philosophie, devient une traductrice assidue de la littérature macédonienne en langue serbe, qui n’est pas sa langue maternelle, mais qu’elle maîtrise parfaitement. Elle traduisait aussi du français et du bulgare.
La traduction est une activité que ces traducteurs, dans la majorité des cas, exercent parallèlement à un travail principal. Donc, à cette époque, il ne s’agit pas de leur activité principale. Le travail des traducteurs est rémunéré comme un travail honoraire, leur revenu mensuel étant assuré par l’institution dont ils sont salariés.
Les traducteurs littéraires sont considérés comme les auteurs des traductions qu’ils réalisent et leur nom figure sur les livres publiés.
4.2.2. Rôle éventuel des associations de traducteurs dans l’évolution de la profession ?
L’Association des traducteurs littéraires de la République de Macédoine, crée en 1954, était un lieu de collaboration, d’échanges d’idées et de promotion de l’activité des traducteurs littéraires macédoniens. Les Rencontres internationales des traducteurs littéraires,une manifestation annuelle qu’elle organise depuis 1972 à Tetovo et à Lešok, ont contribué d’une manière importante à l’évolution de la profession de traducteur, en abordant des questions concernant le rôle de la traduction ou du traducteur, la théorie, la pratique et la critique de la traduction (voir la liste des sujets dans notre réponse à la question 3.2.7. de la 3epartie du questionnaire). Cette association a apporté un soutien particulier à la mise en valeur du travail de traducteur littéraire et a souligné la nécessité d’une formation à la pratique de la traduction.
Il faut noter qu’à partir de 1978, une option traduction à été ouverte aux étudiants de la faculté de philologie de Skopje. Les études au sein de cette filière de traduction s’étalaient sur deux ans et étaient sanctionnées par un diplôme de traducteur.
4.2.3. Les traducteurs du russe ont-ils un statut particulier ?
La première décennie après la Seconde Guerre mondiale (1945-1955) est placée sous le signe des traductions des œuvres littéraires russes. L’un des premiers auteurs russes traduits en macédonien littéraire (normalisé) est Gogol, représenté d’abord par son roman Tarass Boulba. Un long extrait de ce roman est traduit (le nom du traducteur n’est pas connu) pour les besoins des manuels scolaires. Sa pièce Le Revizor est traduite intégralement par Krume Kepeski et retraduite quelques années plus tard par Ilija Milčin pour les besoins du Théâtre populaire macédonien (première représentation le 15 avril 1956). Pour ce même théâtre, Ilija Milčin traduit la pièce Les Épousailles en 1948.
Bien que les traducteurs du russe en macédonien soient les plus nombreux et les plus demandés, ils ne jouissent pas d’un statut particulier qui les distinguerait par rapport aux traducteurs des autres langues. Ils sont demandés parce que la poétique des auteurs russes correspond à l’esthétique réaliste-socialiste des écrivains macédoniens de l’époque.
Que traduit-on ?
4.2.4. Quels genres de textes traduit-on ?
Bien que les trois ou quatre premières années de l’après-guerre soient marquées par la prédominance de l’intérêt pour la littérature russe, cet intérêt s’affaiblit aussitôt après l’éloignement politique entre l’URSS et la RSFY, en 1948. Cette année représente également un tournant dans la vie culturelle et littéraire dans toutes les républiques yougoslaves, y compris la Macédoine. Soucieux d’ apporter une contribution à l’évolution et à l’enrichissement de la langue macédonienne normalisée en 1945, les traducteurs (romanciers, poètes, philosophes, intellectuels en général) se lancent dans la traductions d’œuvres qui appartiennent à tous les genres littéraires (roman, poésie, théâtre) et qui proviennent non seulement des pays d’Europe de l’Est, mais aussi de ceux de l’Ouest : Colas Breugnon de Romain Rolland (1948) et Crainquebille d’Anatole France (1947) sont traduits par Šoptrajanov ; Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift (1950) sont traduits par Evguenija Kacavolu. À partir des années 1950, on traduit même des auteurs américains (Hemingway, Pour qui sonne le glas (1958), traduit par Dušan Crvenkovski ; Mark Twain, Tom Sawyer, traduit par Gueorgui Caca en 1959).
On traduit des auteurs classiques (Molière, Corneille, Anatole France, Gorki…) mais aussi des auteurs du modernisme (Baudelaire, Rimbaud, Blok, Faulkner….) On traduit donc de la prose, de la poésie et du théâtre modernes (Camus, Sartre…). (Voir notre réponse à la question 3.2.2. de la 3e partie du questionnaire).
Le pourcentage des textes littéraires traduits en macédonien dépasse largement celui des traductions scientifiques. Ces dernières sont réalisées, dans la plupart des cas, à des fins éducatives.
4.2.5. Y a-t-il à cette époque des changements dans la géographie de la traduction (origine des œuvres traduites) ? S’ouvre-t-on à des littératures non traduites jusque là ? Si oui, lesquelles ?
Les années 1950 et 1960 (voire 1970) sont marquées par une pénétration puissante des littératures et des expériences créatrices étrangères par la voie des traductions. Cette ouverture, qui a commencé par les traductions de la littérature classique russe conventionnelle, est vite renforcée par l’intérêt pour :
- les meilleures réalisations de l’avant-garde littéraire européenne (le modernisme en général),
- la poétique symboliste et surréaliste française : Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé,
- la littérature anglo-saxonne, à travers les premières traductions de la poésie de Whitman, Cummings et Sandburg, Robert Frost, Yeats, Ezra Pound et T. S. Eliot (1964), Edgar Allan Poe (1969) et de la prose de James Joyce (1963), Virginia Woolf (1965), Joseph Conrad, Tomas Wolfe, Ernest Hemingway (1958) et William Faulkner (1964) ;
- la littérature tchécoslovaque : Vítězslav Nezval (Poésie, traduit par Gane Todorovski, 1967) ; le roman Le brave soldat Chvéïk (Доживувањата на добриот војник Швејк) de Jaroslav Hašek est traduitpar Lekoski Stoyan en 1988 ;
- la littérature allemande : Heinrich Heine (Lyrisches intermezzo, Лирско интермецо, traduit en 1952) ;
- la littérature italienne : Elio Vittorini (Uomini e no, Луѓе и нелуѓе, traduit en 1956) ;
- la littérature espagnole : Federico García Lorca (Зелени песни, traduit par Vidoé Podgorec en 1970 ; Поезија, traduit par Mateya Matevski en 1974) ; Rafael Alberti traduit par Mateya Matevski en 1978 (Rafael Alberti est le lauréat des Soirées poétiques de Struga pour l’année 1979).
- la littérature africaine : Camara Laye (L’enfant noir, Црното момче, 1962) ; une anthologie de la poésie d’Afrique Noire, Песни од црна Африка- Антологија, traduite en 1967 par Gane Todorovski et Ljubica Janešlieva) ;
- les littératures des pays scandinaves : Arthur Ludkvist, Поезија, traduit par Ante Popovski et al. en 1977 (Lundkvist est le lauréat pour l’année 1977 des Soirées poétiques de Struga) ; Olav Angell, (Времето е бисер што ја претвора љубовта во школка, traduit du norvégien par Zoya Džunova et publié en 1986) ; Astrid Lindgren (Fifi Brindacier, Пипи долгиот чорап, traduit du suédois par Radmila Džartovska, et publié en 1990), Selma Langerlöf (Прекрасните патувања на Нилс Холгерсон, traduit du suédois par Radmila Džartovska, et publié en1986).
- la littérature latino-américaine est introduite dans les années 1970. Pablo Neruda est traduit par M. Matevski, L. Starova et V. Uroševikj en 1972. (Neruda est le lauréat pour l’année 1972 des Soirées poétiques de Struga). Puis suivent des traductions en macédonien de l’ouvrage de Jorge Amado Gabriela, Cravo e canela (Габриела, каранфил и канела) traduit du portugais par Vangja Čašule en 1982 ; A morte e a morte de Quincas Berro d’Agua (Умирачката и смртта на Кинкас Рикачот) traduit par la même traductrice en 1982 ; Gabriel García Márquez, L’automne du patriarche / Chronique d’une mort annoncée (Есента на патријархот / Хроника на една најавена смрт) traduit par Vangja Čašule en 1983 ; Cent ans de solitudes (Сто години самотија) traduit par Vangja Čašule en 1986 ; Graciliano Ramos, Sao Bernardo (Сао Бернардо) et Sécheresse (Суви животи), traduits par Vangja Čašule en 1986.
L’ouverture aux littératures d’Asie est lancée par la traduction du recueil La Jeune lune (Месечевиот срп) de Rabindranath Tagore, réalisée par Vidoé Podgorec en 1972.
(Voir nos réponses aux questions 3.2.2, 3.2.3, 3.2.4. de la 3e partie du questionnaire.)
4.2.6. Comment les conditions politiques et idéologiques influencent-elles le choix des œuvres traduites (langues-littératures, auteurs, genres) ?
La littérature qui se crée pendant la Seconde Guerre mondiale et surtout jusqu’aux années 1980 est fortement influencée par les scènes de la guerre de libération des peuples de la Yougoslavie. Cela est propre surtout à la littérature pour la jeunesse, dont le but est de populariser le sujet de la guerre et de la révolution parmi les jeunes générations, qui devraient connaître l’héroïsme des enfants-combattants, poursuivre leur œuvre révolutionnaire et faire vivre les idéaux du parti communiste. L’un des idéaux les plus importants était de promouvoir la fraternité et de renforcer l’unité entre les peuples et les minorités yougoslaves.
Ces raisons politiques et idéologiques ont influencé le choix des auteurs à traduire (serbes, croates, bosniaques, slovènes, monténégrins, macédoniens). Les langues à partir desquelles on traduisait le plus étaient le serbo-croate, le slovène et le macédonien. C’est ainsi qu’on a traduit du serbo-croate la prose de Branko Čopić (Prikazni partizanki, Contes sur les partisans, écrit en mémoire des jeunes partisans de Bosnie et Hertzégovine, traduit en macédonien par Vasil Kunoski en 1948), la prose et la poésie de Vladimir Nazor, comme son journal intime publié sous le titre Avec les partisans, son poème Titovoto napred (L’En avant de Tito), le roman d’Ahmet Hromadžić Bistri potoci (Des ruisseaux limpides), le roman de Dušan Kostić Sutjeska, traduit par Jovan Boškovski en 1973, la prose d’Aleksa Mikić (Mali prikazni za golemi deca), la prose de l’écrivain bosniaque Nusret Idrizović (Kozara), la prose de Rodoljub Čolaković (Zapisi od NOB, traduit en macédonien par Mile Korveziroski en 1967 (2e édition). Du slovène, Blaže Ristovski a traduit un recueil de récits de France Bevk publié sous le titre Le livre de Tito, publié en 1978.
Nombre d’auteurs macédoniens (Slavko Janevski, Vidoe Podgorec, Vančo Nikoleski) dont la création littéraire pour les enfants reflète les événements de l’époque de la guerre de libération ont été traduits en serbo-croate et en slovène.
Les mêmes raisons politiques et idéologiques ont conduit à traduire des œuvres des écrivains des minorités turque et albanaise de Macédoine. À partir des années 1950, on a traduit la prose et la poésie des écrivains albanophones Ljutvi Rusi, Adem Gajtani, Nehas Sopaj et des écrivains turcophones Husein Suleyman, Šukri Ramo, Mustafa Karahasan, Nedžati Zekerija, Fahri Kaja, Iljami Emin, Hassan Merdžan et d’autres (cf. les préfaces de А. Аљиу et de И. Еминin, Песни... 1973).
4.2.7. Quels sont les écarts entre la date de parution d’une œuvre dans la langue originale et sa traduction ?
Dans le cas macédonien, les écarts entre la date de parution d’une œuvre dans la langue originale et sa traduction varient selon l’actualité de l’auteur et de son œuvre. Un écart de plusieurs siècles, par exemple, sépare la date de publication des drames de Shakespeare et leur traduction en macédonien. En ce qui concerne la traduction des œuvres des auteurs contemporains (seconde moitié du XXe siècle), l’écart est beaucoup plus faible et se limite à quelques années, voire à quelques mois. (Voir notre réponse à la question 3.2.3. de la 3e partie du questionnaire).
4.2.8. Quels sont les écarts entre le canon littéraire de la langue d’origine et le corpus de textes traduits (traduction d’auteurs ou d’ouvrages jugés secondaires dans la littérature d’origine, ou au contraire absence de traduction d’auteurs ou d’ouvrages majeurs) ? Peut-on identifier les causes de ces écarts ?
Entre le canon littéraire de la langue d’origine et le corpus de textes traduits en macédonien standard on peut constater un écart temporel vu le fait que la normalisation de la langue macédonienne ne se réalise qu’en 1945. À partir de cette date on se lance principalement dans la traduction d’ouvrages majeurs de la littérature russe du XVIIIe au XXe siècle, de la littérature française du XVIIe au XXe, de la littérature allemande, de la littérature anglo-saxonne ainsi que dans la traduction d’ouvrages majeurs des peuples yougoslaves écrits en slovène ou en serbo-croate. Étant donné que le nombre d’ouvrages traduits en macédonien standard au moment de sa normalisation est très restreint, on donne la priorité à la traduction d’ouvrages majeurs qui ont fait date au moment de leur apparition dans leurs littératures respectives.
4.2.9. Citez quelques textes emblématiques traduits à cette époque (s’il y en a), titres et dates.
Un coup d’œil sur l’ensemble des traductions des œuvres étrangères en macédonien montre que les originaux provenaient de pays différents et appartenaient à des époques et à des courants littéraires variés. On peut donner la liste suivante de textes emblématiques traduits :
(En prose)
- BALZAC, Honoré de. Gobseck (Гопсек), traduit par Cvetko Martinovski, 1950.
- ZOLA, Emile. Germinal (Жерминал), traduit par Mile Popovski, 1950.
- FLAUBERT, Gustave.Salammbô (Саламбо), traduit par Vera Hristova, Skopje, 1955.
- CAMUS, Albert. La peste (Чума), traduit par Vera Hristova, 1956.
- MALRAUX, André. La condition humaine (Човечката судбина), traduit par Blagoja Korubin, 1963.
- GORKI, Maxime. La Мère (Мајка), traduit par Aleksandar Ežov, 1946.
- PILNIAK, Boris. La Volga se jette dans la Caspienne (Волга се влева во Касписко море), traduit par Simon Drakul, 1960.
- DEFOE, Daniel. Robinson Crusoé (Робинсон Крусо), traduit parPanče Mihajlov, 1953.
- DICKENS, Charles. Oliver Twist (Оливер Твист), traduit parS. Daskalov, 1953.
- SWIFT, Jonathan. Les Voyages de Gulliver (Гуливеровите патувања), traduit par Evgenija Kacavolu, 1950.
- REMARQUE, Erich Maria. À l’Ouest, rien de nouveau (На запад ништо ново), traduit par Goguševski Dimitar, 1963.
- HEMINGWAY, Ernest. Pour qui sonne le glas (За кого бијат камбаните), traduit par Dušan Crvenkovski, 1958.
(Poésie)
- NJEGOŠ, Petar Petrović. La couronne de la montagne (Горски венец), traduit par Blaže Koneski, 1947.
- HEINE, Ch. J. Lyrisches Intermezzo (Лирско интермецо), traduit par Blaže Koneski, 1952.
- PASTERNAK, Boris. Poésie (Поезија), traduit par Gane Todorovski, 1964.
- POE, Edgar A. Poésie (Поезија), traduit par Gane Todorovski, 1969.
- ELIOT, Thomas Stearns. Poésie (Поезија), traduit par Bogomil Gjuzel, 1964.
- HOMÈRE. Choix de l’Iliade et de l’Odyssée (Избор од Илијада и Одисеја), traduit du grec ancien en macédonien par Mihail D. Petruševski, 1953.
- HOMÈRE. Choix de l’Iliade (Избор од Илијадата), traduit du grec ancien en macédonien par Mihail D. Petruševski, 1969.
(Théâtre)
- CORNEILLE, Pierre. Le Cid (Сид), traduit par Aco Šopov, 1958.
- ROSTAND, Edmond. Cyrano de Bergerac (Сирано де Бержерак), traduit par Аco Šopov, 1957.
- MOLIÈRE, J-B. Le Tartuffe (Тартиф), traduit par Lazo Karovski, 1966.
- GORKI, M. Les Bas-Fonds (На дното), traduit parIlija Milčin, 1961.
- SARTRE, Jean-Paul. Les séquestrés d’Altona (Заточениците од Алтона), traduit par Božidar Nastev, 1962.
Comment traduit-on ?
4.2.10. Trouve-t-on des réflexions et/ou des débats sur la traduction ? Sur quoi portent-ils ?
Parmi les premières réflexions sur la traduction se signalent celles de Blaže Koneski, grand linguiste, poète et traducteur macédonien, présentées dans son article « Kритика на некои наши преводи » (Critique de quelques-unes de nos traductions) et publiées dans la revue Нов ден (en français Nouveau jour) numéro 1-2 de 1948 (réédité dans le mensuel Огледало (Miroir), n° 186-187-188, 2011, p. 10-11). Dans cet article, Koneski souligne la nécessité d’une critique des œuvres littéraires traduites et d’une évaluation de leur qualité. Selon lui, cette critique devrait être « créative », étant donné que la traduction jouait à cette époque (1945-1948) un rôle très important pour l’enrichissement du macédonien, surtout au niveau du vocabulaire et de son expression littéraire. Par « critique créative », Koneski veut dire que chaque traduction devrait être évaluée par des gens compétents qui sauraient veiller au respect de la norme linguistique macédonienne, au respect de l’œuvre originale et au bon développement de la pratique de la traduction. Autrement dit, il devrait y avoir une critique objective qui mettrait en avant les bonnes traductions, celles qui pourraient servir d’exemples, ou rejeter celles qui ne mériteraient pas ce statut.
Koneski évoque aussi le profil du traducteur qui devrait avoir les compétences qui lui incombent (une connaissance parfaite de la langue étrangère, de sa langue maternelle et surtout de leurs cultures respectives) et qui devrait, avant tout, être honnête à l’égard du texte à traduire : « Nous devons souligner que nous avons besoin d’un traducteur honnête. Un traducteur qui serait capable d’accomplir son travail pénible et ardu avec amour et ténacité. » (Конески 2011, p. 10).
En analysant la traduction en macédonien du roman La mère de Gorki, Koneski y constate de nombreux écarts par rapport au texte original, dus à la mauvaise compréhension du texte russe, ainsi que des ajouts dans la traduction et des omissions de nombreuses parties du texte de départ. C’est une pratique qu’un traducteur responsable devrait absolument éviter.
D’autres linguistes et écrivains s’expriment, eux aussi, sur la pratique de la traduction ou sur les traductions littéraires elles-mêmes. Parmi eux se distingue Blagoja Korubin, linguiste et traducteur qui participe régulièrement à des congrès de traducteurs et à des colloques sur la traduction, non seulement en République de Macédoine, mais aussi dans les autres république de la RSF de Yougoslavie et à l’étranger. Ses réflexions portent sur la traduction en général et sur la traduction des proverbes en particulier et sont publiées dans les Actes des congrès ou des colloques, ainsi que dans de nombreuses revues linguistiques macédoniennes.
En République de Macédoine, deux grandes réunions internationales de traducteurs littéraires sont organisées chaque année au mois d’août : les Rencontres internationales des traducteurs littéraires et les ateliers de traduction littéraire organisés durant le Festival international de poésie Les Soirées poétiques de Struga.
(Pour plus de détails sur les sujets traités pendant ces réunions, voir notre réponse à la question 3.2.7 de la 3e partie du questionnaire).
4.2.11. Certains traducteurs écrivent-ils des préfaces explicitant leur pratique ainsi que le choix des textes qu’ils traduisent ?
La plupart des traducteurs, surtout ceux qui ont suivi une formation philologique (littérature et linguistique), préfacent leurs traductions en donnant leur avis critique sur l’œuvre, sur le style de l’auteur ou sur le courant littéraire auquel il appartient. Les préfaces des traductions sont également un moyen par lequel on fait connaître aux lecteurs le nouvel auteur (ou celui que l’on traduit pour la première fois) et son procédé littéraire. C’est ainsi que le public macédonien fait la connaissance de l’œuvre de Charles Baudelaire (traduction des Fleurs du mal (Цвеќињата на злото, 1974), dont la préface intitulée Baudelaire et ses fleurs du mal est écrite par le traducteur Vlada Urošević), d’Arthur Rimbaud (traduction d’un volume de poèmesen 1977), de Belinski (traduction d’un choix de textes en 1976), dont la préface intitulée À la recherche de la vérité est écrite par le traducteur Cvetko Martinovski, d’Alain Bosquet (traduction de La planète et le poète (Планетата и поетот, 1975), dont la postface intitulée Une planète menacée dans les vers de Bosquet est écrite par Vlada Urošević), de Pablo Neruda (traduction d’un volume de poèmes en 1989, dont la postface intitulée L’amour de Pablo Neruda est écrite par Mateja Matevski).
Les traductions dont les préfaces s’intéressent à la pratique du traducteur sont signalées dans notre réponse à la question 3.2.8. de la 3e partie du questionnaire.
4.2.12. Comment la censure influence-t-elle le mode de traduire ?
La création artistique en République socialiste de Macédoine n’échappe pas aux courants idéologiques socialistes qui se reflètent dans la création artistique des autres peuples yougoslaves dans les années 1945-1960 (1970). La doctrine politique du sécularisme, qui est l’un des principes fondamentaux de la RSFY et qui prône la séparation des religions et de l’État, envahit en quelque sorte la création artistique en Macédoine et ouvre largement les portes à la création d’un art de la classe ouvrière (l’art du prolétariat). On voit ainsi fleurir une multitude de romans glorifiant la résistance au fascisme et les luttes de libération durant la Seconde Guerre mondiale.
La doctrine du sécularisme trouve un écho dans la traduction de certains romans et neutralise autant que possible les allusions à la religion chrétienne. C’est ainsi que le traducteur de La petite Fadette de George Sand évite de traduire les phrases de l’original dans lesquelles on parle de Dieu. Le substantif paroissien(s) (personnes qui dépendent d’une paroisse catholique ou protestante) est neutralisé et traduit par селани (paysans), le père Barbeau est traduit par чичко Барбо (oncle Barbeau), etc. Au niveau de l’orthographe, dans la traduction en macédonien de ce roman, le mot Dieu n’est pas écrit avec une majuscule. C’est aussi le cas dans les traductions littéraires en général (par exemple dans Julie ou la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau). En revanche, dans les ouvrages publiés par l’Église (la Bible et autres textes religieux), le mot Dieu est toujours écrit avec une majuscule.
4.2.13. Quel est le rôle des réviseurs dans l’établissement du texte final ?
Les réviseurs (appelés rédacteurs de langue dans les maisons d’édition macédoniennes) étaient un type particulier de traducteurs-linguistes (Корубин 1960, p. 889) dont l’objectif principal était de veiller à l’emploi correct de la langue macédonienne standard qui, après sa normalisation en 1945, faisait ses premiers pas dans la production écrite, représentée beaucoup plus par des textes traduits que par des textes originaux. Les rédacteurs de langue comparaient la traduction macédonienne à l’original et intervenaient d’une manière très forte au niveau du vocabulaire et de la syntaxe. De ce fait, ils assumaient une grande partie de la responsabilité de la traduction publiée (Корубин 1960, p. 891).
Aussi avaient-ils pour but d’encourager la critique de la traduction, tout en attirant l’attention des traducteurs sur leur tâche et sur leur rôle dans l’enrichissement lexical du macédonien. Quelques textes critiques sur la traduction, visant à renforcer le sentiment de responsabilité chez les traducteurs, sont publiés dans les premières années après la Libération (cf. Конески 2011, p. 10-11).
Il est important de dire que nous n’avons pas trouvé de données témoignant que les réviseurs des traductions avaient un but autre que linguistique (politico-idéologique, par exemple).
4.2.14. Y a-t-il des cas de traductions très infidèles à l’original ?
Nous n’avons pas pu trouver d’exemples de traductions très infidèles vers le macédonien.
4.2.15. Les traducteurs traduisent-ils généralement d’une seule langue ou de plusieurs ?
En général, les traducteurs vers le macédonien ne se limitent pas à une seule langue de départ, mais traduisent de plusieurs langues. La plupart des traducteurs de cette période qui possèdent une formation autre que philologique traduisent de ou vers des langues slaves, surtout de ou vers celles parlées en RSFY (le serbo-croate, le slovène). Les traducteurs ayant une formation philologique traduisent de ou vers le macédonien en fonction de la langue qu’ils ont étudiée, c’est-à-dire le français, le russe, l’anglais ou l’allemand, mais aussi le serbo-croate et le bulgare. Les traducteurs des minorités turque et albanaise traduisent dans un sens ou dans l’autre entre le macédonien et leur langue maternelle (le turc ou l’albanais).
Cette diversité des langues des traducteurs macédoniens est caractéristique surtout pour les années 1945-1960 (1970).
Pour les traducteurs qui traduisent durant cette période, voir notre réponse à la question 4.2.1.
4.3. Le rôle culturel de la traduction
La traduction et la langue
4.3.1. Statut de la langue écrite à l’époque (existe-t-il une norme unique pour cette langue ? coexistence éventuelle avec d’autres langues ?)
Depuis 1945, la langue macédonienne est officiellement standardisée avec une norme unique. Elle est aussi l’une des trois langues officielles de la RSFY à coté du serbo-croate et du slovène. Au sein de la RSFY, elle coexiste donc avec ces deux langues.
Pour des données plus précises sur le statut du macédonien, voir notre réponse à la question 3.3.1. de la 3e partie du questionnaire.
4.3.2. La traduction joue-t-elle un rôle dans l’évolution de la langue ?
Les recherches sur l’évolution de la langue dans les premières décennies après la standardisation du macédonien soulignent un lien étroit entre cette évolution et la traduction littéraire de diverses langues vers le macédonien. Blagoja Korubin, celèbre linguiste macédonien, en étudiant le rôle de la traduction dans le développement du lexique standard, signale plusieurs exemples de mots nouveaux formés grâce aux procédés de formation de mots qui respectent le génie de la langue macédonienne. Parmi ces exemples il cite les mots општество (société), селанство (classe paysanne), производство(production), побарувачка (demande), премин (passage), etc. Les créateurs d’une bonne partie du lexique nouveau se trouvent justement parmi les traducteurs (Корубин 1994, p. 219).
Pour plus de détails sur cette question, voir aussi notre réponse à la question 3.3.2.
La traduction et la littérature
4.3.3. La traduction joue-t-elle un rôle dans le développement des formes, des genres et des courants littéraires, notamment par rapport au réalisme socialiste ?
Le réalisme socialiste, dont l’objectif est de peindre la réalité sociale, est un courant littéraire qui prédomine dans la poésie et le théâtre dans les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale et dans certains textes en prose écrits après la guerre. Aux œuvres en prose de Prličev (L’Autobiographie), de Rajko Žinzifov (le récit Prošedba) et aux récits de Ratsine et d'Angelko Krstić s’ajoutent les œuvres datant des années 1945-1955 écrites en accord avec la poétique réaliste-socialiste. Parmi celles-ci on peut citer le récit Ulica (La Rue) et le roman Selo zad sedumte jaseni de Slavko Janevski, la prose de Vlado Maleski, Jovan Boškovski, Kole Cašule, Radoslav Petkovski, Jordan Leov, Ivan Točko, Simon Drakul, Cvetko Martinovski.
La littérature russe ayant une place prédominante dans la traduction littéraire sur le sol macédonien dans les années 1945-1955 (1960), il est très probable que le contact avec les œuvres de Gorki (La Mère, traduit en 1946 par Aleksandar Ežov), Gogol, Tchekhov, Tourgueniev, Solokhov, par exemple, traduits en macédonien durant cette première décennie de l’après-guerre, joue un rôle dans le développement de la littérature sociale macédonienne qui se manifeste par l’apparition du genre du roman (le premier roman macédonien, dû à Slavko Janevski, est publié en 1952) et par le réalisme dans les récits de Blaže Koneski (Lozje (Le vignoble), 1955) et de Slavko Janevski (Klovnovi i lugje, Les clowns et les hommes, 1945).
Selon A. Djurčinova, bien que le récit ne soit pas le genre le plus caractéristique dans la poétique du réalisme social dans le monde, c’est justement ce genre qui est, dans les conditions macédoniennes, le plus présent dans ce type de littérature que l’on peut qualifier de « socialement engagée ou réaliste-socialiste » (cf. Ѓурчинова 1995, p. 271).
4.3.4. L’absence de libre circulation des textes entre l’Occident et le bloc communiste favorise-t-elle les traductions plagiats (textes traduits présentés comme des œuvres originales) ?
On ne connaît dans la littérature macédonienne aucun cas où le traducteur présenterait sa traduction comme une ouvre originale dont il serait l’auteur.
4.3.5. Quelle est la place de la traduction dans la vie littéraire de la diaspora ?
Plusieurs intellectuels, linguistes ou hommes de lettres macédoniens qui ont quitté leur pays natal à partir des années 1960, soit pour des raisons économiques soit pour étudier ou travailler, réalisent des traductions. En bons connaisseurs de la langue macédonienne et de la langue cible, ils traduisent pour faire connaître au public de leur nouveau pays la littérature macédonienne écrite en langue standard. Une des traductrices du macédonien vers le français est Maria Bežanovska-Levavasseur qui, à la fin de ses études de langue et littérature françaises à la faculté de philosophie de Skopje, part en France et y habite (Soisy-sur-Seine) depuis 1964. Elle a travaillé comme journaliste à Radio France internationale. Très active en tant que traductrice de romans macédoniens, elle a traduit en français le roman West Auste de Božin Pavlovski (1979), La grande eau de Živko Čingo (1980), Le cheval rouge de Taško Guéorguievski (1989).
Plusieurs poètes macédoniens du XIXe siècle (Grigor Prličev, Rajko Zinzifov, Konstantin Miladinov) et du XXe siècle (Kočo Racin, Slavko Janevski, Blaže Koneski, Aco Šopov, Gane Todorovski, Mateja Matevski, Ante Popovski, Srbo Ivanovski, Radovan Pavlovski, Bogomil Gjuzel, Vlada Urošević, Petre Andreevski, Petar Boškovski) sont représentés par des traductions de leurs poèmes choisis dans des revues littéraires (Europe n° 435-436, juillet-août 1965) ou dans des Anthologies de la poésie macédonienne (1972, 1978). Parmi les traducteurs de la diaspora qui, dans les années 1960-1989, ont assuré la traduction vers le français de poèmes macédoniens se distinguent Mirjana Čepinčić (Macédonienne habitant en Belgique), Harita Wybrands (Macédonienne habitant à Paris), Maria Bežanovska-Levavasseur et Liljana Mašulovic Marsol (Macédonienne habitant à Paris). Mirjana Čepinčić, en collaboration avec André Doms, a traduit le recueil de poèmes de Slavko Janevski Taureau de cuivre (1988), le recueil de poèmes de Blaže Koneski Le Roi Marco (1986), le recueil de poèmes de Matea Matevski La naissance de la tragédie (1986).
Maria Bežanovska a traduit en français un recueil de poèmes choisis de Radovan Pavlovski, Un autre oiseau dans un autre temps, poèmes adaptés par Jacques Gaucheron (1982).
Liljana Mašulović Marsol a traduit en français l’étude littéraire Kočo Racin, d’Aleksandar Spasov (1986).
4.3.6. Quelle est l’influence des traductions réalisées à l’étranger ?
En ce qui concerne la littérature macédonienne traduite dans d’autres langues ou à l’étranger, cette influence se présente comme une contribution à la promotion de la littérature macédonienne dans les milieux culturels et à la connaissance mutuelle des cultures. La revue littéraire française Europe consacre son numéro n° 435-436 (juillet-août, 1965) à la littérature yougoslave. Trois poètes macédoniens (Blaže Koneski, Matéya Matevski et Vlada Urošević) et deux romanciers (Slavko Janevski et Dimitar Solev) y sont représentés par la traduction de trois de leurs poèmes et de deux extraits de romans. Le n° 588 de la même revue est entièrement consacré à la littérature et à l’art macédoniens (avril 1978). L’influence possible des traductions de la littérature macédonienne réalisées à l’étranger jusqu’en 1989 n’a pas encore fait l’objet d’une étude particulière.
4.3.7. Les traductions en langues occidentales jouent-elles un rôle dans la diffusion de textes interdits ?
Oui, nous en donnons un exemple.
Dušica Strezovska et Radmila Polenak ont traduit en 1970 le roman de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne Le premier cercle à partir de la traduction française. Ce roman qui a été interdit en l’Union soviétique paraît en macédonien aux éditions de Nova Makedonija dans la collection Svet i vreme sous le titre Во првиот круг. Les traductrices ontmentionnéle titre du roman dans son originalen russe, В круге первом. Une deuxième édition de ce roman paraît en 1990 sous le même titre aux éditions de Misla à Skopje. Cette fois, on signale que la traduction macédonienne est effectuée à partir de la version française.
La traduction et la société
4.3.8. Peut-on distinguer des évolutions dans la diffusion et la réception des traductions (tirages, variations de popularité des auteurs, etc.) ?
À partir des années 1950 et 1960, la diffusion des traductions augmente proportionnellement à l’augmentation du nombre d’œuvres traduites, et ce sont les maisons d’éditions qui s’en chargent. L’augmentation des tirages concerne surtout les traductions de la littérature pour enfants, car bon nombre de ces traductions font partie de la liste des lectures obligatoires dans les écoles. C’est ainsi que les traductions de Vingt mille lieues sous les mers et du Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, de Heidi de Johanna Spyri, du Père Goriot et d’Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac, de Tom Sawyer de Mark Twain, d’Anna Karénine de Léon Tolstoï, d’Oliver Twist de Charles Dickens et d’autres furent rééditées plusieurs fois. Le tirage de chacun de ces livres est de 5000 exemplaires par réédition.
4.3.9. Qui prend l’initiative des traductions ? Par quels canaux parviennent les informations sur les œuvres étrangères à traduire et les œuvres elles-mêmes ?
L’initiative peut être prise par les maisons d’édition, par l’Association des traducteurs littéraires de Macédoine (à partir de 1954), par les institutions de l’éducation nationale, mais aussi par les traducteurs eux-mêmes.
Les informations parviennent par l’intermédiaire de contacts entre écrivains macédoniens et étrangers, de chercheurs en littérature, d’hommes de lettres, de revues littéraires étrangères. Un pont culturel entre la France et la Macédoine est créé en 1974 avec l’ouverture du Centre culturel français de Skopje (aujourd’hui Institut français de Skopje). Il devient une source précieuse d’informations sur la création artistique et littéraire en France, tout comme le Centre culturel américain de Skopje qui, dans les années 1970 et 1980, assure le contact culturel entre la Macédoine et les États-Unis.
4.3.10. Quels sont les supports de publication et les modes de diffusion des traductions ?
Un support important pour la publication de textes traduits est le mensuel Oglédalo (Miroir) de l’Association des traducteurs littéraires de Macédoine, qui paraît depuis 1978.
4.3.11. Y a-t-il des revues ou des collections spécialisées dans la publication de traductions ?
Ce type de collections n’apparaît qu’après 1989.
Mais il est important de noter que, chaque année depuis 1971, les éditions du Festival international de poésie « Soirées poétiques de Struga » publient une édition bilingue (en langue originale et en macédonien) de la poésie du lauréat de l’année.
Plusieurs revues littéraires macédoniennes (Sovremenost, Spektar, Razgledi) publient des traductions de poèmes ou d’extraits de romans d’écrivains étrangers.
4.3.12. Quel est le public des traductions ? Est-il différent du public de la littérature originale ?
Il n’y a pas de différence de public, il est le même.
4.3.13. Quelle est l’attitude de la censure à l’égard des traductions ? Est-elle différente de l’attitude à l’égard des œuvres originales ?
La censure à l’égard des traductions n’existait pas.
4.3.14. Y a-t-il des cas d’utilisation de traductions (ou de pseudo-traductions) à des fins de propagande ou au contraire de résistance ?
D’après les données dont on dispose, de tels cas n’existent pas parmi les traductions en macédonien.
4.3.15. Y a-t-il des traductions clandestines et quelle est leur diffusion et leur influence sur la littérature ou la vie culturelle ?
D’après les données dont on dispose, de tels cas n’existent pas parmi les traductions en macédonien.
4.3.16. Y a-t-il des répressions visant des traducteurs en raison de leur activité de traduction ?
Non, il n’y avait pas de répressions visant les traducteurs vers le macédonien en raison de leur activité de traducteurs.
4.3.17. Les traductions anciennes sont-elles victimes de la censure ? selon quels critères ?
Dans la période 1945-1989, les traductions anciennes n’étaient pas victimes de la censure.
4.3.18. Quelles sont les caractéristiques du discours théorique dominant sur la traduction ?
Selon les philologues et les linguistes (Blaže Koneski, Blagoja Korubin, Todor Dimitrovski, Božidar Nastev et d’autres) qui, dans la période 1945-1989, étaient parmi les plus compétents pour se prononcer sur la traduction du point de vue théorique, les traductions vers le macédonien devaient se réaliser en fonction du sens de l’original, tout en respectant le génie de la langue macédonienne. On ne favorise pas la traduction vers le macédonien à partir d’une traduction déjà existante dans une autre langue.
4.3.19. Réception critique des traductions ?
Les Rencontres internationales des traducteurs littéraires organisées par l’Association des traducteurs littéraires de Macédoine étaient le lieu privilégié des discussions et des communications sur la critique de la traduction. Il existait donc une réception critique des traductions vers le macédonien. Les traductions réalisées à partir d’une traduction déjà existante étaient très mal vues, car le nombre d’erreurs y était très grand. De nombreuses communications présentent un inventaire des erreurs commises par des traducteurs dont les noms sont explicitement mentionnés, et elles sont publiées dans les Actes de ces rencontres.
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ШЕЛЕВА, Елизабета. 1995 – „Поетиката на социјалниот реализам и почетоците на македонската книжевна критика“, Македонската литература и уметност во контекстот на поетиката на социјалниот реализам, Компаративно проучување на македонската литература и уметност во XX век, МАНУ, Скопје, 1995 (249-254).
Notes
[1] « Après la Seconde Guerre mondiale, la République de Macédoine fait partie de la République populaire fédérative de Yougoslavie / République socialiste fédérative de Yougoslavie, et c’est à cette époque que les conditions sont créées, du moins dans la Macédoine du Vardar, pour l’introduction de la langue macédonienne en tant que langue officielle. L’une des premières décisions de l’ASNOM (Assemblée antifasciste pour la libération nationale de la Macédoine) concernait l’introduction en République de Macédoine de la langue macédonienne et cela ne doit pas être interprété comme une immixtion de la politique dans les questions relatives à la langue, mais plutôt comme la réparation d’une injustice de plusieurs siècles causée au peuple macédonien. Dans son Guide des langues slaves (1951, p. 243) (« Macedonian » Guide to the Slavonic Languages), Reginald de Bray commence la partie consacrée au macédonien de la manière suivante : « Selon l’ironie de l’histoire, le peuple dont les ancêtres ont donné aux Slaves leur première langue littéraire a été le dernier à réussir à faire reconnaître sa langue comme une langue slave distincte, différente de celle des peuples limitrophes : le serbe et le bulgare. » (Minova-Gjurkova 2006, p. 17-19).
[2] Le réalisme social, en tant qu’orientation stylistique globale, qui apparaît en URSS dans les années 1930, se répand par la suite dans plusieurs littératures nationales. « Parmi les autres termes possibles, écrit Djurčinov, tels “littérature prolétaire”…, “littérature révolutionnaire”…., “nouveau réalisme”…, “réalisme dialectique”, nous avons opté pour ce terme en tant que le plus apte à exprimer la poétique de la production littéraire et artistique que l’on créait chez nous dans la période 1930-1952. Nous sommes parti du fait que, chez nous, la doctrine du réalisme socialiste n’avait jamais réussi à s’imposer dans ses formes extrêmes et rigoureuses et que le terme “réalisme social” se rencontre le plus souvent dans notre critique et notre science littéraires (D. Mitrev)” (Djurčinov 2002, p. 12-13).