Auteur : Marcel Černý, Traduction : Eurydice Antolin

 

1.1 Cadre général introductif

1.1.1. Quel est le premier texte traduit ?

La culture « savante » tchèque du Moyen Age est liée à la transmission et à l’expansion du christianisme. Elle avait primitivement une forme écrite et, après un bref prologue en slavon et vieux-slave, passa à la langue latine dans les monastères, les écoles et, plus tard, à l’université. C’est ainsi que les traductions les plus anciennes, en vieux tchèque, furent directement liées à la traduction des Ecritures saintes ; leur datation étant très approximative, il faut en premier lieu considérer quelques-unes des « premières » traductions.

 

1. Les traductions en slavon tchèque

Bien qu’il existe une incertitude quant à la provenance de quelques-uns des textes parvenus jusqu’à nous, l’ensemble des documents écrits en slavon tchèque ayant été conservé nous incite à déduire qu’ils sont issus d’une activité littéraire riche, tant du point de vue du volume que de la diversité des genres et des styles. Opposons au point de vue sceptique de quelques chercheurs, qui pensent qu’il n’y avait dans la Bohême des Xe et XIe siècles aucune place pour l’émergence d’un si grand nombre de documents, les propos d’Emilie Bláhová : « … si nous supposons qu’une partie du clergé slave (…) a pu se réfugier en Bohême et que le culte slave a perduré jusqu’en 1097, le nombre de documents qui sont supposés avoir émergé en Bohême dans ce laps de temps ne semble nullement excessif. »[1] La diversité générique et stylistique des sources en slavon tchèque qui nous sont parvenus est aussi la preuve qu’ils ne sont pas tous liés au seul monastère de Sázava [2]. C’est justement l’hétérogénéité des traductions et des styles qui donne à penser, à juste titre, qu’il existait un grand nombre de créateurs littéraire, c’est-à-dire de traducteurs. On peut aussi déduire de ces sources l’existence d’autres documents aujourd’hui détruits ou perdus.

Les Kyjevské listy (feuillets de Kiev) occupent une place à part dans le groupe des sources tchéco-slavonnes. Édités pour la première fois en 1890 par Vratoslav Jagić, ils représentent le plus ancien manuscrit connu à ce jour qui offre un texte cohérent en langue slave. Les spécialistes considéraient auparavant qu’il s’agissait d’un document fragmentaire, il a cependant été prouvé que ce texte était complet. [3]

Les feuillets de Kiev sont rédigés en écriture glagolitique, il s’agit d’un libellus missae de culte occidental. Ils comportent treize pages (sur sept feuillets) de petit format. La première page du premier feuillet est un palimpseste, elle est recouverte d’écriture en glagol de type plus tardif. Elle comprend une partie de l’épître de Paul aux Romains et une prière à la Vierge Marie pour l’Annonciation. Ces textes sont des traductions du Liber sacramentorum latin, le sacramentaire du pape Grégoire le Grand. Les feuillets comprennent dix formulaires de messe qui forment trente-huit courtes prières. L’original latin des feuillets de Kiev fut inconnu pendant une longue période. C’est en 1929 que le bénédictin suisse C. Mohlberg rendit publique sa découverte d’un texte latin, connu aujourd’hui sous le nom de « Codex de Padoue D 47 », et qui date du tournant des VIIe et VIIIe siècles. Ce sacramentaire latin n’était vraisemblablement pas un texte isolé, on considère toutefois que l’original des feuillets de Kiev était en relation directe avec le texte du Codex de Padoue D 47. [4]

La question de la datation et des conditions dans lesquelles le texte a vu le jour est très problématique. J. Vašica [5] par exemple, estime qu’il est possible de mettre ce texte en lien avec l’activité de Constantin-Cyrille, il rattache donc les feuillets au séjour de Constantin à Rome, ou à la période qui suivit immédiatement, et il considère que les auteurs pourraient être quelques-uns des élèves moraves de Cyrille. La littérature spécialisée met en avant l’idée que ce texte date du début du Xe siècle. On considère généralement que cette copie fut effectuée en Bohême. Des chercheurs tels que F. V. Mareš [6] ou V. Tkadlčík [7] considèrent que le texte tel qu’il est parvenu jusqu’à nous est un original de Grande Moravie, datant du IXe siècle. R. Večerka, s’il considère que cela est probable, dit cependant : « Le document que sont les feuillets de Kiev peut être tenu pour une clé de voûte de la culture de Grande Moravie et stricto sensu tchèque [de Bohême], (…) la concordance des us linguistiques de Grande Moravie et de la Bohême des débuts ne permet pas de distinguer de façon univoque s'ils appartiennent encore à la tradition des manuscrits de Grande Moravie (…) ou s’ils ont été, sous forme de copie, effectués dans la Bohême des Přemyslides. » [8] Il s’est interrogé aussi, dernièrement, en lien avec les feuillets tels qu’ils nous sont parvenus, sur les origines moraves des vestiges littéraires. [9]

La deuxième légende slavonne de saint Venceslas (sv. Václav)

Cette légende est, en réalité, la traduction de la légende de Gumpold, évêque de Mantoue, vraisemblablement écrite dans le troisième tiers du Xe siècle.[10] Les liens entre la traduction slavonne et le texte de la Légende de Gumpold donnent à penser que le traducteur tchèque a complété et corrigé le texte en utilisant des légendes latines. L’hypothèse de l’origine tchèque de ce texte se base sur le fait que la Deuxième légende de saint Venceslas est une traduction du latin ; ce qui atteste cette origine, ce sont les nombreux bohémismes que contient le texte et qui concordent notamment avec la traduction des Quarante homélies sur l’Evangile de Grégoire le grand (Instructions sur l'Evangile). La communauté scientifique n’est pas parvenue à s’accorder sur la datation de ce texte. Une partie des chercheurs relie sa genèse à l’activité du cloître d’Emmaüs, en d’autres termes la fait remonter au XIe siècle ; les autres supposent qu’il a été écrit plutôt au Xe siècle (par exemple J. Pekař, R. Večerka, F. V. Mareš).[11] La Deuxième légende de saint Venceslas est incluse dans deux copies tardives en russe-slave datant des XVe et XVIe siècles. L’art de traduire de son auteur a souvent été, dans la littérature spécialisée, passé au crible de jugements très critiques.[12] F. V. Mareš pense cependant que ces critiques sont sans fondement : «… on s’étonne que le traducteur ait excellemment maîtrisé un texte si difficile, ardu sur le plan syntaxique, lexical et stylistique.» [13]

La légende de saint Guy (Vít)

La Légende de saint Guy, relatant les supplices des martyrs Guy (Vít), Modeste et Crescence, est une traduction du latin. Elle est le parallèle latin au Passional de Zagreb, du Xe ou XIe siècle, publié par L. Matějka [14] ; G. Kappel a publié une version encore plus proche du latin en comparaison à la version slave [15]. Elle est conservée en quelques copies russes, dont la plus ancienne fait partie du recueil Ouspensky, datant du tournant des XIIe et XIIIe siècles. Dans ce même codex est inclus le plus ancien texte attesté, la Vie de Méthode et Louange de Cyrille et Méthode. La grande proximité entre la Vie de Méthode et la Légende de saint Vit (Guy) est ordinairement présentée comme un témoignage du fait que l’original du manuscrit Ouspensky (XIIe siècle) est parvenu à la Rus depuis le milieu tchèque. La Légende de saint Vit, telle qu’elle apparaît dans ce recueil, a été publiée pour la première fois par A. I. Sobolevskij en 1903. La naissance de cette légende est habituellement considérée comme datant du Xe ou du XIe siècle, ou encore de l’époque de la Grande Moravie.[16] Josef Vajs a publié le fragment d’un bréviaire du XIVe siècle, rédigé en glagol croate, qui comprend une partie d’un office de saint Vit. Bien que le la légende de saint Vit ne diffère pas dans le bréviaire croate, J. Vajs suppose que la naissance de cet office peut être en rapport avec l’activité du cloître d’Emmaüs. Le texte de la légende de saint Vit, conservé dans quelques manuscrits anciens, a vraisemblablement servi de base à un extrait du bréviaire. [17]

L’Evangile de Nicodème

Il s'agit d'une traduction du latin dont les différentes versions sont conservées dans des manuscrits russe-slaves des XIVe et XVIe siècles, et serbe-slaves des XIVe et XVe siècles. Ce sont surtout les deux manuscrits les plus anciens, le manuscrit dit de Novgorod (XIVe siècle), publié par E. Vaillant en 1968, et le manuscrit serbe (XIVe ou XVe siècle) publié par L. Stojanović en 1885, qui comprennent des traits linguistiques considérés comme étant la marque d’une origine tchèque.[18] Ce sont particulièrement les slavistes tchèques qui s’accordent sur la provenance tchèque de l’Evangile de Nicodème. [19]

Quarante homélies sur l’Evangile du pape Grégoire le grand (Instructions sur l'Evangile)

Ce document est une traduction du latin en slavon tchèque datant du XIe siècle. Il s’agit du plus ancien document de la Bohême médiévale. On considère habituellement que la genèse de ce texte est en rapport avec le monastère de Sázava. Le texte est conservé en plusieurs copies rédigées en russe-slave, la plus ancienne datant du XIIIe siècle est dite « Manuscrit de Podogin », la plus récente date du XVIIe siècle. Le texte a été analysé par F. V. Mareš [20] ou encore J. Reinhart [21], qui démontrent l’origine tchèque de cette traduction. Une première édition des vestiges les plus importants en slavon tchèque a été effectuée par Václav Konzal en deux volumes datés de 2005 et 2006.[22]
L’origine tchèque de la traduction est attestée par de nombreux indices, tant linguistiques qu’extra linguistiques. Au-delà du fait que cette traduction est celle d’un original latin, l’autre argument qui témoigne de sa provenance tchèque est l’auteur de l’original : Grégoire le grand. De ce point de vue, nous avons affaire à un vestige « bénédictin », ce qui permet de relier indirectement la traduction au monastère de Sázava. Une preuve bien plus probante est fournie par son riche matériau linguistique : les bohémismes que comprend le texte sont des termes courants, des expressions issues du christianisme et des terminologies agraires et juridiques aussi bien qu’économiques et astrologiques etc. Le matériau linguistique fourni par ce vestige a permis à F. V. Mareš [23] de reconstituer le slavon tchèque.

2. Les traductions en tchèque ancien

Quelques centaines de gloses interlinéaires de la fin du XIIe siècle ont été conservées dans le Livret de gloses du psautier latin [24]. Peu de temps après, on voit apparaître une traduction cohérente du psautier ; sont conservés des fragments du début du XIVe siècle et l’intégralité du psautier Wittenberg (env. 1350) dont une copie plus récente, et distante par certains détails, est formée par le psautier qu’est la Bible de Dresde (1360) ainsi que par le Psautier de Poděbrady (1396). Le psautier en vieux tchèque était destiné aux nonnes et aux jeunes filles nobles se trouvant dans les couvents (à Prague, les bénédictines de Saint Georges et les dominicaines du quartier de la Vieille Ville). Aux alentours de 1350, une deuxième traduction du psautier, qui comprend des néologismes, voit le jour ; elle est conservée dans le Psautier du Clementinum. Les psautiers dits Wittenberg et du Clementinum ont directement influencé les premiers psautiers en vieux polonais, les psautiers Florian (fin du XIVe siècle) et Pułavsky (deuxième moitié du XVe siècle).[25]

C’est vers la fin du XIII e siècle qu’apparaît la Kunhutina modlitba (prière de Kunhuta) avec son incipit « Vítaj, král´u všemohúcí » ("Bienvenue à toi, ô roi omnipotent") [26], conservée dans le codex saint Georges de l’abbesse de Kunhuta, fille du roi Přemysl Otakar II (deuxième décennie du XIVe siècle). Cette traduction est une paraphrase de l’hymne eucharistique De corpore Christi, le thème en est inspiré d’une séquence de Thomas d’Aquin Lauda Sion Salvatorem. [27]

Peu après 1300 a été traduit un évangéliaire dans lequel sont conservés deux fragments datant de la première moitié du XIVe siècle et trois copies de la deuxième moitié du XIVe siècle (manuscrits Seitenstetten, Rajhard et « de Vienne »). Les traducteurs étaient très probablement des bénédictins de Břevnov et cet évangéliaire était à l’usage des religieuses du couvent bénédictin de saint Georges. Après 1350, une deuxième traduction de l’évangéliaire est effectuée, elle est conservée dans Čtení knězě Benešovy [Lecture du prêtre de Benešov] et Čtenie zimnieho času [Lecture pour l’hiver]. À la même époque est aussi traduit l’Evangile de Mathieu, augmenté d’homélies, qui a une relation directe à la traduction tchèque de la Bible dans son intégralité.[28]

À l’époque de l’évangéliaire tchèque voient le jour un cycle des plus anciennes légendes tchèques versifiées (Supplice du Seigneur, Descente du saint Esprit, De la vierge Marie, Des apôtres, De Jacob le petit, De Judas, De Pilate, Du Pape Sylvestre, etc.)[29] et une vaste épopée chevaleresque médiévale sur la vie d’Alexandre de Macédoine, l’Alexandreide (autour de 1300, voir plus loin).
Pour les débuts de la prose tchèque les textes Vie du Seigneur Jésus (avant 1357), basé sur les Meditationes vitae Christi et attribué par erreur à saint Bonaventure (vraisemblablement écrit à la fin du XIIIe siècle par un franciscain anonyme du cloître de San Gimignan) et le Passional en vieux tchèque [30](autour de 1357-1365 ; il comprend 166 récits de plus que l’original, entre autres sur les saints tchèques et sur l’empereur Néron), adaptés de la Légende dorée (Legenda aurea, avant 1260), œuvre du dominicain gênois Jacques de Voragine, qui deviendra archevêque, ont une importance capitale. Les deux œuvres ont été librement adaptées de l’original pour un public de nobles tchèques (sous l’impulsion de Charles IV) par un dominicain anonyme, très probablement le traducteur de quelques passages de la traduction tchèque de la Bible.

1.1.2. À quelle époque commence-t-on à traduire les textes religieux dans votre langue ?

 

Les écrits tchèques sont les plus anciens de la littérature slave. Leurs débuts sont liés à la christianisation, les premiers souverains tchèques ayant été baptisés en Bavière, à Ratisbonne, dès 845. Pourtant, ce qui fut déterminant pour la naissance de la littérature en vieux slave, ce fut l’arrivée en Grande Moravie des missionnaires slaves Constantin-Cyrille et Méthode en 863. Ils baptisèrent de leurs mains, en 874, le prince tchèque Bořivoj et la princesse Ludmila, nourrice de saint Venceslas.
Les écrits en slavon tchèque se sont développés entre la fin du IXe siècle et l’expulsion des moines slaves du monastère de Sázava (en 1097), monastère qu’avait fondé le prince Oldřich pour saint Procope en 1032. L’influence de l’occident latin sur l’histoire et l’écriture tchèques était durable et n’avait cessé de se renforcer depuis la fondation de l’évêché de Prague, en 937 (l’évêque de Prague était alors subordonné à l’archevêque de Mayence).

 

À partir du XIIIe siècle, une autre langue commence à être utilisée dans l’espace tchèque, en sus du latin : l’allemand. Cette langue prend ses droits dans les monastères et les villes, ainsi qu’à la cour et dans les régions frontalières, qui sont colonisées par des populations allemandes. Les minnesänger introduisent en Bohême la poésie chevaleresque et la poésie courtoise. Il existe de nombreuses informations sur leurs rapports avec les Přemyslides : Venceslas I (Václav I) accueille Reinmar de Zweter, Přemysl Otakar II fait terminer le poème Willehalm (de Wolfram von Eschenbach) par Ulrich von Türlin, Ulrich von Eschenbach dédie son Alexandreide à Venceslas II dont il commémore le décès.[31] Vers la fin du XIIIe siècle, la traduction du psautier et la Prière de Kunhuta (« Bienvenue à toi, roi omnipotent ») voient le jour, l’évangéliaire est traduit au tout début du XIVe siècle.

Il faut signaler qu’une partie considérable des vestiges écrits du Moyen Age tchèque est plus ou moins classée dans les « traductions fortement adaptées » et que les traductions au sens restreint du terme (c’est-à-dire ayant pour but premier de transmettre un texte étranger voire un auteur étranger, de faire passer par les moyens d’une langue maternelle le sens d’une œuvre originale dans le sens d’une œuvre traduite et en deuxième lieu seulement de résoudre la façon de s’approcher de l’horizon d’information et d’ajuster le cadre de la langue maternelle ) ne se rencontre qu’aux débuts de l’humanisme.[32]
La continuité des vestiges littéraires en vieux tchèque (pour la plus grande part inspirés de textes latins, parfois au point qu’ils peuvent être considérés comme des libres adaptations ou des paraphrases, d’autres fois comme des premières impulsions motivées par la naissance d’œuvres plus ou moins originales), que ces textes soient versifiés ou en prose, peut être suivie sur le déroulement d’un seul siècle qui s’étend de la fin du règne des Přemyslides (1306) à l'époque de Jan Hus (1409). Cette période d’environ un siècle peut être divisée en deux étapes :

1. De la fin des Přemyslides (1306) à l’instauration du règne de Charles IV (1346) – début de la période gothique.

Ce qui est important pour la vie littéraire de Bohême c’est que durant cette période le clergé étudie en Italie, ce qui fait émerger une autre culture, répandue par les frères mineurs et les dominicains. Durant le gothique tardif de Bohême se marient les idéaux chevaleresques et la représentation d’une sainteté fervente, les deux étant personnifiés par le culte chrétien de l’individualité (d’où l’interaction des épopées légendaires spirituelles et des épopées chevaleresques, comme par exemple l’Alexandreide tchèque). La littérature proprement tchèque a déjà des premières œuvres de grande ampleur, par exemple la chronique versifiée patriotique qui se trouve sous le double titre de Chronique de Dalimil et Chronique de Boleslav (1314, 4600 vers), liée au début du règne de Jean de Luxembourg (institué sur le trône en 1310).

2. De l’avènement de Charles IV (1346) à l’entrée dans l’histoire de Jan Hus (1409) – période gothique

Le règne du roi Charles peut être qualifié d'âge d’or de la littérature en vieux tchèque, ainsi que de l’État de Bohême.[33] Prague devient alors un centre européen significatif où viennent d’importants architectes européens (notamment français). L’université Charles est fondée (1348), on y enseigne la langue latine, et l’évêché de Prague est élevé au rang d’archevêché (le premier archevêque est Arnošt de Pardubice), ce qui dégage l’Eglise tchèque de sa subordination à un archevêché étranger, en l’occurrence celui de Mayence en Allemagne. Charles IV (1316-1378), roi tchèque et empereur du saint empire romain,[34] a soin du développement de la littérature scientifique, encourage l’historiographie, les œuvres lexicographiques et juridiques, ce qui se reflète dans l’édification des belles lettres.

1.1.3. Date de la première traduction intégrale de la Bible ?

Le chercheur Vladimír Kyas (1917-1990) s’est systématiquement consacré à l’histoire de la traduction tchèque de la Bible.[35] D’après lui, la première rédaction d’une traduction intégrale de la Bible a été effectuée par une dizaine de spécialistes qui travaillèrent en deux groupes pendant trois à cinq ans, dans les années 1350 (avant 1357).[36]
Ce sont tout d’abord les Évangiles qui sont traduits, puis le livre de Moïse, enfin l’Ancien Testament et le Nouveau. Le texte du psautier fut repris de la traduction tchèque déjà existante. La langue de la première rédaction est châtiée et évoluée, elle témoigne du développement de la littérature en vieux tchèque, qui commence au XIIIe siècle. La traduction est précise sans être pour autant littérale, des commentaires explicatifs (concernant les réalités étrangères) témoignent d’un effort fait dans le sens d’une bonne compréhension. L’original latin sur lequel s’appuie la première rédaction (toutes les Bibles tchèques, à l’exception de la Bible de Kralice sont traduites du latin) reste inconnu à ce jour, il s’agissait vraisemblablement de l’un des manuscrits dit de Paris (de la Sorbonne), d’une version de la Vulgate.[37]
La version originale de la première traduction n’a pas été conservée. La plus ancienne version, une copie, avait été conservée dans la Bible de Dresde (dite aussi Bible de Leskovec, environ 1360) dont l’original a brûlé en 1914. Nous ne connaissons à peu près qu’un tiers du texte, grâce à des photocopies et une copie moderne de Josef Vraštil. Il s’agissait de la plus ancienne Bible slave conservée. On trouve d’autres copies de la plus ancienne traduction dans les Bibles de Litoměřice-Třeboň (1411-1414) et d’Olomouc (1417 ; les Epîtres et les Actes des apôtres sont cependant issus d’une deuxième traduction). Quelques fragments sont conservés dans la Lecture pour l’hiver ou l’Evangile de Mathieu augmenté d’homélies. Ses échos excluent le Comestor en vieux tchèque. Le Comestor est une traduction du commentaire à la Vulgate intitulé Historia scholastica et rédigé par le professeur parisien Pierre de Troyes (mort en 1179) alias Petrus Lombardus, surnommé aussi Comestor ou Manducator (c’est-à-dire « le mangeur » ou « le masticateur », comme s’il avalait des gloses en grande quantité). Cette traduction, en vieux tchèque, date manifestement de la fin du XIVe siècle et c’est vraisemblablement l’œuvre des moines d’Emmaüs (du monastère Slave / Na Slovanech)[38]. Elle est en effet rédigée, comme nombre de vestiges en vieux tchèque issus de ce cloître, en glagol[39] et la version glagolitique exclue une forme de la traduction plus primitive que les manuscrits et fragments rédigés en alphabet latin. A cause de son caractère fragmentaire et du caractère ardu de sa lecture, le Comestor glagolitique a été laissé de côté par les recherches critiques sur les traductions tchèques, toutefois il apparaît aujourd’hui comme étant la plus ancienne traduction. Son édition, en miroir avec l’original latin, a été dirigée par l’éminente spécialiste du tchèque glagolitique Ludmila Pacnerová (1925-2008), qui a également dirigé la publication de la Bible glagolitique en vieux tchèque, ce qui représente deux éditions de traductions en vieux tchèque.[40] Dans les exergues bibliques, le Comestor est issu de la première rédaction (l’Ancien Testament), dans les Évangiles, il se rapproche de la deuxième rédaction, plus récente, de l’évangéliaire tchèque.

Pour ce qui concerne l’édition de la première rédaction, V. Kyas a publié, en 1969, « Proposition pour l’édition de la Bible en vieux tchèque » (in Listy filologické n° 92, 1969, pp. 332-339), qui a été approuvé la commission pour l’édition de la Bible en vieux tchèque du collège scientifique des linguistes de l’Académie tchèque des slavistes, dirigé par Bohuslav Havránek. Sur les cinq volumes prévus de l’édition des Bibles en vieux tchèque de Dresde et d’Olomouc, soit la première traduction intégrale de la Bible tchèque, Kyas est parvenu à réaliser trois volumes : Evangiles (Prague, 1988) ; Épîtres, Actes des apôtres, Apocalypse (Prague, 1985 ); Genèse, Esdras (Prague, 1988) ; Tobie, Siracide (Padeborn, 1996, préparé par Kyas, publié dans le cadre de Biblia Slavica.) Le dernier volume, préparé par Jaroslava Pečírková (et al.) a paru l’an dernier en deux volumes : I. Isaïe, Daniel ; II. Osée, Macchabées (Prague, 2009). Ainsi culmine un projet qui, avec l’édition de la traduction en slavon tchèque de Quarante homélies de Grégoire le grand (Prague, 2005-2006), se range parmi les plus importants travaux d’édition de la philologie tchèque d’après guerre.

Les Tchèques ont aussi, au sein du monde slave, une autre primeur : une impression intégrale de la Bible. En 1488, à Prague, est publiée la Bible de Prague et, en 1489, la Bible de Kutná Hora illustrée de 116 gravures sur bois.[41]

 

1.2. La pratique de la traduction

Qui traduit ?

1.2.1. Qui sont les traducteurs (formation, langue maternelle, statut social, quelles sont leurs conditions de travail ? sont-ils reconnus en tant que traducteurs, s’agit-il de leur activité principale ? etc.) ?

D’après Kyas [42], la première rédaction de la traduction tchèque de la Bible a été faite, sans doute sur sollicitation de Charles IV, par une dizaine de spécialiste ayant travaillé en deux groupes pendant trois à cinq ans dans les années 1350 (avant 1357), vraisemblablement pour quelques couvents pragois, les bénédictines de saint Georges, les dominicaines de sainte Agnès. Ce qui a induit ce jugement sur les destinataires est le fait que les traducteurs ont atténué les allusions sexuelles et les scènes violentes. Le premier groupe était formé de bénédictins de Břevnov, plus tard se sont joints à eux des dominicains, possiblement des prêcheurs pragois dont la langue maternelle était sans nul doute le tchèque. S’appuyant sur l’analyse de la langue, Kyas a démontré qu’avait participé au travail de la première rédaction le traducteur anonyme du Passional (dont le Tobie circulait par ailleurs) et de la Vie de Jésus en prose, et qui est aussi l’auteur de la préface en vieux tchèque de la Genèse, Prologus in Bibliam. Kyas pensait aussi, à l’origine, qu’avait participé le théologien Jan Milíč de Kroměříž (Miliczius de Chremsir, mort en 1374)[43], cependant une datation plus précise de la Bible de Dresde a montré que ce n’avait pu être le cas.

Ce n’est que plus tard que nous aurons des informations sur les autres traducteurs des textes directement liés à la Bible voire ceux de la Bible même, car les informations sur la Bible manuscrite concernent généralement plutôt les copistes (par la suite les imprimeurs et éditeurs) et les personnes qui la possédait, non les auteurs de la traduction eux-mêmes. Il faut cependant mentionner une question qui reste ouverte concernant la deuxième rédaction de la Bible en vieux tchèque, datée d’environ 1410, le plus ancien exemplaire conservé étant la Bible de Boskovice (environ 1415) rédigée dans le nouvel orthographe diacritique et vraisemblablement à l’usage de nobles hussites, bellement et richement illustrée. Jan Hus (environ 1371-1415) a-t-il directement participé à la traduction lors de la deuxième rédaction, et éventuellement la troisième (terminée au plus tard en 1413), de la Bible en vieux tchèque et était-il véritablement l’auteur du traité Orthographia Bohemica qui fonde les principes de l’orthographe diacritique tchèque ? [44]
Pour indiquer les personnalités éminentes liées à la traduction tchèque de la Bible, nous mentionnerons ces éditions imprimées (la Vulgate latine paraît dans une version imprimée en deux volumes pour la première fois en 1422/24-1519 ; le tchèque, le français et l’allemand sont les seules langues nationales dans lesquelles la Bible a été imprimée avant 1500[45]) :

La Bible de Prague (1488)

Première Bible slave imprimée, elle synthétise quatre traductions en vieux tchèque, d’après Kyas il s’agit de l’œuvre d’un « groupe de maîtres de l’université et d’autres spécialistes, ainsi qu’il est mentionné dans la Bible de Prague, avec manifestement l’assistance de Václav Konrád le jeune, ministre des deux espèces ».[46] Václav Konrád le jeune (1422/24- 1519) est un théologien utraquiste et écrivain.[47]

Le Nouveau Testament de Lukáš (1525)

Une importante tentative de traduction indépendante du Nouveau Testament par l’Unité des frères, dont l’auteur est frère Lukáš, auteur également de la préface dans laquelle il s’exprime sur sa pratique de la traduction (par exemple, il ne voulut pas traduire le mot "amen",  il archaïsa de façon artificielle le renouvellement de l’imperfectif…).

Le Nouveau Testament d’Optát (1533)

Une intéressante traduction morave, à l’origine de la première grammaire tchèque, qui disserte sur les problèmes de traductions du latin biblique. Les traducteurs ont travaillé à Náměstí nad Oslavou (non loin de Brno), dans le domaine de Václav Meziříčský de Lomnice qui, vers la fin des années 1520, a recruté comme précepteur de ses fils le prêtre utraquiste et écrivain Václav Beneš Optát (mort en 1559). L’ancienne abbesse du couvent royal de Staré Brno, Johanka de Boskovice lui proposa de traduire le Nouveau Testament gréco-latin d’Erasme de Rotterdam à ses frais. Les Annotationes d’Erasme l’aidèrent à éclaircir des expressions bibliques et c’est d’après son Paraphraseon (interprétation du Nouveau Testament et de la doctrine chrétienne) qu’il révisa l’édition tchèque existante. N’étant pas très assuré de son tchèque, il collabora avec le prêtre pragois Petr Gzel (mort après 1564). L’orthographe tchèque étant à l’époque incertaine, les deux traducteurs écrivirent alors un manuel intitulé Orthographia (rédigé en tchèque) qui est devenu l’embryon de la première grammaire tchèque : Grammaire tchèque en deux parties (1533)[48], à laquelle un troisième auteur, le prêtre Václav Filomates (mort env. 1550) ajoute une troisième partie plus vaste, Etymologia (rédigée en tchèque et latin). Le Nouveau Testament d’Optát est la première traduction qui ne s’appuie pas sur la Vulgate. Elle présente la lettre du Pape Lev X à Erasme de Rotterdam, datée du 10 septembre 1518, ce par quoi Optát réfère directement à Erasme et non à l’interprétation qu’en donne Luther. Pour cette traduction, il a choisi une langue populaire qui lui était contemporaine (suivant la prescription de Luther, dont il connaissait bien naturellement l’édition en allemand du Nouveau Testament), se distinguant volontairement du tchèque archaïsant qui était typique du style biblique de l’époque. L’influence culturelle et religieuse d’Optát est comparable à celle de son analogue français, Jacques Lefèvre d’Etaples, dont il se réclame à plusieurs reprises (Lefèvre d’Etaples lui a fournit son commentaire en latin des Evangiles et des Epîtres).[49]

Le Nouveau Testament retraduit en tchèque (Ivančice 1564, 2e éd. 1568)

Première traduction indépendante de la Bible (du Nouveau Testament), elle est basée sur les langues originales de la Bible. C’est la traduction du Nouveau Testament latin de Théodore de Bèze (datant de 1559-1560), elle prend en compte aussi la version en grec dont Bèze fut l’éditeur en 1565. Cette traduction est effectuée par l’humaniste et évêque de l’Unité des frères Jan Blahoslav (1523-1571). Blahoslav est le premier à introduire un commentaire (concordance et exégèse). Sa traduction est, plus tard, passée dans la Bible de Kralice. Il est aussi l’auteur d’une grammaire tchèque estimée (1571) qui est, en fait, une version augmentée de la grammaire d’Optát, Gzel et Filomates, richement complétée.[50] Blahoslav avait l’intention de traduire aussi l’Ancien Testament, mais sa mort l’en a empêché.

La Bible de Kralice (6 vol., 1579-1594)

Il s'agit de la Bible de référence pour la Réforme tchèque, œuvre littéraire monumentale de l’Unité des frères. C'est la première traduction connue à ce jour qui ait été basée sur les textes hébreu (le manuscrit de la traduction de l’Ancien Testament à partir de l’hébreu, dont l’auteur est Jan Vartovský de Varta, mort en 1559, n’a été ni imprimé ni conservé) et grec. Dans cette traduction, on peut observer un lien tantôt avec la science biblique de l’époque, tantôt avec la philologie humaniste européenne (hébraïsme et hellénisme), l’exégèse biblique et la réforme. L’édition de cette Bible a été précédée d’un travail préparatoire approfondi. Les jeunes érudits de l’Unité avaient étudié dans des universités étrangères. Une bibliothèque spécialisée a été construite à Kralice, en Moravie, et une imprimerie créée (qui se trouvait à Ivančice avant d’être localisée à Kralice).[51]

L’initiateur de cette nouvelle traduction était l’évêque de l’Unité des frères, Jan Blahoslav, traducteur du Nouveau Testament et de la grammaire tchèque de 1571, dans laquelle il a formulé les principes linguistiques et stylistiques de la bonne traduction (voir ci-dessus). Il était nécessaire de compléter le Nouveau Testament de Blahoslav par l’Ancien. Le travail commença au début de l’an 1577, à Ivančice, sous la direction de l’évêque Ondřej Štefan (mort en 1577), élève de Blahoslav. Nous ne connaissons l’identité des autres traducteurs que par des allusions, leurs noms n’apparaissent pas dans la Bible de Kralice. L’équipe était formée du professeur d’hébreu Mikulaš Albert (Albrecht) de Kaménko (mort en 1617 ; premier professeur attitré d’hébreu de l’université de Prague à partir de 1611) ; Lukáš Helic, juif converti originaire de Poznan, instruit par l’Unité des frères ; Jan Heneáš (mort en 1594) senior de l’Union ; Izaiáš Cibulka (Caepola, mort en 1582) co-senior et intendant du concile de Kralice ; le co-senior Jiří Strejc (Vetter) et ses assistants universitaires Pavel Jessen (mort en 1594), Jan Efraim et Jan Kapito (Hlaváč) –morts en 1589. La révision du Nouveau Testament de Blahoslav a été effectuée par Jan Němčanský (mort en 1598) et cette version a été publiée dans le sixième volume de la Bible de Kralice. Zachariáš Ariston (mort en 1606) s’est chargé de la deuxième édition, parue en 1601. Ces théologiens et philologues avaient pour tâche de contrôler mutuellement leurs traductions, nous n’avons toutefois aucune information concrète sur leur partage effectif des tâches.

La Bible de Kralice se distinguait par ses nombreux commentaires détaillés, tant exégétiques qu’archéologiques, historiques, géographiques, naturalistes, médicaux, ethnographiques, philosophiques et mythologiques, cette Bible devant quasiment se substituer à une bibliothèque théologique complète. Elle se distinguait aussi par une nouveauté : le partage des strophes en vers d’après le modèle de l’imprimeur Robert Stephane, dont la Bible avait paru en 1551.

Les traductions modernes (XXe siècle)

Il existe durant le XXe siècle quelques traductions qui prennent en compte les langues d’origine de la Bible (sur cette question, voir les travaux de Josef Bartoň[52]), la plus importante, qui est même aujourd’hui utilisée pendant le culte, est la traduction œcuménique tchèque (1968-1979).

Que traduit-on ?

1.2.2. Quels types de textes religieux traduit-on ?

Il nous faut rappeler qu’une partie considérable des vestiges écrits du Moyen Age tchèque est plus ou moins classée dans les traductions « fortement adaptées » et que les traductions au sens restreint du terme (c’est-à-dire ayant pour but premier de transmettre un texte étranger voire un auteur étranger, de faire passer par les moyens d’une langue maternelle le sens d’une œuvre originale dans le sens d’une œuvre traduite et, en deuxième lieu seulement, de résoudre la façon d’approcher l’horizon d’information et d’ajuster le cadre de la langue maternelle ) ne se rencontrent qu’aux débuts de l’humanisme.

La naissance de la poésie métrique tchèque est un épisode particulièrement intéressant : le Slovaque Vavřínec Benedikt de Nudožery, exerçant à Prague, a publié une traduction versifiée de psaumes intitulée Quelques psaumes (choix de textes, 1606). En 1620, Jan Amos Komenský (Comenius) écrit un traité programmatique, non publié alors, intitulé De la poésie tchèque, dans lequel il défend la valeur de la prosodie en tchèque. Il tente ensuite de faire valoir sa théorie en la mettant en pratique : il met en vers tous les Psaumes et les Distiques de Caton.

On s’accorde sur le fait que les textes traduits étaient généralement des versions « modifiées » (adaptation, paraphrases, traductions libres) des originaux latins. Hormis les textes directement liés à la Bible (psautier, Évangiles, etc., voir ci-dessus), étaient appréciés les vies de saints, traduites comme une partie du Passional, mais aussi indépendamment (par exemple, la Vie de saint Jérôme, rédigé en latin par Jean de Středa, en allemand Johannes von Neumarkt), des récits de l’Ancien Testament (Vie d’Adam et Ève, Vie de Joseph, Aseneth, Tobie), des récits du Nouveau Testament (Le bois de la croix du Christ, l’Évangile de Nicodème), récits apocryphes (La vision de Georges), des « romans infernaux » (Solfernus, Belial, qui viennent des écrits italiens du juriste Bartole da Sassoferrato, env. 1314-1357), des légendes de « nouveaux » saints (La grande vie de saint François d’Assise).

1.2.3. Traduit-on à la même époque des textes profanes ?

Nous ne citerons, à ce sujet, que quelques exemples significatifs. À l’époque où l’évangéliaire tchèque est en cours de traduction, une épopée chevaleresque médiévale sur la vie d’Alexandre de Macédoine, l’Alexandreide (env. 1300), voit le jour. Elle est fondamentale pour les débuts de la poésie tchèque. La trame de ce texte est issue en partie de l’épopée historique latine de Gautier de Châtillon, datée de 1178-1182, en partie d’une version allemande de Ulrich von Etzenbach, terminée en 1287. De la version en vieux tchèque sont conservés 3450 vers sur les (environ) 8500 d’origine en neuf strophes, datés des XIVe-XVe siècles, qui représentaient deux rédactions de l’épopée.[53]

Dans les années qui suivirent, l’épopée devint un genre prisé de la littérature en vieux tchèque, parallèlement auquel se développe la prose « chevaleresque ». Il est important de signaler que les originaux des compositions chevaleresques versifiées étaient en langue allemande, laquelle commence à être, en plus du latin, une langue qui se traduisait, ou plutôt s’adaptait, alors. C’est ainsi que sur la base de l’allemand passent en tchèque Tristan et Iseult, d’après les vers de Eilhart von Oberge, Le duc Arnošt (d’après la version en moyen haut allemand du tournant des XIIIe et XIVe siècles), Tandireis et Floribelle (Tandariáš a Floribella) d’après Pleier, Jetřich Berúnský ou Le jardin de roses de Lavrin, qui porte sur Théodore le grand, alias Dietrich von Bern (454-526), adapté de quelques manuscrits bavaro-autrichiens, dont l’original est inconnu.[54] La prose chevaleresque Stielfrid et Bruncvik (Štilfríd a Bruncvík) est, elle aussi, adaptée de l’allemand. On compte aussi dans les belles lettres Tkadleček (Le petit tisserand), dispute entre un amoureux qui pleure l’infidélité de son aimée Adlička (Adèle) et le Malheur qui réplique à l’amoureux en rejetant la faute sur lui ; l’auteur tchèque s’est inspiré de la composition allemande de Johannes von Satz (alias Johannes von Tepl), intitulée Ackermann aus Böhmen (Le laboureur de Bohême), dans laquelle un laboureur dispute avec la Mort.[55] Le poème largement allégorique Alan aneb o mravném obnovení prvotní dokonalostí člověka (Alain ou le renouveau moral de la perfection originelle de l’Homme), est adaptée de l’Anticlaudianus d’Alain de Lille aux environs de 1350.

Les autres exemples sont liés au règne de Charles IV, lors duquel il était de règle de traduire les œuvres fondamentales latines contemporaines. Ce qui est symptomatique d’une augmentation du public tchèque ne sachant pas le latin et témoigne de la force de l’élément tchèque au Moyen Age, c’est la tentative isolée de tchéquiser la terminologie spécialisée pour l’usage des enseignements de la faculté des arts que représentent les dictionnaires Vocabulaire grammatical, Bohémiaire et Glossaire de Bartoloměj de Chlumec alias Claretus (en tchèque : Klaret). Sont traduits en tchèque ancien : Vita Caroli, biographie de Charles IV, une partie de ses Moralites, puis Procédure de couronnement, le recueil juridique Majestas Carolina et sa Légende de saint Venceslas (passée dans le Passional en vieux tchèque). Le regard du souverain sur l’histoire tchèque est présenté par la fameuse Chronique de Pulkava (dont l’auteur est Příbík Pulkava de Radenín, mort en 1380). Parmi les œuvres d’auteurs traduites, mentionnons le Million de Marco Polo (1324) et deux chroniques célèbres : Chronicon Martimiani de Martin Polon (mort en 1279), datée des environs de 1400 et traduite par Beneš de Hořovice (mort env. 1420), et la Chronique troyenne, la plus ample œuvre de divertissement en prose connue en vieux tchèque et traditionnellement considérée comme le premier livre tchèque imprimé (en 1468) qui, en réalité, date vraisemblablement des années 1480. Il s’agit d’une traduction du latin Historia Troiana (1287) de Guido de Columna.
Parmi les nombreuses œuvres de l’héritage littéraire européen, citons ces adaptations tchèques : Gesta Romanorum (surnommé Récits d’Olomouc), le Voyage fantastique de Mandeville, les « romans » en prose Apollonius roi de Tyr, Griselda, Alexandre le grand, quelques Disputes du corps et de l’âme (basées sur le texte latin Visio Philiberti), les Adages de Caton (adaptés du recueil latin Dionysii Catonis disticha moralia des IIIe-IVe siècles), les Fables d’Ésope (original latin versifié dit Romula Xe siècle, original en prose anonyme du XIIe siècle).

Comment traduit-on ?

1.2.4. À partir de quel texte-source ?

Nous avons déjà mentionné les sources concrètes, nous nous contenterons donc ici de quelques exemples : la plus ancienne traduction « tchèque » (tchèque-slave), les Feuillets de Kiev est issue du texte latin Liber sacramentorum du pape Grégoire le grand ; les Quarante homélies du XIe siècle sont une traduction des homélies en latin.
L’original latin de la première rédaction en vieux tchèque de la Bible (toutes les Bibles, à l’exception de celle dite de Kralice, ont été traduites en tchèque à partir du latin) est inconnu, il s’agissait très probablement d’une version manuscrite de la Vulgate, de l’un des manuscrits dits « de Paris » (de la Sorbonne).
Le Nouveau Testament d’Optát (1533) était une traduction du Nouveau Testament gréco-latin d’Érasme de Rotterdam. Le Nouveau Testament de Blahoslav (voir plus haut) a été traduit d’après le Nouveau Testament en latin de Théodore de Bèze (1519-1605) en tenant compte du texte grec de ce dernier (1565).
L’original de la Vie du Seigneur Jésus (avant 1357) était les Meditationes vitae Christi, tenues à tort pour être de saint Bonaventure.
Le Passional vieux tchèque (env. 1357-1365) est adapté de La légende dorée (Legenda aurea, ant. 1260), de Jacques de Voragine. Le Comestor (ou Manducator) en glagolitique tchèque, commentaire de la Vulgate, est la traduction du texte latin du professeur de la Sorbonne Pierre de Troye (Petrus Lombardus, mort en 1179).
Peu de temps avant la bataille de la Montagne Blanche (1620) [57] paraît un ouvrage qui introduit dans l’espace tchèque, fut-ce par opposition, une conscience de l’Islam et de son livre majeur, le Coran. Václav Budovec de Budova (1551-1621) publie en 1614 un Antialkorán (Anti-Coran, rédaction achevée en 1593). Ce livre comprenait un résumé du Coran, une réfutation des dogmes principaux de l’Islam (basée sur la traduction augmentée de Theodor Bibliandr, 1543) et un texte de Budova sur l’expansion du christianisme et sa relation à l’Ancien Testament.[58]
1.2.5. De quelle(s) langue(s) traduit-on ?
La langue principale à partir de laquelle on traduisait fut longtemps le latin et lui seul. Dans le domaine de la littérature profane, on trouve des originaux allemands, mais les textes-cibles sont si éloignés qu’on ne peut parler que d’adaptations.
Le Nouveau Testament de Blahoslav est le premier à prendre en compte un texte grec : le Nouveau Testament du théologien calviniste Théodore de Bèze, de 1565. Les traducteurs de la Bible de Kralice furent les premiers à utiliser l’arsenal des langues bibliques originelles, l’hébreu et le grec.

1.2.6. Passe-t-on par une langue relais ?

La langue relais est, justement, le latin, non seulement pour ce qui concerne la Bible, mais aussi pratiquement pour tous les écrits en vieux tchèque du moyen âge qui étaient tous plus ou moins rattachés, hormis les textes tchèques originaux eux-mêmes, à des originaux latins. On n’utilise les textes hébreux et grecs sans passer par une langue-relais qu’à partir des débuts de l’Humanisme.

1.2.6 Si oui, celle-ci est-elle orale ou écrite ?

Toutes les études et tous les commentaires traitant du développement de la traduction tchèque s’appuient sur des vestiges écrits, qu’ils soient manuscrits ou imprimés. Le facteur oral peut être interrogé pour ce qui concerne les textes latins qui comprennent des gloses sous forme d’annotations en tchèque (par ex. le Livret de gloses du psautier, de la fin du XIIe siècle, qui contient quelques centaines de gloses interlinéaires). Les annotations, en effet, témoignent du fait que les lecteurs originels du texte latin ne le comprenaient pas suffisamment, et ont donc commenté le manuscrit ; on suppose que les gloses aidaient à l’interprétation orale en tchèque du texte. Il ne s’agit cependant pas là d’un facteur oral dans la traduction, mais dans la langue-cible.

1.2.7. Les dictionnaires.

Le premier lexicographe tchèque fut Bartoloměj de Chlumec, dit Klaret (env. 1320-1370, Magister Bohemarius Bartholomaeus de Solencia dictus Claretus), médecin, maître de l’université pragoise et chanoine de la cathédrale saint Guy.[59] Pour l’usage de ses étudiants de l’université Charles, récemment fondée (en 1348), il crée des dictionnaires versifiés à peu près à l’époque de la première traduction en vieux tchèque de la Bible. Il en écrit trois : le Bohemarius (Bohemiář) présente environ 2500 termes, pour la plupart des substantifs (les thématiques sont Dieu, l’humain, la société, la nature, le clergé, les métiers) ; le Glossarium (Glosář, env. 1360) est un supplément au Bohemiarus auquel ont participé des représentants de l’Église et des érudits. Il comprend la terminologie de sept arts libéraux, des verbes et adjectifs. Le Vocabulaire grammatical comprend 7000 termes, eux aussi du domaine de la terminologie spécialisée : grammaire, rhétorique (ce qui inclus le droit et l’éthique), dialectique (ce qui inclus la logique et la philosophie), arithmétique, géométrie (incluant la géographie et la cartographie), astronomie (et astrologie), musique, médecine, science naturelle et théologie. L’œuvre de Claretus est un témoignage exceptionnel de l’émancipation croissante du tchèque et représente la première (et unique, dans l’Europe médiane du XIVe siècle) tentative d’élaboration d’une terminologie spécialisée en tchèque. Les éveilleurs des débuts du XIXe siècle ont pu s’en réclamer lors du processus de naissance d’une langue scientifique à l’époque romantique.

Même si la Bible était traduite, on lisait et étudiait toujours la Bible en latin, les copies en étaient les moins chères, et le texte de la Vulgate était incontournable lors des disputationes. Les petits dictionnaires latin-tchèque étaient d’une aide importante pour lire la Vulgate, on les appelait les mamotrekty, du latin mametractus. Ils étaient assemblés depuis la deuxième décennie du XVe siècle (dix-neuf manuscrits en tout)[60] et référaient aux premier mametracta latins, élaborés au début du XIVe siècle par le frère mineur italien Giovanni Marchesini.
L’époque humaniste fut celle d'un essor considérable dans le domaine des dictionnaires.[61]

1.2.8. Les traducteurs privilégient-ils un mode de traduire littéral pour les textes religieux ?

C’est là une question très complexe. Comme il a été dit plus haut, la traduction littérale commence à exister à l’époque humaniste. Les écrits datant de l’époque de la Grande Moravie, sont caractérisés par Fr. Václav Mareš comme suit : « la traduction est une image artificielle adéquate et verbale (littéraire) d’une réalité donnée dans un original, non son empreinte sans âme, purement mécanique ».[62] Jindřich Veselý présente des commentaires faits par des traducteurs tchèques des époques les plus reculées.[63] La tchéquisation d’œuvres canoniques devient plus cohérente à partir du XIIe siècle, ce sont « surtout les textes bibliques qui se traduisent le plus souvent mot à mot, afin que la (bonne) nouvelle chrétienne ne soit altérée ». Tomáš Štítný (Thomas de Štítný) s’exprime ainsi sur ses techniques de traduction pour la Révélation de sainte Brigitte : « Du quatrième livre sur cette sainte femme, je prendrai quelques choses, mais je laisserai beaucoup, voulant vite en terminer, afin de pouvoir écrire quelque chose d’autre, car je ne puis comprendre certains et certains ne te seront point utile. » La liberté qu’il prend avec l’original est visible aussi dans la composition (de 37 chapitres dans l’original, sa version en tchèque passe à neuf chapitres, la succession des motifs et des thèmes n’est pas respecté, ni l’ordre originel des chapitres). Dans sa Postille, Jan Hus argumente le bien-fondé de sa relocalisation tchèque de réalités incompréhensibles : « Saches qu’ici, j’ai mis « zlatohlav » là où le latin utilise purpura qui, comme le dit saint Beda est une étoffe de la couleur du sang de poisson (…). N’existant pas en Bohême, nous ne savons la nommer correctement, c’est pourquoi j’ai choisi zlatohlav (brocart d’or), car c’est en lui, sur les riches, que nous voyons ici la meilleure étoffe. » Pour Hus ou Jérôme de Prague, la traduction de la Bible n’était pas encore leur version du texte au sens où l’entendra l’Humanisme, pourtant chacun d’eux anticipe la Réforme en affirmant que chaque mot de la Bible (de la Vulgate) ne vient pas directement de Dieu, ils s’aventurent même à décider quel mot viendrait de Dieu ou pas. C’est pour cette raison que leur activité de traducteurs est devenue l’un des chefs d’accusation portés contre eux à Constance.

L’humanisme européen, auquel l’humanisme tchèque est lié, marque une rupture dans l’histoire de la traduction. Non seulement le traducteur humaniste tchèque[64] ne remplace pas le mot de l’original par son vis-à-vis tchèque le plus précis au niveau du sens (le lexème en langue étrangère est souvent traduit par une expression en deux mots), mais encore il s’efforce d’exprimer le plus explicitement possible, en tchèque, les rapports entre les phrases du discours ou les éléments de la phrase, explicite les informations implicites dans l’original et commente souvent sa traduction (par exemple, Řehoř Hrubý z Jelení outille sa traduction d’Éloge de la folie d’Érasme par un « Commentaire des passages les plus difficiles et besogneux d’Érasme avec annexe sur ces choses qui appartiennent à ces passages, à l’usage du vulgaire et des non érudits »). Il s’occupe également des différences qu’il suppute entre l’horizon d’information des lecteurs de l’original et celui du lecteur tchèque dans des notices explicatives, mais aussi à l’intérieur de la traduction, entre parenthèse et sans marque de distinction entre le texte de l’auteur et celui du traducteur. Il se risque parfois à d’audacieuses informations « adaptatives » (par exemple, remplacer le nom d’un intellectuel étranger peu connu et servant d’allusion par celui d’une personne plus connue). Le traducteur est conscient de son rôle patriotique sur le plan linguistique, il s’efforce de prouver que le tchèque a autant de valeur que le latin et l’allemand, il élève l’excellence de sa langue maternelle. Ainsi Viktorin Kornel de Všehrdy (env. 1460-1520) déclare-t-il, dans sa préface à Redressement des hommes déchus de Jean Chrysostome : « Je reviens à Chrysostome que j’ai interprété, et interprété avec plaisir, pour la raison qu’il étend notre langue tchèque, l’ennoblit et la rend foisonnante. Car elle n’est ni si étroite ni si froide que certains le pensent. Son abondance et sa richesse peuvent être reconnues en cela que tout ce qui est grec, tout ce qui est latin (sans parler de l’allemand) peut être dit en tchèque ».

En un peu moins d’un siècle, les traducteurs humanistes tchèques ont « réussi à transmettre dans un tchèque très cultivé les œuvres érudites formant le standard du répertoire humaniste traductionnel d’une culture européenne mature. »[65]

D’un autre côté, l’accent mis par les humanistes sur le littérature « utile » (ce qui, bien évidemment relègue ce qu’on appelle les belles lettres à la périphérie de leurs intérêts) a freiné l’accès à la Renaissance (on ne peut parler de « Renaissance », en littérature tchèque, qu’entre guillemets) : les traductions de « belles lettres » étaient des textes abrégés. Un exemple en est fourni par le cas d’un texte de Boccace, traduit d’une version latine qui été propre à passer à travers censure religieuse, et pour lequel les traducteurs ont laissé de côté les passages érotiques.

Le sommet de la traduction, avant l’époque de l’éveil national, est l’œuvre de l’Unité des frères, ce sont les commentaires exceptionnels de leur méthode de traduction de la Bible que sont les deux grammaires mentionnées plus haut, Grammaire tchèque sous ses deux aspects (1533) et Grammaire tchèque (1571). Jan Blahoslav ne conçoit pas la traduction comme une interprétation et une simple substitution de moyens linguistiques, mais aussi comme une substitution de moyens stylistiques, ainsi qu’en témoigne par exemple, dans sa Musique (1558) une note sur la façon de traduire la locution latine dabo ad Calendas Graecas : « En notre tchèque nous pourrions exprimer cette tournure latine par : Je te le donnerai lorsque les chiens grimperont aux noisetiers ; les paysans disent : lorsque les étoiles naîtront dans l’âtre. » Dans les traductions de Jan Amos Komenský (Comenius) sera mise en valeur l’exigence de fidélité formelle de la fin de la Renaissance, selon laquelle la traduction se devait d’être un « compromis sensible entre la fonction reproductive (transfert du sens, « substance ») et esthétique (égards pour la forme esthétique du texte) ».[66] Comenius nous offre un bon exemple de cet effort par la traduction en vers métriques des psaumes, dont la technique de traduction est plus restrictive que celle de la traduction en prose de la Bible de Kralice.

1.2.9. Comment justifient-ils leur pratique ?

Nous avons peu de témoignage de cette sorte. Nous pourrions répéter la citation de Jan Hus, dans laquelle il recommande  de remplacer la réalité étrangère, que le tchèque ne « sait » pas nommer correctement, par une réalité tchèque. L’autre réaction à l’insuffisance de la langue est la création de néologismes.

1.2.10. Si on traduit aussi des textes profanes à la même époque, a-t-on le même mode de traduire ?

Même pour ce qui concerne les textes profanes, les catégories d’authenticité, d’autorité, de réception et de traduction, au sens actuel des termes, jouent un rôle secondaire. C’est pourquoi aucun des traducteurs ne formule de réflexion sur sa technique de traduction (du point de vue actuel, on pourrait concevoir ces techniques en « vulgarisation », « banalisation », « transformation stylistique/générique »). La catégorie principale est celle de l’« utilité » du texte au milieu auquel il est destiné. Les textes peuvent ensuite être de deux sortes : « objectifs » (religieux, moraux) et « divertissants ». L’humanisme apporte une rupture dans les techniques de la traduction. Son but premier est la recherche de textes-sources (en premier lieu dans le domaine de la culture antique[67]), de leurs étude et adaptation à un nouveau milieu linguistique, en l’occurrence le tchèque.[68]

 

1.3. Le rôle culturel de la traduction

La traduction et la langue

1.3.1. Statut de la langue écrite à l’époque (existe-t-il une norme unique pour cette langue ? Coexistence éventuelle avec d’autres langues ?)

La plus ancienne langue slave écrite, y compris dans l’espace tchèque actuel, était le vieux slave, langue d’origine salonicienne (bulgaro-macédonienne). Avec le temps, elle s’est peu à peu développée en plusieurs variantes locales, c’est-à-dire en plusieurs types rédactionnels singuliers. L’un de ces types, celui qui nous concerne ici, est le type tchèque dit « rédaction tchèque du vieux slave » ou « slavon tchèque ».[69] L’étude de l’écriture slave tchèque connaît actuellement un regain d’intérêt qui se reflète tant dans les études analytiques consacrées à des vestiges en particulier que dans les travaux de synthèse. Les travaux de synthèse, qui saisissent les documents en tant qu’ensemble, sont ceux de M. Weingart, F. V. Mareš, J. M. Reinhart, R. Večerka, Z. Hauptová, E. Bláhová a M. Vepřek.[70]
F. V. Mareš définit les vestiges rédigés en slavon tchèque comme « un ensemble de conséquences littéraires de l’activité traductionnelle et originale, cultivée dans une langue que nous appelons traditionnellement slavon tchèque, à l’époque où le tchèque lui-même n’était pas encore une langue littéraire ».[71]

De nombreuses questions liées à cette époque des débuts de notre histoire n’ont pas encore de réponse satisfaisante. L’origine tchèque de nombreux documents reste encore prouvée avec une clarté peu satisfaisante, il en va de même pour leurs datations, l’établissement de rapports éventuels entre quelques-uns de ceux-ci, les motivations historico-culturelles de leur émergence, etc.
C’est R. Večerka [72] qui donne l’argumentation la plus cohérente quant à l’hypothèse d’un développement continu de l’érudition slave entre la Grande Moravie et la Bohême des Přemyslides. En se basant, entre autres, sur la comparaison des traits linguistiques des Feuillets de Kiev et des Fragments de Prague, il établit de façon probante une continuité entre le vieux slave de Grande Moravie et le slavon tchèque, cela sans superstrate visible d’un autre type de rédaction. Une part importante de la terminologie religieuse et  liturgique tchèque montre de flagrantes origines vieux slave. L’argumentation de Večerka établi plus fermement encore la proximité, pour une part de la terminologie chrétienne, entre le tchèque, le polonais et le sorabe.[73]
Le tchèque ancien, ou vieux tchèque, se stabilise particulièrement sous le règne de Charles IV (voir plus haut), au moment où la littérature se laïcise de façon intense, en marge du latin dominant. Dans les années 1360, la Bible est traduite en tchèque pour la première fois. Le développement de l’écriture dans l’aire tchèque voit ensuite émerger l’utilisation de l’allemand.
L’humanisme marque une rupture fondamentale dans le développement du tchèque, ce particulièrement à l’époque dite « de Veleslavín », ainsi nommée d’après l’historien, lexicographe et imprimeur Daniel Adam de Veleslavín (1546-1599). Le tchèque est alors codifié sur la base de traductions raffinées sur le plan linguistique et des remarquables dictionnaires Nomenclator … tribus linguis, Latina, Boiemica et Germanica explicata continens (1586), Nomenclator quadrilinguis Bohemico-latino-graeco-germanicus (1598, de version augmentée de ce dernier) et Sylva quadrilinguis vocabulorum et phrasium Bohemicae, Latinae, Graecae et Germanicae linguae (1598). L’œuvre la plus importante de cette époque est la Bible de Kralice.[74]

1.3.2. Quel est le rôle de ces traductions dans le développement de la langue littéraire ?

La langue de la Bible servait de norme pour les autres littératures émergentes, particulièrement pour la littérature religieuse. L’importance de la Bible de Kralice et de l’activité de l’Unité des frères, pour la littérature comme pour le développement de la langue, a été exposée ici à plusieurs reprises. V. Kyas présente ainsi les caractéristiques pertinentes de la langue employée dans la Bible de Kralice : « Ses attributs spécifiques sont la richesse du lexique, qui est pour la plus grande partie tchèque, la précision de la syntaxe par l’élimination des latinismes et, surtout, des utilisations ingénieuses de désassimilation stylistiques, qui confèrent à son expression une richesse poétique. » [75] Jan Amos Komenský (Comenius) et les représentants de l’émigration protestante après la bataille de la Montagne Blanche, réfèrent en permanence à la Bible de Kralice, mais en Bohême cette œuvre n’est pas oubliée non plus : Matěj Václav Šteyer s’appuie sur ce texte pour écrire son manuel intitulé De la très excellente manière par laquelle il faut écrire ou imprimer correctement en tchèque, connu aussi par son sous-titre « Žáček » (1668).

La Bible de Kralice est devenu une référence importante pour les Slovaques aussi, qui utilisaient ce qu’on appelle la langue biblique, un tchèque modérément slovaquisé issu de la Bible de Kralice, jusqu’au XIXe siècle.

Au début du XIXe siècle, la norme du tchèque de Veleslavín est codifiée par Josef Dobrovský (1753-1829), dans sa grammaire Ausfürliches Lehrgebäude der böhmischen Sprache (Manuel détaillé de langue tchèque, 1809, 2e éd. 1819) et la traduction de Kralice a connu de nombreuses réimpressions aux XIXe et XXe siècles. Entre la contre-réforme qui succède à la bataille de la Montagne Blanche (1620) et l’édit de tolérance de 1781, cette Bible fait partie, tout comme d’autres imprimés protestants, des publications interdites et quiconque la possède tombe sous le coup de la loi. Elle est toutefois publiée à plusieurs reprises en-dehors du territoire concerné.[76] Cette « résurrection » du tchèque de Veleslavín comme langue littéraire moderne a donné lieu à une manifestation intéressante : la langue vivante se évolue vers le « tchèque commun », utilisé dans la communication courante, tandis que l’écrit et la communication officielle exigent toujours l’utilisation d’une langue littéraire plus prestigieuse qu’une grande part des locuteurs natifs (notamment les moins éduqués) n’est pas capable de s’approprier ; certains chercheurs vont même jusqu’à parler de diglossie.[77]

1.3.3. Quelles sont les grandes phases de retraduction des textes religieux en fonction de l’évolution de la langue ?

1. « Extinction » du vieux tchèque et arrivée de l’imprimerie.

La période finale des traductions de la Bible en vieux tchèque est représentée par sa quatrième rédaction, dans les années 1480, sous le règne de Vladislav Jagellon. L’invention de l’imprimerie a influé sur sa forme finale : le texte est révisé en vue de son impression.
En 1488, à Prague, paraît la Bible de Prague et en 1489, à Kutná Hora, la Bible de Kutná Hora. La traduction apporte des nouveautés : elle répercute la diphtongue en faisant passer la graphie « ú » à la graphie « au », le « ý » devient « ej », le « v- » prothétique est utilisé par endroits, l’aoriste est pratiquement éliminé, l’imperfectif est fortement limité au profit du prétérite.

2. La Bible de Kralice.
La période de Veleslavín et l’activité des frères de l’Unité qui effectuèrent cette traduction marque une des phases fondamentales de l’évolution de la langue (voir plus haut).

3. La Bible de saint Venceslas (sv. Václav).
Durant la période qui suit la Montagne Blanche, l’Église catholique utilise, pendant quelques décennies encore, des éditions anciennes de la Bible (par ex., la Bible de Melantrich 1560-1561, réimprimée en 1613 dans une version caviardée par la censure) jusqu’à ce qu’elle se décide à publier une nouvelle traduction de la Vulgate approuvée par le Concile de Trente. Cette nouvelle traduction est appelée Bible de saint Venceslas (1677-1715). Pour plus de détails sur les motivations idéologiques, voir la réponse à la question 1.3.7.

La traduction et la société

1.3.4. Qui sont les commanditaires ? Les destinataires ?

Nous ne savons pas grand-chose sur les mécènes et les destinataires des bibles tchèques. Ainsi, par exemple, sur la Bible de Dresde (dite aussi Bible de Leskovec), qui représente la première rédaction en vieux tchèque et fut initiée par Charles IV, nous savons seulement qu’elle est issue de quelque couvent et qu’elle devient, pendant les guerres hussites, la propriété de la famille Leskovec qui la conserve avec grand soin comme héritage familial. Nous ne savons pas comment elle s’est retrouvée par la suite à Dresde.

Sur la Bible glagolitique, nous pouvons affirmer avec certitude qu’elle était utilisée par les moines « glagoliens », c’est-à-dire les moines du monastère Slave (cloître d’Emmaüs) qui utilisaient l’alphabet glagolitique cunéiforme de type croate pour écrire le vieux slave. On peut affirmer que les bibles tchèques (avant l’invention de l’imprimerie) sont venues à l’existence sur demande de communautés religieuses, en particulier féminines, et de la noblesse. Par conséquent, leurs commanditaires étaient pour la plupart ignorants du latin. Il est très difficile de certifier concrètement les commanditaires et destinataires de bibles imprimées les plus anciennes ; elles sont nommées d’après le lieu de leur impression (Prague, Kutná Hora…). Plus tard, les bibles deviennent l’entreprise éditoriale d’imprimeurs qui leur donnent leurs noms : la « première » et la « deuxième » de Severýn (1529 et 1537) sont nommées d’après l’imprimeur tchèque Pavel Severýn de Kapí Hora, quelques-unes de bibles de Melantrich (1549, 1556/1557, 1560/1561, 1570, 1577) d’après l’imprimeur pragois Jiří Melantrich Roždalovský d’Aventin, qui associe à son entreprise le diffuseur des imprimeurs « d’État » Bartoloměj Netolický.

Parfois, bien qu'assez exceptionnellement, des informations sur les « équipes » en rapport avec une édition biblique[78] ont été conservées dans une postface. C’est le cas pour la Bible de Venise (1506) qui a été imprimée « par les soins méticuleux de monsieur Petr Lichtenstein de Kolín na Rajně ». Elle est publiée grâce au financement de trois bourgeois de Prague : Jan Hlavsa, Václav Sova et Burian Lazar, ses correcteurs sont Jan Jindřišský de Žatek et Tomáš Molek de Hradec nad Labem.[79] Quant à la raison pour laquelle est a été imprimée en Italie, la question reste ouverte.

Pour l’Unité des frères, dont les traductions les plus importantes sont le Nouveau Testament de Blahoslav et la Bible de Kralice, les motivations sont tout à fait différentes. En tant qu’Église réformée issue de la tradition hussite, les frères étaient insatisfaits de la Bible catholique, doutaient de la précision de la Vulgate et ressentaient le besoin d’effectuer leur propre traduction directement à partir des langues originales, le grec et l’hébreu. Leurs traductions étaient destinées aux Tchèques non catholiques  et aux membres de l’Unité. Étant une Église indépendante, elle ne possédait aucun bien, la traduction et l’impression ont été financées par ses membres. Le Nouveau Testament de Klaudyán (1518) est ainsi nommé d’après le membre de l’Unité qui l’a financé, Mikuláš Klaudyán (mort en 1522), ce que nous savons grâce à son testament.

Lors de la contre-réforme, après 1620, il fallait fournir aux fidèles une nouvelle Bible catholique en tchèque. C’est la Bible de saint Venceslas (voir question 1.3.7)

1.3.5. Diffusion des traductions (mode de reproduction, ampleur de la diffusion) ?

La traduction tchèque de la Bible a été diffusée en Europe et a influencé les traductions en polonais ancien (voir plus loin), en sorabe (« serbe de Lusace »)[80], en biélorusse [81] et même en russe [82]. La création littéraire tchèque évoluée des XIVe et XVe siècles est diffusée en Moravie à partir de Prague, principalement par l’entremise des étudiants de l’université Charles, puis de là vers les aires culturelles slovaque et polonaise. Du point de vue des relations culturelles tchéco-polonaise, cela soulève toute une série de sujets. La Bienheureuse Kynga, femme du prince polonais Boleslav V. Stydlivý, chantait, dit-on, un psaume « en langue du peuple » (in vulgari), ce qui dans le contexte d’alors signifiait plutôt en vieux tchèque (le confesseur de Kynga était un Tchèque).[83] Les traductions en vieux tchèque eurent une influence décisive sur la version en vieux polonais du Psautier Florian latino-germano-polonais, dont le plus ancien texte (celui du premier traducteur et scribe) était certainement destiné à la reine Jadwiga (morte en 1399), mais aussi sur le Psautier Puławski (deuxième moitié du XVe siècle).[84] La Bible de la reine Žofia (Biblia królowej Zofii, 1455) le plus volumineux des vestiges en polonais ancien, a été écrit par cinq scribes pour Sophie, veuve du roi polonais Vladislav II Jagellon. Il s’agit d’un texte recopié en polonais avec de nombreux bohémismes. L’original tchèque ne s’est pas conservé, mais il a été possible de le reconstituer à partir de vestiges existants.[85] Le Mamotractus (petit dictionnaire biblique) latin-polonais a été lui aussi élaboré sur la base du Mamotractus latin-tchèque. Malgré la perte de l’original, il a été reconstitué lui aussi de façon fiable.[86] L’influence de la Bible tchèque sur la première Bible imprimée en polonais, celle de Jan Nicz Leopolite, publiée à Cracovie en 1561, est elle aussi indubitable.[87]

1.3.6. Réception critique éventuelle, débats suscités par les traductions?

C’est dans les années 1520 qu’un grand débat s’installe sur la conformité de la traduction tchèque de la Bible, lorsque les acteurs principaux de ce débat deviennent les frères de l’Unité. Leur premier acte est le Nouveau Testament de Klaudyán (1518) qui comprend une préface militante dans laquelle Mikuláš Klaudyán critique les traductions précédentes (catholiques), leur reprochant de trop innover sur le plan linguistique (par exemple, en évacuant l’imperfectif), il reproche aussi au texte ses imprécisions et son manque d’« orthodoxie ». Klaudyán lance ainsi la polémique. Il met face à la version dominante une variante textuelle et ouvre ainsi la voie à une nouvelle façon de traduire le Nouveau Testament. Le frère Lukáš lui aussi, dans sa préface à son Nouveau Testament (1525), se positionne pour la défense de l’imperfectum tchèque, sa langue est très archaïsante (l’imperfectum latin répond à l’imperfectum tchèque, qui n’est plus en usage à cet époque). Lukáš, plus encore que Klaudyán, présente in margine des variantes de lecture, sous forme de synonymes explicitant les expressions.

La polémique sur la conformité du tchèque dans le Nouveau Testament et l’émergence de l’érasmisme en Bohême conduisent à créer la première grammaire, la Grammaire tchèque sous deux aspects (1533)[88] focalisée principalement sur la question de la traduction du latin biblique (voir plus haut, 1.2.1), ainsi qu’à l’édition d’une nouvelle traduction, le Nouveau Testament d’Optát (1533). Le sommet des efforts traductionnels de l’Unité des frères fut l’édition de la Bible de Kralice (1579-1594). La traduction catholique la plus proche de la Vulgate, est celle de la Bible de Melantrich (voir 1.3.4) qui, compte tenu du fait qu’entre 1549 et 1582 elle représente cinq éditions complètes de la Bible et cinq éditions du Nouveau Testament, est l’une des bibles les plus volumineuse qui existe. Elle est utilisée jusqu’à l’édition de la nouvelle traduction catholique (Bible de saint Venceslas, 1677-1715)./p>

1.3.7. Des retraductions interviennent-elles pour des raisons idéologiques et/ou religieuses ?

Il a été question plus haut des traductions de l’Unité des frères, dont le fruit est la Bible de Kralice, motivées par des raisons religieuses (refus des traductions catholiques issues de la Vulgate).

Après la bataille de la Montagne Blanche (1620), la contre-réforme en Bohême procède à une recatholicisation inconditionnelle, toute autre religion est interdite. Il fallait une nouvelle traduction de la Bible conforme à la version sixto-clémentine, autrement dit à la Vulgate validée par le concile de Trente (1545-1563), ce fut la Bible de saint Venceslas (NT 1677, AT 1712, 1715 ; 2e éd. 1769-1771 ; 3e éd. 1778-1780, corrigée par Václav Fortunát et František Faustin Procházka).[89] La traduction a été initiée par l’archevêque pragois d’obédience nationaliste Ferdinand Sobek de Bilenberk qui confia la commission aux jésuites (l’ordre existe en Bohême depuis 1556). Il n’a cependant pas vu la parution de cette version, c’est l’archevêque qui lui succède, Jan Bedřich de Valdštejn qui prend le relais. L’équipe de traducteurs est formée de Jiří Konstanc (1607-1673), Matěj Václav Šteyer (1630-1692) et Jan Barner (1643-1708). La Bible, en l’occurrence tout d’abord le Nouveau Testament (1677), a paru dans un premier temps aux éditions Svatováclavské dědictví (« Héritage de saint Venceslas »), fondées par Šteyer et sa mère. Pour la publication qui suit de l’Ancien Testament, et qui a nécessité 6000 pièces d’or, les traducteurs sont les jésuites patriotiques Jan et Matěj Tanner, Bohuslav Balbín, Jiří Cruger et František Retz. Les traducteurs se sont préparés à cette lourde tâche en écrivant un essai dans lequel ils tentent de rendre compte des us linguistiques de leur époque et de les officialiser.[90] J. Konstanc écrit Lima linguae Bohemicae (1667) et M. V. Šteyer son Žáček (1668).

Josef Vintr décrit ainsi l’importance de la Bible de saint Venceslas : « Dans l’histoire de notre littérature et de notre culture, la Bible de saint Venceslas reste dans l’ombre de la Bible de Kralice. Il faut pourtant bien reconnaître aujourd’hui que cette Bible, œuvre majeure de jésuites patriotiques, a formé plus d’un siècle de conscience dans les couches les plus larges de la population parce que chaque dimanche et jour de fête religieuse, elle était citée devant toute la nation. (…) De point de vue textuel, nous pourrions qualifier la Bible de saint Venceslas, avec une actualisation un peu excessive, de premier texte œcuménique. En tout cas, cette Bible baroque est un témoignage majeur du fait que les jésuites Konstanc, Šteyer et Barner se sont efforcés de maintenir consciemment la continuité de la traduction biblique et, avec elle, la continuité de la tradition nationale. »[91]

[1] Emilie Bláhová, Ke klasifikaci českocírkevněslovanských památek [Contribution à une classification des documents en slavon tchèque] in Slavia n° 62, 1993, p. 439 (texte intégral pp. 427-442).

[2]Le monastère bénédictin de la ville de Sázava, en Bohême centrale, est fondé vers 1032. Dirigé par saint Procope, il est le centre liturgique du culte slave au XIe siècle, abritant dès son origine une école de théologie. Les moines sont expulsés en 1056 par Spytihněv, fils du souverain Břetislav II. (N.d.T.)

[3] Josef Vašica, "Slovanská liturgie nově osvětlená Kijevskými listy" [La liturgie slave à la lumière nouvelle des feuillets de Kiev] in Slovo a slovesnost n° 6, 1940, p. 73 (texte intégral pp. 65-77).

[4] Václav Konzal met la traduction en relation avec la conception qu’avait Konstantin-Cyrille sur le rapport entre original et traduction typique de la période littéraire dite « Cyrillo-Méthodienne » en Grande Moravie. F.V. Mareš décrit ainsi ces tendances moraves : « la traduction est une image artificielle adéquate de la réalité verbale (littéraire) donnée par l’original, et en aucun cas son empreinte sans âme, mécanique. » Cf. Fr. Václav Mareš, "Konstantinovo kulturní dílo po 1100 letech" [L’œuvre culturelle de Konstantin 1100 ans plus tard] in Cyrilometodějská tradice a slavistika [Tradition Cyrillo-méthodienne et slavistique], Praha 2000, p. 19 (texte intégral pp.7-37).

[5] Josef Vašica, op.cit, pp. 76-77.

[6] F. V. Mareš, "Církevněslovanské písemnictví v Čechách" [Les écrits en slavon tchèque en Bohême] in Cyrilometodějská tradice a slavistika, op. cit., p. 270 (texte intégral pp. 256-327).

[7] Vojtěch Tkadlčík, "Trojí hlaholské i v Kyjevských listech" [Les trois types de glagol, y compris dans les feuillets de Kiev] in Slavia n° 25, 1956, p. 216.

[8] Radoslav Večerka, Slovanské počátky české knižní vzdělanosti [Les débuts slaves de l’érudition livresque tchèque], Prague, 1963, p. 80.

[9] R. Večerka a exposé sa conception de la naissance des textes anciens dans le cadre de la deuxième rencontre des paleoslavistes tchèques, qui s’est déroulée le 16 septembre 2009 à Olomouc. Cf. Lukáš Zábranský, "Paleoslovenisté v Olomouci" [Les paleoslavistes à Olomouc] in Češtinář n° 2, 2009-2010 (en cours d’impression).

[10] Voir Jana Nechutová, Latinská literatura českého středověku do roku 1400 [La littérature latine du Moyen Age tchèque jusqu’en l’an 1400], Prague, 2000, p. 43.

[11] Radoslav Večerka, Slovanské počátky české knižní vzdělanosti, op. cit., p. 47 ; F. V. Mareš, "Církevněslovanské písemnictví v Čechách", op. cit., p. 294 ; Emilie Bláhová, Václav Konzal, A. I. Rogov, Staroslověnské legendy českého původu. Nejstarší kapitoly z dějin česko-ruských kulturních vztahů [Légendes en vieux slave d’origine tchèque. Les chapitres les plus anciens de l’histoire des relations culturelles tchéco-russes], Prague, 1976, p. 143.

[12] Cf. Zoe Hauptová, "Církevněslovanské písemnictví v přemyslovských Čechách" [L’écriture slave liturgique dans la Bohême des Přemyslides] in Jazyk a literatura v historické perspektivě [Langue et littérature dans une perspective historique], Ústí nad Labem, 1998, p. 31.

[13] F. V. Mareš, op. cit., p. 296.

[14] Ladislav Matějka, "Dvije crkvenoslavenske legende o svetom Vidu" [Deux légendes de saint Guy en slavon d’église] in Slovo n°23, 1973, pp. 73-96.

[15] Guido Kappel, "Die slavische Vituslegende und ihr lateinisches Original" [La légende slave de Guy et son original latin] in Wiener Slavistisches Jahrbuch n° 20, 1974, pp. 73-85.

[16] F. V. Mareš, op. cit., p. 301 ; M. Pelc, "Doba a místo vzniku svatovítské legendy" [Époque et lieu de naissance de la légende de saint Guy] in Slavia n°53, 1984, p. 333-339.

[17] Cf. Zoe Hauptová, op. cit., p. 34.

[18] Emilie Bláhová, Václav Konzal, A. I. Rogov, op. cit., pp. 19-20.

[19] Miloš Weingart, Československý typ cirkevnej slovančiny [Le slavon de type tchécoslovaque], Bratislava 1949, p. 63; F. V. Mareš, op. cit, p. 273.

[20] F. V. Mareš, "Česká redakce církevní slovanštiny v světle Besěd Řehoře Velikého (Dvojeslova)" [La rédaction tchèque du slavon à la lumière de l’Évangile de Grégoire le grand] in Cyrilometodějská tradice a slavistika, op. cit., pp. 368-402.

[21] Johannes M. Reinhart, "Methodisches zu den lexikalischen Bohemismen im Tschechisch-Kirchenslavischen am Beispiel der Homilien Gregors des Grossen" [Méthodologie pour les bohémismes lexicalisés par l'exemple des Homélies de Grégoire le Grand] in Wiener Slavistisches Jahrbuch n°26, 1980, p. 46-102.

[22] Čtyřicet homilií Řehoře Velikého na evangelia v českocírkevněslovanském překladu I–II. [Les quarante homélies de Grégoire le grand dans leur traduction en slavon tchèque], Václav Konzal (dir.), vol. 2 en collabration avec Fr. Čajka, Prague, 2005-2006.

[23] F. V. Mareš, "Česká redakce církevní slovanštiny", op. cit.

[24] Cf. Josef Vintr, "Žaltář muzejní se staročeskými glosami – edice a problém vzniku" [Le psautier livret et ses gloses en vieux tchèque] in Litterae slavicae medii aevi, Francisco Venceslao Mareš sexagenario oblatae, München, 1985, pp. 401-424 ; J. Vintr [ed.] Die älteste tschechische Psalterübersetzung [La plus ancienne traduction tchèque du psautier], Kritische Edition, Wien, 1986.

[25] Cf. Vladimír Kyas, "Česká předloha staropolského žaltáře" [L’original tchèque du psautier polonais] in Rozpravy ČSAV n°72, Prague, 1962.

[26] Avec Hospodine, pomiluj ny [Seigneur, aie pitié de nous], Svatý Václave [Saint Venceslas] et Ostrovské písně („Slovo do světa stvořenie“) [La chanson d’Ostrov], l’un des plus anciens produits de la poésie spirituelle tchèque. Cf. Antonín Škarka [ed.], Nejstarší česká duchovní lyrika [La poésie spirituelle tchèque la plus ancienne], Prague, 1949 ; Jan Lehár, Česká středovĕká lyrika [La poésie tchèque médiévale], Prague, 1990.

[27] Voir Pavel Trost, "Kunhutina píseň a sekvence Tomáše Akvinského Lauda Sion" [La chanson de Kunhutin et la séquence de Thomas d’Aquin « Lauda Sion »] in Slovo a slovesnost n°6, 1940, pp. 35-37.

[28] Josef Vintr, Die ältesten tschechischen Evangeliare. Edition, Text und Sprachanalyse der ersten Redaction [Le plus ancien évangéliaire en vieux tchèque. Édition, texte et analyse discursive de la première rédaction], Munich, 1977.

[29] Jiří Cejnar [ed.], Nejstarší české veršované legendy [Les plus anciennes légendes versifiées tchèques], Prague, 1964 (comparer à l’étude de Josef Hrabák Nejstarší české veršované legendy [Les plus anciennes légendes versifiées tchèques]) ; voir aussi Jan Lehár, Nejstarší česká epika [La plus ancienne épopée tchèque], Prague, 1983.

[30]Sur le Passional en vieux tchèque cf. Anežka Vidmanová, "K původní podobě a textové tradici staročeského Pasionálu" [Sur la forme originelle et la tradition textuelle du Passional en vieux tchèque] in Listy filologické n°108, 1985, pp. 16-45. Sur l’identité de l’auteur de Život Krista Pána [La vie du Seigneur Jésus] et le traducteur du Passional voir Jan Vilikovský, "Staročeský Pasionál a Život Krista Pána" [Le Passional en vieux tchèque et La vie du Seigneur Jésus] in Řád n°6, 1940, pp. 8-9.

[31] Jan V. Novák, Arne Novák, Přehledné dějiny literatury české od nejstarších dob až po naše dny [Histoire syncrétique de la littérature tchèque des débuts à nos jours], Reprint, 4e éd. [Olomouc 1936–1939], Brno, 1995, p. 18.

[32] cf. Jindřich Veselý, « Český překlad od středověku do národního obrození » [La traduction tchèque du moyen âge à la renaissance nationale] in Milan Hrala [ed.] Kapitoly z dějin českého překladu [Chapitres de l’histoire de la traduction tchèque], Prague, 2002, p. 12.

[33] Voir l’anthologie de Jan Vilikovský, Próza z doby Karla IV [La prose à l’époque de  Charles IV], Prague, 1948, en particulier la postface et les notes, pp. 325-360.

[34] Pour plus de détails sur l’époque de Charles IV cf. Jiří Spěváček, Karel IV. Život a dílo (1316–1378) [Charles IV, sa vie, son œuvre], Prague, 1979.

[35] Cf. Vladimír Kyas, "První český překlad bible" [La première traduction tchèque de la Bible] in Rozpravy ČSAV 81, Prague, 1971; ibid. Česká bible v dějinách národního písemnictví [La Bible tchèque dans l’histoire nationale de l’écriture], édition préparée par Jaroslava Pečírková, Prague, 1997. Kyas a propagé la culture tchèque dans le monde en participant à l’édition de fac-similés de la Bible slavonne, Biblia Slavica, qu’avaient sauvegardée, à Padeborn, les slavistes Reinhold Olesch et Hans Rothe. Il a créé le concept de l’ordre tchèque qui intègre les Bibles 1. de Dresde ou Leskovec 2. de Kutná Hora 3. de Kralice en six volumes et 4. de saint Venceslas. Avec son étude Die alttschechische Bibelübersetzung des 14. Jahrhunderts und ihre Entwicklung im 15. Jahrhundert [Les traductions en vieux-tchèque de la Bible au XIVe siècle et leur développement au XVe siècle] a paru la Bible de Kutná Hora (Kuttenberger Bibel = Kutnahorská bible. Bei Martin von Tišnov. Nachdruck der Ausgabe Kuttenberg, Tišnov 1489. Biblia Slavica I/2, Padeborn 1989, p. 9-52), pour l’édition phototypique de la Bible de Dresde (Die alttschechische Dresdener Bibel = Drážďanská anebo Leskovecká bible. Facsimile aufgrund der photographischen Aufnahmen von 1914 nach dem verbrannten Original aus dem 14. Jahrhundert. Biblia Slavica I/1, Padeborn 1993, pp. 385-409) (in memoriam) Jaroslava Pečírková a rassemblé et complété, à partir des travaux de Kyas, le commentaire de Die Dresdener oder Leskowetz-Bibel [La Bible de Dresde ou de Leskovec] qui rassemble des remarques sur les manuscrits les plus anciens ayant été conservés de la première rédaction de la Bible tchèque.

[36] Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictví, op. cit., p. 54.

[37] Ibid., pp. 54-55 (sur l’original latin de la première rédaction).

[38] Sur l’importance du monastère, volontairement conçu par Charles IV comme un centre culturel rattaché à l’héritage de Cyrille et Méthode cf. Milada Paulová, «L’idée Cyrillo-Méthodienne dans la politique de Charles IV et la fondation du monastère Slave de Prague » in Byzantinoslavica n°11, 1950, pp. 174-186.

[39] Cf. Ludmila Pacnerová, "Česká hlaholská literatura v klášteře na Slovanech" [La littérature glagolitique tchèque du monastère slave] in Z tradic slovanské kultury v Čechách (Sázava a Emauzy v dějinách české kultury) [Les traditions de culture slave en Bohême (Sázava et Emmaüs dans l’histoire de la culture tchèque)], Prague, 1975, pp. 155-161; et "Staročeské literární památky a charvátská hranatá hlaholice" [Les vestiges littéraires vieux tchèque et le glagolitique croate] in Slovo n°s 56-57, 2006-2007, Zagreb, 2008, pp. 405-420.

[40] Cf. Ludmila Pacnerová, "Staročeské hlaholské zlomky" [Fragments glagolitiques tchèques anciens] in Rozpravy ČSAV n°96, Prague 1986; Česká bible Hlaholská (bible Vyšebrodská) [La Bible glagolitique tchèque], Práce Slovanského ústavu AV ČR, Nová řada, vol. 7, Prague, 2000; Staročeský Hlaholský Comestor [Le Comestor glagolitique tchèque], Práce Slovanského ústavu AV ČR, Nová řada, vol. 11, Prague, 2002.

[41] Sur les deux premières Bibles imprimées (édition commentée et phototypique) Kuttenberger Bibel = Kutnohorská bible. Bei Martin von Tišnov. Nachdruck der Ausgabe Kuttenberg, Tišnov 1489, Biblia Slavica I/2, Padeborn, 1989.

[42] Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictví, op. cit., pp. 49, 54.

[43] Cf. Vladimír Kyas, "Problém českých překladů Milíčových" [la question des traductions tchèques de Milíč] in Listy filologické n°106, 1983, pp. 79-84.

[44] Cf. Pavel Freitinger, "K otázce Husova překladu bible" [Sur la traduction de la Bible par Hus] in Časopis Národního muzea n° 158, 1989, pp. 136-156 ; voir aussi Vladimír Kyas, "Česká bible v dějinách národního písemnictví", op. cit. pp. 73-77, notamment le chapitre "Mistr Jan Hus a česká bible" [Maître Jan Hus et la Bible tchèque].

[45] Cf. Josef Volf, Dějiny českého knihtisku do r. 1848 [Histoire de l’imprimerie tchèque jusqu’en 1848], Prague, 1926 ; Emma Urbánková, Soupis prvotisků českého původu [Inventaire des incunables d’origine tchèque], Prague, 1986.

[46] Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictvíop. cit., p. 130.

[47] Cf. Kamil Krofta, "O spisech Václava Korandy mladšího z Nové Plzně" [À propos des écrits de Václav Konrad le jeune de Nová Plzeň] in Listy filologické n° 39, 1912, pp. 122-138, 215-232.

[48] Cf. Vladimír Kyas, "První česká mluvnice a její místo ve vývoji spisovné češtiny" [La première grammaire tchèque et sa place dans l'évolution du tchèque soutenu] in Slovo a slovesnost n° 13, 1951-1952, pp. 141-149.

[49] Pour plus de détails sur l’importance du Nouveau Testament d’Optát cf. Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictví, op. cit.,  pp. 148-162.

[50] Voir l’édition commentée de la grammaire Gramatika česká Jana Blahoslava [La grammaire tchèque de Jan Blahoslav], Eds. Mirek Čejka, Dušan Šlosar, Jana Nechutová, Brno 1991.

[51] Cf. Mirjam Bohatcová, "Bible kralická, její vznik a význam" [La Bible de Kralice, sa genèse et son importance] in Kralice, Brno 1959, pp. 49-61; ibid., "Bratrská knihovna kralická" [La bibliothèque des Frères à Kralice] in Slavia n° 39, 1970, pp. 591-610 ; ibid., "Die tschechischen gedruckten Bibeln des 15. bis 18. Jahrhunderts" [les bibles imprimées tchèques du XVe au XVIIIe siècle] in Kralitzer Bibel = Kralická bible, Biblia Slavica I/3, Padeborn 1995, pp. 1-182 ; Vladimír Kyas, op. cit. pp. 182-209.

[52] Josef Bartoň, Moderní český novozákonní překlad. Nové zákony dvacátého století před Českým ekumenickým překladem [La traduction moderne du Nouveau Testament. Les Nouveaux Testaments du XXe siècle avant la traduction œcuménique], Prague, 2009.

[53] Il existe, sur l’Alexandreide une riche littérature, cf. Václav Vážný [ed.], Alexandreida, Prague 1963 (qui comprend l’étude synthétique de Fr. Svejkovský « Staročeský rytířský epos o Alexandru Velikém » [L’épopée chevaleresque en tchèque ancien d’Alexandre le Grand]) ; sur les relations entre les modèles et la version tchèque cf. K. W. Titz, "Ulrich von Eschenbach und der Alexander Bohemicalis" [Ulrich von Eschenbach et l’Alexandre de Bohême] in Jahresbericht der Lese-und Redehalle der deutschen Studenten in Prag 1880–1881, Prague, 1881 ; P. Lang, "Jakou měrou držel se skladatel zbytku jindřichohradeckého latinské Alexandreidy Gualthera Castellionského" [La mesure dans laquelle celui qui composa les fragments de Jindříchův Hradec est resté proche de l’Alexandreide latine de Gautier de Châtillon] in Zpráva o ob. real. a vyšším gymnasii v Příbrami 1881, Příbram 1881; Antonín Havlík, "Ku poměru jindřichohradeckého a svatovítského rukopisu české Alexandreidy k latinské Alexandreidě Gualtherově" [Les relations entre les manuscrits Jindříchův Hradec et Saint Guy avec l’Alexandreide tchèque et sa version latine par Gualther] in Listy filologické n°12, 1885 ; Leopold Zatočil, "K otázce závislosti staročeské Alexandreidy na skladbě Ulricha z Eschenbachu" [La relation entre l’Alexandreide tchèque et le texte d’Ulrich von Eschenbach] in Časopis pro moderní filologii n° 27, 1941 ; Josef Hrabák, "K otázce hodnocení staročeské Alexandreidy z hlediska původnosti" [L’évaluation des origines de l’Alexandreide en tchèque ancien] in Studie ze starší české literatury, Praha, 1956.

[54] Pour plus de détails voir Eduard Petrů, "Rytířský epos a jeho proměny" [L’épopée chevaleresque et ses métamorphoses] in Rytířské srdce majíce. Česká rytířská epika 14. století [Cœur chevaleresque. La prose chevaleresque épique du XIVe siècle], Prague, 1984, pp. 7-22.

[55] Les chercheurs pensaient auparavant que l’auteur de Tkadleček avait modifié le sujet du Laboureur d’Ackermann von Böhmen et l’avait augmentée, par son style, d’environ quatre fois son volume initial. Des études plus récentes ont cependant prouvé que les deux œuvres étaient deux versions indépendantes d’un original allemand aujourd’hui perdu ; riche bibliographie à l’entrée jl [= Jan Lehár] Tkadleček in Lexikon české literatury. Osobnosti, díla, instituce [Lexicon de la littérature tchèque. Personnalités, œuvres, institution], vol. 4/I. S–T, Prague, 2008, pp. 936-L938.

[56] Cf. la monographie d’Emanuel Michálek, Česká slovní zásoba v Klaretových slovnících [Le fonds lexical tchèque des dictionnaires de Klaretus], Prague,1989.

[57] Le 8 novembre 1620, victoire des troupes catholiques du Saint Empire contre les troupes protestantes de Frédéric V.

[58] Sur certains aspects de la perception tchèque du monde islamique, voir la monographie de Tomáš Rataj, České země ve stínu půlměsíce. Obraz Turka v raně novověké literatuře z českých zemí [La terre de Bohême à l'ombre du croissant de lune. L'image du Turc dans la littérature], Prague, 2002.

[59] Cf. Václav Flajšhans, Klaret a jeho družina I. Slovníky veršované [Claretus et ses émules. Le premier dictionnaire versifié], Prague, 1926 ; Anežka Vidmanová, Mistr Klaret a jeho spisy [Les écrits de Maître Claretus] in Listy filologické n°103, 1980, pp. 213-223 ; Emanuel Michálek, Česká slovní zásoba v Klaretových slovnících [Le fonds lexical tchèque des dictionnaires de Claretus], op.cit.

[60] Sur les Mamotrekty tchèques, voir Bohumil Ryba, "K latinsko-českým mamotrektům" [Les Mametracta latin-tchèque], in Listy filologické 67, 1940, pp. 1-68 ; Vladimír Kyas, "Za českou předlohou staropolského mamotrektu" [Sur l'original tchèque du Mametractus en polonais ancien], in Slavia 27, 1958, pp. 182-187.

[61] Une vue d'ensemble du développement de la lexicographie tchèque est offerte par l'étude de Josef Páta, "Česká lexikografie. Stručný nástin dějin českého slovnikářství" [La lexicographie tchèque. Une brève esquisse historique] in Časopis pro moderní filologii n°1, 1911, pp. 6-10, 103-106, 198-202, 296-301.

[62] F. V. Mareš, "Konstantinovo kulturní dílo po 1100 letech" [L'œuvre culturelle de Constantin 1100 ans plus tard] in Cyrilometodějská tradice a slavistika, op. cit., p. 19.

[63] Les exemples suivants sont tirés de l'étude de Jindřich Veselý, "Český překlad od středověku do národního obrození" [La traduction tchèque du moyen âge à l'éveil national], op. cit., pp. 14-15.

[64] D’après Jindřich Veselý, ibid., pp. 21-22.

[65] Ibid., p. 22.

[66] Ibid., p. 24.

[67] Pour un pannel des points de vue sur la réception de l’Antiquité en milieu tchèque, voir l’ouvrage collectif : Ladislav Varcl [éd.], Antika a česká kultura [Antiquité et culture tchèque], Prague, 1978.

[68] Cf. Jindřich Veselý, "Český překlad od středověku do národního obrození", op. cit. pp. 17-18.

[69] Voir le tableau de l’évolution historique du slave ancien in Radoslav Večerka, Staroslověnština v kontextu slovanských jazyků [Le vieux slave dans le contexte des autres langues slaves], Olomouc - Prague, 2006, p. 112.

[70] Miloš Weingart, Československý typ cirkevnej slovančiny [Le slavon de type tchécoslovaque], Bratislava, 1949 ; Fr. Václav Mareš, "Církevněslovanské písemnictví v Čechách" [L’écriture slavonne en Bohême] in Cyrilometodějská tradice a slavistika, op. cit., pp. 256-327; "Slovanská liturgie v Čechách v době založení pražského biskupství" [La liturgie slave en Bohême à l’époque de la fondation de l’évêché de Prague] in ibid., pp. 477-489 ; Johannes M. Reinhart, Methodisches zu den lexikalischen Bohemismen im Tschechisch-Kirchenslavischen am Beispiel der Homilien Gregors des Grossen [Méthode pour les bohémismes lexicaux en slavon tchèque par l'exemple de l'Homélie de Grégoire le grand], Wiener Slavistisches Jahrbuch 26, 1980, pp. 46-102 ; Radoslav Večerka, "Velkomoravské kořeny csl. písemné tradice v českém knížectví" [Les racines grand-moraves de la tradition d’écriture en slave d’église du clergé tchèque] in Počátky slovanského spisovného jazyka [Les débuts de la langue littéraire slave], Prague, 1999, pp. 57-76 ; Zoe Hauptová, "Církevněslovanské  písemnictví v přemyslovských Čechách" [L’écriture en slave d’église dans la Bohême des Přemyslides] in Jazyk a literatura v historické perspektivě [Langue et littérature dans une perspective historique], Ústí nad Labem 1998, pp. 5-48 ; Emilie Bláhová,"Ke klasifikaci českocírkevněslovanských památek" [Contribution à une classification des vestiges slavons], Slavia 62, 1993, pp. 427-442 ; ibid. "Staroslověnské písemnictví v Čechách 10. století" [L’écriture vieux slave en Bohême au Xe siècle] in Sázava Památník staroslověnské kultury v Čechách, Prague, 1988, pp. 55-69 ; Miroslav Vepřek, Česká redakce církevní slovanštiny z hlediska lexikální analýzy [La rédaction tchèque du slavon du point de vue de l’analyse lexicale], Olomouc, 2006, pp. 15-26.

[71] Fr. Václav Mareš, "Církevněslovanské písemnictví v Čechách", op. cit., p. 256.

[72] Radoslav Večerka, "Jazykovědný příspěvek k problematice staroslověnského písemnictví v přemyslovských Čechách" [Contribution linguistique à la problématique de l’écriture en vieux slave dans la Bohême des Přemyslides], Slavia 36, 1967, pp. 421-428.

[73] Voir aussi Antonín Frinta, Bohemismy a paleoslovenismy v lužickosrbské terminologii křesťanské a jejich dějepisný význam, [Bohémismes et paléoslavismes dans la terminologie chrétienne des serbes de Lusace], AUC 5 – Philologica, Prague, 1954.

[74] Voir aussi, par ex., Josef Šmaha, "Kralická bible, vliv a důležitost její v literatuře české" [La Bible de Kralice, son importance  et son influence sur la littérature tchèque] in Časopis Českého muzea 52, 1878, pp. 252-266, 361-380, 481-499 et "Kralická bible a vliv její na pozdější překlady biblí českých" [La Bible de Kralice et son influence sur les traductions de la Bible qui lui ont succédées], in Časopis Českého muzea 53, 1879, pp. 26-33.

[75] Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictví, op. cit., p. 200.

[76] Voir Mirjam Bohatcová, "Exulantská vydání Kralické bible" [Les éditions en exil de la Bible de Kralice] in Česká bible v dějinách evropské kultury [La Bible tchèque dans l'histoire de la culture européenne], Brno, 1994, pp. 27-40.

[77] Sur les différentes étapes d’évolution du tchèque, voir František Cuřín, Vývoj spisovné češtiny [L’évolution du tchèque littéraire], Prague, 1985.

[78] Pour plus de détails voir Mirjam Bohatcová, "Vydavatelský rámec českých předbělohorských biblí"  [Le cadre éditorial des bibles tchèques avant la Montagne Blanche], Strahovská knihovna 5-6, 1970-1971, pp. 255–277.

[79] Cit. de Vladimír Kyas, "Česká bible v dějinách národního písemnictví", op. cit., p. 132.

[80] Voir par ex. Vladimír Kyas, "Česká předloha nejstarší lužickosrbské jazykové památky" [L’original tchèque des vestiges linguistiques sorabes],  Slavia 33, 1964, pp. 369-374.

[81] À Prague a paru en 1517-1519 la quasi-totalité de la Bible en biélorusse (hormis l’Apôtre, paru en 1525 à Vilnius) traduit par le médecin Francisko Skoryna de Polocko (en biélorusse : Францыск Скарына), qui fut très influencé par la traduction tchèque (La Bible de Venise, 1506) ; sur lui, voir par ex. Františka Sokolová [éd.], Francisko Skoryna v díle českých slavistů. Sborník k 500. jubileu narození významného běloruského humanisty 1490–1990 [Francisko Skoryna  dans l’œuvre des slavistes tchèques. Recueil pour les 500 ans de la naissance de l’humaniste biélorusse 1490-1990], Prague, 1992.

[82] Voir Antonij Vasil’jevič Florovskij, Чешская библия в истории русской культуры и письменности [La Bible tchèque dans l’histoire de l’écriture et de la culture russes], Sborník filologický 13, 1940-1946, pp. 153-258.

[83] Voir Vladimír Kyas, Česká předloha staropolského žaltáře [L’original tchèque du Psautier polonais], Rozpravy ČSAV 72, Prague, 1962, p. 106.

[84] Ibid. pp. 72-85.

[85] Voir Vladimír Kyas, Česká bible v dějinách národního písemnictví, op. cit., p. 122-123 ; ibid. "Za českou předlohou staropolské bible" [L'original tchèque de la Bible en polonais ancien], Slavia 22, 1953, pp. 112-124; ibid. "K rekonstrukci české předlohy staropolské bible" [Contribution à une reconstitution de l'original tchèque de la bible en polonais ancien], in Česko-polský sborník vědeckých prací 2, Prague, 1955, pp. 39-67 ; ibid. "Před vydáváním staropolských památek s českými předlohami" [Avant l'édition des vestiges en polonais ancien avec leurs originaux tchèques], Slavia 28, 1959, pp. 350–359; publication du manuscrit parallèlement à l’original tchèque par Stanisław Urbańczyk - Vladimír Kyas, Biblia Królowej Zofii (Szaroszpatacka) wraz ze staroczeskim przekładem biblii [La Bible de la Reine Sofia et la traduction de la Bible en tchèque ancien] ,Wrocław, 1965-1971.

[86] Voir Vladimír Kyas, "Za českou předlohou staropolského mamotrektu" [L'original tchèque du mametractus en polonais ancien], Slavia 27, 1958, pp. 182-187; édition parallèle (avec l’original tchèque aussi) Wanda Żurowska-Górecka-Vladimír Kyas, Mamotrekty staropolskie [Les mametracta en polonais ancien], Wrocław, 1977-1980.

[87] Voir l’édition phototypique accompagnée d’une étude, Elżbieta Belcarzowa, David A. Frick, Stanisław Urbanczyk "Leopolita I–II. Faksimile der Ausgafe Krakau 1561, Hrsg. von Reinhold Olesch und Hans Rothe", Biblia Slavica II/1, Paderborn, 1988.

[88] Vladimír Kyas, "První česká mluvnice a její místo ve vývoji spisovné češtiny" [La première grammaire tchèque et sa place dans l'évolution du tchèque littéraire], in Slovo a slovesnost 13, 1951-1952, pp. 141-149.

[89] Pour plus de détails voir Josef Vintr, "Barokní bible" [La Bible baroque] in Vladimír Kyas Česká bible v dějinách národního písemnictví, op.cit., pp. 211–225. – Edition phototypique en 3 vol. dirigée par Hans Rothe – Friedrich Scholz, "Svalováclavská bible = St. Wenzels-Bibel", Biblia Slavica I/4.,Paderborn,2001.

[90] Sur l’importance de la Bible de saint Venceslas pour le tchèque littéraire de l’époque baroque voir Josef Vintr, Lima linguae Bohemicae – To jest Brus jazyka českého Jiřího Konstance z roku 1667, Listy filologické 115, 1992, Supplementum II, pp. 159-170; Geneze textu české barokní bible Svatováclavské [La genèse des textes de la Bible baroque tchèque de saint Venceslas], Listy filologické 111, 1988, pp. 13-21.

[91] Josef Vintr, "Barokní bible", op. cit., pp. 224-225.

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