Auteur : Martin Carayol
5.1. Date d’apparition des premières œuvres imprimées ?
Le premier livre imprimé pour la Finlande est le Missale Aboense en 1488 (à Lübeck ; en latin). Le premier livre en finnois est Abckiria d’Agricola en 1543 (imprimé à Stockholm).
5.2. Date d’apparition de la première imprimerie dans le pays ?
1642, Turku.
5.3. Date d’apparition (éventuellement de disparition et de réapparition) de l’État-nation ?
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5.4. Date d’apparition de l’enseignement secondaire et supérieur dans votre langue ?
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5.5. Période à laquelle apparaît une presse écrite stable ?
L’hebdomadaire Turun Wiikko-Sanomat est paru entre 1820 et 1831.
5.6. Date d’apparition des premières revues littéraires stables ?
La revue Nuori Voima est apparue en 1908 et continue aujourd’hui son activité ; citons également Parnasso, fondée en 1951.
5.7. Date d’apparition des premières maisons d’édition ?
Les grandes maisons d’édition modernes sont nées dans la seconde moitié du XIXe siècle : G.W. Edlund à Helsinki à partir des années 1850 (il a notamment racheté la première librairie finlandaise, celle de Frenckell, fondée en 1789 à Turku), G. W. Wilén à Turku à la même époque ; parmi les maisons d’édition toujours actives de nos jours, on peut citer Weilin+Göös et Gummerus fondées en 1872, WSOY en 1878, Otava en 1890.
5.8. Date d’apparition de la première organisation rassemblant les écrivains ?
Suomen kirjailijaliitto (Union finlandaise des écrivains) a été fondée en 1897, mais on peut considérer que SKS (Société de littérature finlandaise), fondée en 1831, a joué le rôle d’organisation d’écrivains bien avant.
5.9. Date d’apparition de la première organisation rassemblant les traducteurs ?
L’organisation Suomen kääntäjien ja tulkkien liitto (Union des traducteurs et interprètes finlandais) a été fondée en 1955.
5.10. À quelle époque apparaissent dans votre langue les termes signifiant « traduction », « traducteur », « traductrice » (si le féminin a un sens dans votre langue), « traduire » ?
Le verbe signifiant « traduire » au sens général, kääntää, se trouve déjà chez Agricola (années 1540). Le verbe signifiant plus précisément « traduire en finnois », suomentaa, apparaît au début du XIXe siècle : on en a de nombreuses attestations dans les années 1820, mais il se généralise surtout à partir de 1840, avec tous ses dérivés signifiant « traduction » (suomennos) et « traducteur/traductrice » (suomentaja). (p.137)
5.11. De quand datent les premiers traités de traduction (textes énonçant des règles prescriptives en matière de traduction) ?
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5.12. Comment évolue au fil du temps la part de la littérature traduite (présentée comme traduction) dans l’ensemble des publications littéraires (par comparaison avec la littérature originale) ?
Ce n’est que dans les années 1910 que la littérature originale dépasse la littérature traduite.
5.13. Y a-t-il des époques où la traduction de certaines langues étrangères est inutile ?
Dans les années 1830-1840, on considérait qu’il n’était pas nécessaire de traduire du suédois, puisque le lectorat parlait également suédois : on supposait donc que le public concerné était avant tout la couche la plus éduquée de la population finnophone. Dans les faits, quoi qu’il en soit, le suédois était la langue-source la plus fréquente.
5.14. Pouvez-vous citer quelques traducteurs remarquables par l’ampleur, l’originalité ou le retentissement de leur œuvre ? Caractérisez-les brièvement.
On peut citer Paavo Cajander (1846-1913), traducteur de trente-six pièces de Shakespeare à partir de 1875. Il était peut-être le traducteur le plus réputé alors, maîtrisant huit langues. Sa traduction de Shakespeare est une entreprise qui lui a donné une influence durable. Il était fils d’un riche tanneur ; on parlait sans doute à la fois finnois et suédois à la maison. Cajander avait la particularité d’être quasiment rentier, ce qui lui laissait le temps d’étudier et traduire à son rythme. Il a traduit beaucoup de suédophones de Finlande, parmi les plus grands, puis les drames de Shakespeare suite à l’ascension du Suomalainen teatteri dans les années 1870-80. Hamlet 1879, Macbeth 1885…
Citons également Samuli Suomalainen (1850-1907), qui est l’un des rares traducteurs « historiques » à être encore lus et appréciés ; il fut notamment le premier traducteur du russe (Gogol, Tourgueniev), mais a traduit en tout six langues. Il a traduit Molière, Swift, Verne… Il était l’homme de confiance de la maison d’édition Otava en matière de choix d’œuvres à traduire. Son choix était souvent orienté par des préoccupations morales.
Les sœurs Helmi Krohn (1871-1967) et Aune Krohn (1881-1967), ont traduit à elles seules près de trois cents livres. Helmi traduisait des langues scandinaves, de l’allemand et de l’anglais. Elle a traduit ce qui lui plaisait : des biographies (elle en a elle-même beaucoup écrit) et des livres pour la jeunesse en priorité. Elle s’est particulièrement intéressée aux destins de femmes. Elle a également beaucoup traduit Selma Lagerlöf ;Les Mille et une nuits à partir de la version allemande de G. Weil, Andersen, Grimm, Lafcadio Hearn, Kipling, Oscar Wilde en qui elle voyait une âme sœur. Aune traduisait le même genre d’ouvrages, mais se distinguait par la ferveur de sa foi chrétienne et le fait qu’elle traduisait également de la poésie.
5.15. Y a-t-il des écrivains reconnus comme faisant partie du canon littéraire bien qu'ils aient écrit dans une langue étrangère et soient connus dans leur propre pays par la traduction ? Des textes traduits ont-ils été intégrés à la littérature nationale (Conrad par exemple, ou Potocki) ?
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