Johannes Aavik(1880-1973)

Linguiste et traducteur estonien. Tout en poursuivant des études de linguistique, de littérature et de philologie romane à l’université de Tartu, puis à l’Institut d’histoire et de philologie de Néjine et à l’université de Helsinki, il participa aux activités du groupe Jeune-Estonie (Noor-Eesti) qui avait entrepris de moderniser la littérature estonienne en l’ouvrant davantage aux influences européennes. En 1912, il lança un ambitieux programme de rénovation de la langue estonienne (keeleuuendus), visant à rendre l’estonien « plus beau » en procédant à des modifications radicales dans la graphie, la grammaire et le lexique. Ce mouvement rencontra jusqu’au milieu des années vingt un large soutien auprès des écrivains modernistes et de la jeunesse intellectuelle et imprima sa marque sur l’estonien écrit. Aavik s’exila en Suède en 1944, juste avant le rétablissement du régime soviétique en Estonie.

L’activité de traducteur d’Aavik était étroitement liée à son programme de rénovation de la langue. La traduction était pour lui à la fois un révélateur des « lacunes » et des « insuffisances » de l’estonien (dans une quête d’homologie maximale entre la lange cible et la langue source) et un instrument de diffusion de ses innovations linguistiques. De 1914 à 1928, il édita à ses frais une série intitulée « Histoires de peur et d’horreur » (24 fascicules) dans laquelle il publia des traductions de nouvelles policières ou fantastiques d’auteurs anglo-saxons (Poe, Bierce, Conan Doyle), germaniques (Hoffmann, Schiller, Meyrink, Ewers, Schnitzler), russes (Gogol, Lermontov, Pouchkine, Tourgueniev, Andréev) et français (Maupassant, Mendès, Villiers de l’Isle-Adam, Mérimée). Sa traduction du Disciple de Paul Bourget (1930), qui appliquait le programme maximal de la rénovation de la langue, était assortie d’un lexique de 377 mots nouveaux. Il traduisit également des ouvrages d’Edgar Poe, Somerset Maugham, Pearl Buck, Tourgueniev, ainsi que des écrivains finlandais Juhani Aho, Aino Kallas et Mika Waltari. En Suède, il assura la révision linguistique d’une nouvelle traduction de la Bible, publiée en 1968.