(1915 - 2002)
Traducteur, théoricien de la traduction littéraire, comparatiste littéraire et linguiste. Blahoslav Hečko est l’une des figures emblématiques de la traduction littéraire slovaque dans le domaine des littératures italienne et française. Il traduisait sporadiquement des littératures roumaine, russe et tchèque. Il fut le premier traducteur littéraire reconnu en tant qu’auteur uniquement pour son activité de traduction. Il se spécialisa notamment dans la traduction des textes de théâtre et des ouvrages satiriques et humoristiques.
Hečko est considéré comme un spécialiste, reconnu dans le contexte international, de l’œuvre de Carlo Goldoni dont il traduisit une trentaine de comédies entre 1954 et 1995. Il rédigea plusieurs essais sur Goldoni et se consacra également à l’étude de la réception de Goldoni en Slovaquie. Parmi les dramaturges italiens traduits par Hečko, on compte Aldo De Benedetti, Ugo Betti, Eduardo de Filippo, Dario Fo, Luigi Pirandello et d’autres. Du théâtre français, il traduisit surtout Molière, Feydeau, Giraudoux, Salacrou, Obaldia, etc. Parmi les chefs-d’œuvre de son travail de traducteur se trouve la traduction du roman Clochemerle (Zvonodrozdovo) de Gabriel Chevallier, qui a connu plusieurs rééditions (1958, 1967, 1977, 1983, 1995) ainsi que la traduction de Zazie dans le métro (Zazie v metre) de Raymond Queneau, publiée en 1972 et en 1996. Parmi les auteurs qu'il traduisait, on trouve Balzac, Bazin, Giono, Mirabeau.
Certaines de ses traductions furent mises à l’index : la trilogie des essais religieux de N. Salvaneschi Tajomstvo lásky, Tajomstvo bolesti, Tajomstvo viery [Mystères de l'amour, Mystères de la douleur, Mystères de la foi] ainsi que la pièce de J. Giraudoux La guerre de Troie n'aura pas lieu (Trójska vojna nebude).
Blahoslav Hečko prouva ses qualités de traducteur également dans le domaine de la traduction pour enfant (G. Rodari, L. Capuano, M. D’Orto).
Comparatiste littéraire et linguiste averti, Hečko est l’auteur d’un ouvrage exceptionnel Nehádžte perly sviniam (1994, Ne jetez pas de perles aux pourceaux) dans lequel il compare des proverbes, dictons et adages en maintes langues. Ses expériences de traduction littéraire l’ont inspiré pour la rédaction de son livre Dobrodružstvo prekladu (1991, L’aventure de la traduction) dans lequel il expose ses méthodes de traduction et la genèse de ses traductions. Il s’adonne aussi à l’analyse des problèmes concrets qu’il rencontra dans son travail. En tant qu’auteur d’essais sur la littérature, de maintes postfaces dans les traductions, en tant qu’éditeur et organisateur de la vie littéraire en Slovaquie, il contribua de manière importante à la qualité de la traduction littéraire, surtout dans le domaine du théâtre (dans les années 1949-1969, il travailla comme le directeur de l’agence théâtrale Diliza où il créa une collection de théâtre traduit).
On peut caractériser sa méthode de traduire comme ethnocentrique, car il privilégie le contexte linguistique de cible pour transmettre toute les valeurs sémantiques et celles d’effets des textes humoristiques, des jeux de mots, de valeur sémantique des noms propres, des dialectes.
Par l’adaptation des noms, des noms des lieux et par introduction des dialectes de la langue slovaques dans ses traductions, il tend vers la sur-traduction et la traduction libre.