(1928)
Poète, traducteur littéraire, chercheur en littérature. Viliam Turčány, qui traduit du latin, de l'italien, du français, de l'allemand, du russe, du tchèque, est considéré comme la personnalité éminente de la traduction poétique slovaque contemporaine.
Ses premiers textes poétiques publiés furent les Balades et romances, traduction du tchèque vers le slovaque des poèmes de Jan Neruda, en 1955. En 1947, il signe le manifeste du groupe sous-réaliste des poètes de Trnava et en 1957, il publie son premier recueil de poésies datant des années 1946-1956 (Jarky v kraji). Suivent dix publications de ses poésies, plusieurs recueil de poésies, six livres théoriques et des essais dans lesquels l’auteur marie ses réflexions littéraires, ses poésies et ses traductions poétiques.
Il cultive la symbiose des talents d’un poète, d’un grand connaisseur de la langue et de la littérature slovaques, d’un traducteur littéraire, d’un chercheur en littérature et d’un théoricien littéraire qui consacre la majorité de son travail aux questions de la versification.
Il est spécialisé notamment en traduction poétique de la littérature de l’Antiquité (Virgile - Bucoliques 1993, Ovide – choix de textes 1980), du Moyen Âge et de la Renaissance (poésie des troubadours, de l’École sicilienne et toscane, de la Pléiade). Parmi les chefs-d’œuvre de ses traductions figurent celles de Dante (1958, Vita nuova - Nový život – en collaboration avec J. Felix ; La divine comédie – Enfer, Purgatoire, Paradis - Božská komédia - Peklo, 1964, Očistec, 1982, Raj, 1986 – les deux premières parties en collaboration avec J. Felix), de Pétrarque (1968, 1978 ; en 1974 il publia un ouvrage théorique sur Pétrarque, intitulé "Le laurier de Pétrarque" – Petrarcov vavrín – pour lequel il traduisit presque 2000 vers de Pétrarque, Boccace, Michel-Ange (1963, 1975), Ronsard (1971), Prudhomme (1980) et d'autres. Il ne faut pas omettre sa traduction du Cantique des cantiques (2000 en collaboration avec K. Gábriš).
Il se consacra également à la traduction de textes pour enfants (traductions-adaptations d’Ovide – Métamorphoses 1980 et de Virgile – Enéide 1981 ; Gianni Rodari, Josef Lada, Vladimir Maïakovski et autres) qu'il considère comme indispensables pour l’horizon de l’enfant.
Une partie importante de son travail de chercheur s’oriente vers le poète slovaque et traducteur littéraire Ján Hollý. L’étude de sa poésie amena V. Turčány à la traduction intralinguistique et ses problèmes théoriques. Il traduisit Ján Hollý du slovaque du XIXe siècle vers le slovaque contemporain.
La méthode traductive de V. Turčány repose sur un choix intentionnel du texte, qui est transposé dans la culture et la littérature d’arrivée avec toute une époque et tout un contexte de départ nécessaire, accompagné d'études approfondies ainsi que d'analyses et interprétations textuelles livrées par le traducteur. L’auteur choisi, appartenant à une époque et une école, est bientôt accompagné de la traduction d'autres poètes de son époque. Turčány, en tant que traducteur, insiste sur la prise en considération et « la connaissance du moment propice du traduire pour pouvoir enrichir la littérature d’arrivée par la traduction ». Il oriente son choix vers « des ouvrages du passé indispensables à notre présent ». Dans la traduction poétique, il considère comme un principe fondamental de traduire le rythme du poème. Sur cette question, il partage la conviction d’Henri Meschonnic. Turčány tient en même temps à sauvegarder le système de figures et d’images horizontal et vertical de l’original. Il va encore plus loin en insistant sur les « propriétés latentes de l’original – les intentions dont l’émergence est empêchée par la langue de l’original et la forme choisie. » Son souci du rythme l’amène à une méthode de travail particulière – il apprend l’original par cœur, le déclame et déclame aussi sa traduction.
Récitant doué et impressionnant, il a même enregistré des extraits de poésies de Ján Hollý (1958, 1983) ainsi que sa traduction du Proglas (1996, 1998, 2004, du vieux slave vers le slovaque en collaboration avec E. Pauliny).