(1909 - 1972)
Traductrice, écrivaine, rédactrice. Par son œuvre de traduction et par sa réflexion sur des questions théoriques de traduction et celles de la langue, Zora Jesenská est considérée comme la cofondatrice de l’école slovaque moderne de la traduction littéraire.
Entre 1939 et 1949 elle fut la rédactrice de la revue Živena et de sa collection éditoriale, entre 1949 et 1952, elle fut employée par Matica Slovenská à Martin. Entre 1952 et 1956 elle travailla comme rédactrice dans la maison d’éditionTatran à Bratislava. Lors de ces périodes-là, elle contribua de manière importante à la traduction littéraire en tant que critique littéraire et initiatrice des ouvrages à traduire.
Durant les années 1949 et 1950, elle tint un séminaire sur la traduction littéraire du russe vers le slovaque à l’Université Comenius de Bratislava et fut l’un des premiers formateurs à la traduction littéraire en Slovaquie.
A partir de 1956, elle se consacra pleinement à la traduction du russe, du français, de l’anglais, de l’allemand et du bulgare vers le slovaque et fut l’auteur de plus de 70 traductions de prose ainsi que d’une vingtaine de traductions de pièces de théâtre et de nombreux articles sur la littérature, notamment russe, et sur les questions de la langue slovaque et de la traduction littéraire. Parmi les auteurs traduits figurent Antonov, Babel, Bazov, Tchekhov, Dostoïevski, Erenburg, Gladkov, Gogol, Gontcharov, Gorki, Iessenine, Inber, Leonov, Lermontov, Leskov, Maïakovski, Pasternak, Platonov, Pouchkine, Soljenitsyne, Tolstoï, Tourgueniev, Cholokhov, Simone de Beauvoir, Flaubert, Hérriot, Romieu, Shakespeare, Schiller, Tom Stoppard et d'autres.
Après 1968, Jesenská fut interdite de publication à cause de ses positions face à la situation politique en Tchécoslovaquie. La censure confisqua plusieurs de ses traductions de la littérature française et les mit à l’index.
Les traductions de Jesenská représentent des ouvrages autonomes dans le sens de l’originalité des méthodes de traduire. Leur impact fut important sur la littérature slovaque au niveau de la richesse du lexique, des procédés stylistiques, des valeurs esthétiques. Ses postfaces à ses traductions, dans lesquelles elle formula son approche, ses choix et son expérience personnelle, suscitèrent des polémiques et débats sur des problèmes théoriques, linguistiques et éditoriaux, débats qui contribuèrent de manière décisive à la qualité et au progrès de la traduction littéraire en Slovaquie.
En 2007, Eva Maliti-Fraňová a publié l’unique ouvrage parut sur la traductrice à ce jour, intitulé Zora Jesenská, traductrice tabouisée (Bratislava : Veda, VSAV).